Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, les porteurs d’eau ont arpenté les rues de Paris. Un métier éreintant mais primordial dans des sociétés où l’eau courante n’était encore qu’un rêve.
C’était un temps où l’eau de la Seine était encore claire et pure... Dès la fin du XIIIe siècle, les premiers porteurs d’eau apparaissent à Paris. A cette époque, les maisons possèdent leur propre puit, mais au fil des siècles, elles se multiplient et deviennent plus hautes, avec des étages. Pas d’autres choix alors pour les habitants que d’aller puiser leur eau aux fontaines ou dans la Seine. Le problème, c’est que l’eau c’est lourd !
Et là, le métier de porteur d’eau se répand. Un métier réservé aux hommes costauds ; Car il fallait non seulement aller puiser l’eau, mais aussi la porter dans les rues à la recherche de clients, puis la monter dans les étages...
« Certains avaient une carriole avec une tonne à eau calée dessus, d’une contenance de 800 ou 1000 litres, et un cheval pour tracter tout ça » explique Frédérick Gersal « mais d’autres marchaient toute la journée avec deux seaux sur leurs épaules en criant « à l’eau, à l’eau », et les clients les appelaient quand ils en avaient besoin. Mais ces seaux étaient en bois cerclé de métal, comme les tonneaux, et même vides ils étaient très lourds. Et ils contenaient chacun 20 ou 30 litres ! »
En 1763, l’eau de la Seine est de plus en plus douteuse et une « Compagnie des Eaux Filtrées et Clarifiées » est créée. Exclusivement pour les porteurs d’eau. Puis la la Compagnie des Eaux en 1777 alimente 7 fontaines marchandes auxquelles les porteurs allaient se ravitailler.
A la fin du XVIIIe siècle, Paris compte 29 000 porteurs d’eau ! En très grande majorité des aveyronnais.
Au XIXe, même si l’évolution des mesures d’hygiène condamne de nombreux puits ce qui permet au métier de porteur de survivre, la construction croissante d’adductions d’eau et la généralisation de l’eau courante fait décliner le métier, avant de le faire disparaitre peu avant la première guerre mondiale.
Le métier a fortement marqué la vie quotidienne et l’imaginaire collectif, au point qu’il a laissé une expression souvent utilisée dans le monde sportif: « avoir une mentalité de porteur d’eau ».