Les files d'attente devant les préfectures "n'ont pas disparu, elles sont devenues invisibles!", regrettent les organisations qui soutiennent les personnes étrangères en difficulté pour obtenir un rendez vous sur internet afin de régulariser leur situation.
Quelque cinquante ressortissants étrangers doivent déposer mercredi des recours en référé contre l'Etat pour dénoncer les files d'attente "invisibles" devant les préfectures d'Île-de-France, où il est devenu "impossible" d'obtenir un rendez-vous par internet pour régulariser sa situation, ont annoncé plusieurs associations.
Des rassemblements devant les préfectures de Bobigny, Créteil, Nanterre et Évry
Des rassemblements sont également prévus dans l'après-midi devant les préfectures de Bobigny (93), Créteil (94), Nanterre (92) et Évry (91), à l'appel de plusieurs dizaines d'associations soutenant les migrants comme La Cimade, le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti) ou encore la Ligue des droits de l'Homme (LDH), après le dépôt des recours au Tribunal administratif de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
Ces préfectures ont dématérialisé leurs services, mais "faute de créneaux suffisants, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui s'acharnent pendant des mois" pour obtenir un rendez-vous, soulignent-elles.
Nombre de personnes étrangères, pourtant déjà détentrices d'une carte de séjour, n'arrivent pas à "renouveler leur titre à temps malgré leurs nombreuses tentatives de prises de rendez-vous, ce qui peut entraîner la perte de leur emploi et de leurs droits sociaux", dénoncent ces associations. "Pour les autres, c'est un obstacle supplémentaire dans la régularisation (...). Alors que nombre d'entre elles remplissent les conditions pour un titre de séjour, elles sont cantonnées dans l'irrégularité et demeurent sous le risque d'une expulsion." "En résumé, il est bien souvent impossible pour les usagers d'obtenir un rendez-vous en préfecture alors même que l'État impose à ces personnes de régulariser leur situation", souligne La Cimade, qui affirme que la problématique dépasse le cadre de l'Ile-de-France.
Les files d'attente devant les préfecture "n'ont pas disparu, elles sont devenues invisibles!", regrettent encore ces organisations, qui affirment que "des réseaux parallèles" exploitent la situation pour revendre des rendez-vous à des migrants qui "n'ont pas d'autre choix que celui de payer jusqu'à 200 euros pour obtenir le précieux sésame".
La situation avait été dénoncée par le Défenseur des droits
Les difficultés d'accès aux services publics pour les personnes les plus vulnérables avaient été dénoncées en janvier par le Défenseur des droits, qui avait évoqué "un véritable recul de l'accès" aux droits dans certains cas.
Malgré les dénonciations régulières, "nous n'avons observé aucune amélioration concrète", ont expliqué ces associations, syndicats et collectifs. "Alors qu'un nouveau débat sur l'immigration revient frapper à la porte", rappellent les organisations, "celles des préfectures restent fermées à des milliers de personnes étrangères".