Le prochain conseil de Paris examinera l'extension à 12 jours des commerces le dimanche. Le groupe EELV y est défavorable et considère que c'est "un revirement" d'Anne Hidalgo. David Belliard et Anne Souyris, co-présidents du groupe commentent également l'élimination de Cécile Duflot de la primaire.
Europe-Ecologie peut-elle faire entendre sa voix dans la majorité municipale du conseil de Paris?
Revirement d'Anne Hidalgo
Le débat sur le travail du dimanche, alors qu'Anne Hidalgo propose de fixer à 12, le nombre de dimanches où les commerces pourront ouvrir à Paris, va lui permettre de gagner en visibilité.
"Cette décision apparaît comme un revirement d'Anne Hidalgo. A douze jours, on considère que c'est une généralisation du travail du dimanche. On met le pied dans la porte", commente David Belliard, co-président du groupe EELV au conseil de Paris. "C'est décevant pour nous. Ca va contre une politique genérale plutôt courageuse", ajoute Anne Souyris, l'autre co-présidente.
Cette dernière estime que la maire de Paris "donne des gages aux rangs libéraux du groupe PS qui commencent à se faire entendre". Pour Anne Hidalgo, il s'agit de redonner du souffle au petit commerce touché par la crise touristique post-attentat. "C'est une solution de facilité car la population parisienne y est favorable. L'impact économique de l'ouverture le dimanche reste à démontrer", estime David Belliard.
Le groupe EELV votera contre cette mesure tout comme le groupe communiste. Mais Anne Hidalgo devrait éviter une impasse, sans 49-3 à sa disposition, car la droite et le centre sont favorables à cette extension. "Le problème ce n'est pas qu'il y ait une majorité avec la droite, mais c'est qu'il n'y est pas de discussion avec nous sur un point d'atterissage", explique David Belliard, qui serait prêt comme le groupe PC à autoriser 7 jours d'ouverture.
"La piétonnisation est une victoire écolo"
Car depuis 2 ans et demi, EELV est plutôt un bon élève de la majorité municipale, loin des psychodrames de la mandature 2001-2008. Au risque de la fadeur ? " Soit on vous taxe d'être irresponsables qui sont contre tout. Soit vous êtes dans une posture de partenariat exigeant et on vous dit que vous êtes invisible", explique l'élément masculin du binôme. "C'est une question culturelle. En France, tout est centralisé. C'est le chef qui porte les projets. Mais il y a une conscience que l'écologie est dans la majorité", argumente la partie féminine.
Et d'évoquer, la piétonnisation des voies sur berge, qui était dans le programme des municipales dès 1989. Dans son discours au conseil de Paris, Anne Hidalgo a rappelé que l'idée originale venait de l'écologie politique, mais pour l'opinion, c'est elle l'initiatrice du projet controversé. "La piétonnisation c'est une victoire écolo. Tant qu'on obtient des arbitrages bon pour l'écologie, on estime qu'on fait notre job en tant qu'élus", juge David Belliard. "On est plutôt le bureau des pleurs que celui des félicitations mais on nous sait gré de ce qui se passe et on vient vers nous pour proposer des projets", ajoute Anne Souyris.
Tout les deux aimeraient que "ca aille plus vite et plus loin", mais ajoutent "que la ligne politique d'Hidalgo permet de travailler sans trop de heurts". "Notre électorat est positif sur cette position", commente David Belliard. "Paris est une caisse de résonnance, ça dépasse la capitale. C'est une résonnance nationale", ajoute-t-il.
La porte reste ouverte pour les législatives
La situation peut-elle se tendre avec les campagnes présidentielles et législatives de l'année 2017. Pour la primaire, David Belliard et Anne Souyris soutenaient des candidats différents (voir bonus). Pour les législatives, les écolos ont jusqu'au samedi 23 octobre pour faire acte de candidature. Les deux responsables du groupe réflechissent encore. "La situation politique est tellement friable qu'il est difficile d'avoir une perspective durable", déclare Anne Souyris.
En jeu, une alliance ou non avec d'autres forces de gauche comme en 2012 avec le PS. "Si on est dans une logique autonome, il faudra être en accord avec la campagne présidentielle", estime David Belliard. "C'est l'occasion de valoriser le travail municipal" répond-il, quand on évoque une défaite assurée aux legislatives.
"On ne ferme pas la porte. La situation nationale est tellement grave avec un FN fort que le fait de ne pas discuter avec les partenaires de gauche serait irresponsable", conclut Anne Souyris.
Bonus: l'élimination de Cécile Duflot
David Belliard soutenait Cécile Duflot à la primaire EELV. Anne Souyris a voté pour Yannick Jadot. En vidéo leurs réactions au premier tour surprise de cette primaire.