Présidentielle : les « candidats du futur » ont-ils eu raison de jouer sur les réseaux sociaux ?

Fiscal Kombat, Mélenchon en candidat-youtubeur, Macron sur Snapchat… Pour 2017, les candidats ont beaucoup misé sur le numérique et les réseaux sociaux. Alors cette campagne présidentielle du futur, un simple coup de com’ ?

Quémander des pouces bleus sur YouTube, ou accumuler un maximum de likes sur Facebook peut-il vraiment faire gagner une présidentielle ? Après la défaite de Jean-Luc Mélenchon, on pourrait en douter. Des meetings en hologramme, un jeu-vidéo de combat très populaire sur les réseaux sociaux… Le candidat de La France Insoumise a beau régner sans partage sur les internets politisés, il n'a pas passé le premier tour (avec 19,58 % des voix). Tout ça pour rien, à part quelques bonnes doses de WTF ?

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Pour Arnaud Mercier, professeur à l’Institut Français de Presse (université Panthéon-Assas), la stratégie d’adapter son discours aux réseaux sociaux est « totalement validée » : « La France Insoumise a vraiment créé un nouvel outil de propagande électoral ».

Mélenchon, candidat "youtubisé"

Si les meetings en hologramme relèvent plus d’un « coup de com’ » destiné à rajeunir son image, le candidat de gauche a fait la différence avec ses vidéos YouTube, selon ce spécialiste des réseaux socionumériques et de la communication politique. Un moyen pour attirer beaucoup de jeunes vers le vote :

Mélenchon a très clairement fait la meilleure campagne. Tous les candidats ont leur chaîne, mais ils s’en servent uniquement pour diffuser des contenus politiques classiques. Ils ont simplement politisé YouTube, alors que Mélenchon renverse la donne : c’est le candidat qui s’est « youtubisé ». Il est devenu youtubeur, en adoptant tous les codes des contenus populaires sur la plateforme. Il s’adresse directement à son public, assis sur son canapé. Résultat, il a dépassé les 200.000 abonnés, soit plus que les 10 autres candidats réunis à lui seul !

Jean-Luc Mélenchon n’est évidemment pas le seul sur les réseaux sociaux. Marine Le Pen, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon se sont risqués à une série de questions/réponses sur Snapchat, une application très populaire chez les ados. Une opération également destinée à draguer les jeunes, quitte à jouer la carte de l’autodérision (ou du ridicule, c’est selon).

Problème : la politique traîne une sale réputation sur les réseaux sociaux, le « slacktivisme ». Un mot-valise, qui fusionne slacker (un paresseux en anglais) et activisme. En bref, du néo-militantisme passif pour flemmards. S’indigner en 140 caractères, sans trop se fatiguer. Une campagne sur internet, même très populaire, joue-t-elle donc concrètement dans les urnes ?

Le risque du "slacktivisme" : l'engagement politique fainéant sur internet

Pour Sylvain Paley, spécialiste des médias numériques, le « slacktivisme » relève du mythe. Chroniqueur au Studio404, un podcast de débat sur la « société numérique », les réseaux sociaux jouent selon lui un rôle déclencheur, difficilement négligeable pour les équipes de campagne :

Quelqu’un qui ne s’est jamais engagé dans sa vie, mais qui joue à Fiscal Kombat, il aura fait le premier pas dans l’activisme. A partir de là, il pourra aller à la prochaine étape : liker la page Facebook de "Méluche", et donner son mail. A partir de là, le parti pourra déjà l’inviter à un événement.

Selon ce professionnel de la communication, opposer engagement virtuel et physique est tout sauf pertinent : « Le militantisme historique est toujours aussi efficace. Rien ne peut remplacer le porte-à porte ou le téléphone. Les outils en ligne permettent juste de rajouter des étapes intermédiaires. Internet a permis aux équipes de campagne de toucher beaucoup plus de monde, de manières différentes. »

Parmi les outils les plus efficaces du webmarketing politique, Sylvain Paley insiste sur la newsletter, pourtant parfois réputée vieillotte :

Si on se rend compte que tu ouvres toutes les messages, on t’envoie un lien pour faire passer des coups de fil de chez toi, pour convaincre d’autres citoyens. Si on se rend compte que tu passes trois heures par semaine à appeler, on t’invite au QG pour devenir bénévole.

Les réseaux sociaux et les technologies à la mode ont donc le mérite d’amener vers la politique, et indirectement vers le vote. Des outils complémentaires aux stratégies traditionnelles, comme les bons vieux messages téléphoniques (d’ailleurs pris personnellement très à cœur par Emmanuel Macron).

Mélenchon ou Macron... En misant sur des clics très politiques, les « candidats du futur » se révèlent finalement tout juste à l’heure.

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