FIP fête ses 50 ans : pépites musicales et pastilles d'autodérision, l'ADN de la radio

Le 5 janvier 1971 à 17 heures naissait France Inter Paris. Le début d'une grande histoire d'amour avec ses auditeurs. Pépites musicales et pastilles d'autodérision distillées par les "Fipettes" seront les recettes de son succès.

En plus de l’éclectisme de sa programmation musicale, l’autre caractéristique principale de FIP, et qui en a fait son image de marque, est le ton sucré et souvent taquin des animatrices qui dispensent les informations culturelles. Depuis 1971, de nombreuses voix féminines se sont succédées, au micro des différentes antennes nationales et locales de France Inter Paris.

Caroline Ostermann a rejoint la station en 2000. "Je fais partie de l’équipe des animatrices de FIP – surnommées "Fipettes" – depuis 20 ans, explique-t-elle. Avant d'intégrer cette radio, je travaillais depuis quelques années en Seine-et-Marne à Radio France Melun, la radio école du réseau des radios locales de Radio France (qui deviendra France Bleu, ndlr). A cette époque, j'avais envie de venir travailler à Paris alors j’ai passé un casting pour intégrer l’équipe parisienne".

"On m'a toujours dit que j’avais une belle voix, rigole-t-elle. Alors quand un casting a été organisé, j'ai tenté ma chance". Ce jour là, l'audition s'est déroulée en présence d'Alain Yvinec (à l'époque chef d'antenne pour la station, ndlr) et avec la directrice de l'antenne".

"Pour le casting, on m'avait demandé de préparer un bulletin de circulation, une météo et la présentation d’un artiste. Le casting a duré 15 minutes et j’ai su le lendemain que je serai une des nouvelles voix de FIP. J'étais ravie de participer à cette aventure".

Sur FIP, exit les flashes d’information et les décrochages locaux

"La relation était très forte avec l'équipe, se souvient Caroline avec tendresse, on rigolait beaucoup. Notre rôle était d’avoir un ton décalé par rapport à l’info. Pendant les points circulation alors que les automobilistes nous écoutaient souvent coincés dans les embouteillages. On annonçait d'une voix suave : 'vous êtes coincés dans les embouteillages mais la bonne nouvelle c’est qu’on va pouvoir passer 1h30 ensemble'. On maniait une certaine ironie qui est devenue la marque de fabrique de FIP".

C'est ce ton qui frappe et séduit les auditeurs de l'époque : sucré mais décent, distant mais chaleureux. Les embarras de la circulation seront à l'origine d'un sketch de1973 du duo d'humoristes Guy Bedos et Sophie Daumier intitulé « Patience aux Batignolles": Sophie Daumier incarne la speakerine qui exaspère l'automobiliste Guy Bedos bloqué dans un embouteillage aux Batignolles.

Considérée comme une pépite musicale par les professionnels, FIP a souffert de son statut de "petite" antenne confidentielle souvent vulnérable aux différentes coupes budgétaires de la maison ronde. Ces dernières années ont été marquées par la décision de tourner la page des antennes locales (les trois dernières locales : Nantes, Strasbourg, Bordeaux ont fermé en décembre 2020), entraînant la suppression de 14 postes, dans le cadre du plan d'économies de 60 millions d'euros du groupe public.

La direction de FIP a aussi pris la décision de supprimer les flashes d'information, qui rythmaient l'antenne toutes les heures. Un parti pris assumé par sa directrice, Bérénice Ravache, qui voit la station comme "une bulle, un espace préservé" du trop-plein d'informations.

On coupe, et ça ne repousse pas

En décembre 2019, Jane Villeneuve, une autre "Fipette" emblématique de la station depuis 1982 expliquait dans une interview à Télérama :" La suppression des flashes d’information est une grande perte pour la radio : on coupe le direct, le parfum du jour.  J’ai déjà assisté à plusieurs coups de hache donnés à l’antenne, par exemple l’élimination des points de circulation il y a une douzaine d’années. On coupe, et ça ne repousse pas… L’antenne se resserre de plus en plus autour de la musique, et de moins en moins autour du service public, du tissu relationnel et social. Il n’existe plus de standard à FIP, on n’y donne plus la météo, les offres d’emploi, etc...  La pensée moderne privilégie les réseaux sociaux. Quid de tous ceux qui restent irrésistiblement attachés ou accrochés à leur radio ?"

Ces renoncements à une certaine idée de FIP Caroline les ressent aussi, mais malgré cela, elle reste très attachée à sa radio. "Encore aujourd’hui j'ai l’impression d’apporter quelque chose au public. FIP c’est un souffle, il n’y a pas de publicité et on se sent au plus près des auditeurs".

Les programmateurs de musique, le deuxième pilier de la radio

Luc Frelon travaille, lui aussi, depuis longtemps à FIP, il a débuté au standard de la radio et est devenu programmateur musical en 2003. "C'est un des métiers les plus cool du monde", annonce-t-il d'emblée. Huit programmateurs et une programmatrice assurent chaque jour les tranches horaires de 7 heures à 23 heures. "Nous sommes tous des boulimiques de musique mais chacun à son univers mélodique" précise-t-il.

Les programmateurs ont une grande liberté pour composer leur tranche de trois heures. Ils travaillent en fonction de leurs affinités, de leurs coups de cœur, de leurs inspirations. La seule contrainte est que le titre n'est pas été diffusée dans les dernières 48 heures. "Nous préparons une sélection de titres qui dure trois heures, chaque titre doit répondre au précédent","L’enchaînement de la musique ne se fait pas seulement sur les dernières secondes du titre" précise Luc, "mais aussi sur la tonalité générale du titre ou au contraire sur un changement de tempo".

Notre travail, précise-t-il, c'est de créer une ambiance sonore particulière en tenant compte du jour et de l'heure de la diffusion. "Dimanche prochain, je serai au manette de 7H à 10 heures et ce matin là, je proposerai une sélection d'une cinquantaine de titres qui devront être doux plutôt lents mais qui devront rester "punchy" sans être chiants", rigole-t-il.

FIP, met en avant sa diversité musicale

"FIP diffuse plus de 2400 titres différents par semaine, c'est considérable", assure Didier Varrod, directeur musical des antennes de Radio France. "C'est un marqueur décisif qui indique à la filière musicale que la diversité musicale existe". Hervé Riesen, directeur adjoint de FIP, enfonce le clou "elle fait partie des dix radios les plus écoutées, toutes radios confondues à l'heure où toutes les autres radios musicales sont en baisse".

Des affirmations confirmées par le baromètre de la programmation musicale réalisé par Yacast. FIP était la première radio à programmer le plus de titres différents en moyenne chaque semaine (1420) entre avril et juin 2020, là ou Skyrock en diffusait en moyenne 152 et NRJ 163.

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