INSOLITE. JO de Paris 2024. Médailles de 1924, pin's, torches olympiques... A la Villette, la caverne d'Ali Baba des collectionneurs

L'Espace des Collectionneurs Olympiques situé à la Villette, non loin du Club France, permet aux passionnés d'échanger, acheter et exposer leurs objets sportifs. Découverte d'un lieu qui regorge de trésors de l'histoire du sport.

"Ces haltères de 100 kilos datent de 1896, des premiers JO modernes. À l’époque, les athlètes les portaient d'une seule main." Dès l'entrée de l'Espace des Collectionneurs Olympiques, Dominique Olivier nous met dans l'ambiance. Ici, on collectionne et on expose des milliers d'objets de sport, parfois vieux de plus d'un siècle.

Ce Francilien a une passion dans la vie. Il est philatéliste et collectionne les objets postaux en rapport avec le rugby. "J'ai commencé en 1987 à l'occasion de la première coupe du monde et voilà plus de 30 ans que cela dure. Cela peut être des timbres ou des cartes postales qui ont un lien avec le rugby".

Ce jeudi, il s'est réuni avec des centaines d'autres collectionneurs d'objets de sport à la Villette, non loin du Club France, dans le 19^ème arrondissement de Paris. Membre du conseil d'administration de l'Association française des collectionneurs sportifs et olympiques, il accueille et oriente les visiteurs novices comme expérimentés.

"On reçoit plusieurs centaines de personnes par jour. Des passionnés, mais aussi des curieux qui découvrent notre monde."

À l’extérieur de l'espace, Dan Russell est assis et attend l'ouverture des portes pour échanger ses objets. Cet ancien lutteur venu des Etats-Unis a une passion bien à lui. "Je collectionne les pin's qui ont un rapport avec la lutte. Je vais partout dans le monde pour en trouver et je savais qu'ici, je pourrais en avoir et échanger avec des passionnés."

Médailles, torches olympiques et gants de boxe 

Dans cet espace de plusieurs centaines de mètres carrés, la salle est divisée en deux. "On a d'abord un espace exposition où l'on peut voir des objets d'anciens jeux olympiques. Des torches qui portaient la flamme comme celle de 1992 à Barcelone par exemple. Nous avons également des médailles des Jeux de 1924 à Paris qui figurent parmi les plus rares au monde. Enfin, il y a des objets comme des gants de boxe portés par des champions olympiques", détaille Dominique Olivier en montrant les vitrines.

remplies.

Les prix varient selon la valeur des objets convoités. "On peut acheter des pin's pour 2 euros, mais les torches olympiques valent jusqu'à 40 000 euros", explique Dominique Olivier. 

Dans l'autre espace situé au fond de la salle, une quarantaine de collectionneurs venus de 9 pays vendent et échangent leurs précieux objets.

C'est le cas de Jacques. Ce septuagénaire parisien collectionne des objets bien spécifiques. "Les pin's de tennis de table. J'ai été pongiste lorsque j'étais plus jeune et j'ai toujours adoré ces objets", confie-t-il alors que son gilet est orné des pièces de sa collection.

Des collections très spécifiques 

C'est sans doute ce qui fait le charme et la singularité des collectionneurs d'objets de sport. Les objets qui les passionnent sont parfois très spécifiques. Demandez plutôt à Rufin. Cet Italien répertorie depuis plus de 15 ans les lettres envoyées par le Comité International Olympique (CIO) aux différentes délégations. "J'ai récupéré celle envoyée à la Tchécoslovaquie lors de leurs premiers JO. À chaque fois, j'ai l'impression d'avoir en ma possession une partie de l'histoire de l'olympisme", estime-t-il.

Plus loin, Baptiste est assis et contemple ses trésors. "Moi, je récupère tout ce qui a un lien avec les comités nationaux olympiques pour les JO d'Albertville en 1992. Vous avez par exemple un pin's du Bangladesh ou encore du Liban", nous montre ce passionné venu de la Creuse pour l'occasion.

Enfin, un peu dans son coin, il y a Claude. Originaire d'Argenteuil dans le Val-d'Oise, il cherche à échanger ses pin's d'Albertville avec ceux de Paris 2024. "Je préfère échanger que vendre, cela permet de nouer le dialogue plus facilement avec les autres. On se raconte nos histoires et on en apprend davantage sur la grande histoire du sport", commente-t-il.

L'espace collectionneur : une première dans l'histoire des JO

La création de cet espace est à mettre au crédit de l'Association française des collectionneurs olympiques et sportifs. "On a eu le soutien du COJO pour louer cette salle", explique son président Stéphane Hatot. "Habituellement, en période de JO, les collectionneurs se rassemblent dans un café pour partager leur passion. Pour la première fois on a un espace à nous, où l'on partage et on transmet notre amour pour le sport, l'olympisme et les collections."

En effet, si cette caverne d'Ali Baba attire surtout les connaisseurs, des néophytes de tout âge se prennent au jeu et démarrent doucement, mais sûrement leur collection. "Je suis déjà venu hier, je cherche des objets en rapport avec la Chine, car mon papa est originaire de là-bas", nous glisse par exemple Maxine, 6 ans venue de Paris avec sa mère.

Les organisateurs souhaitent aujourd'hui pérenniser l'événement à chaque JO. "Je pense que ce sera possible car cela mêle deux choses qui sont chères au CIO : le sport et l'histoire des JO", assure Stéphane Hatot qui est également membre du conseil d'administration du Comité National Olympique Français (CNOSF) en charge de la culture olympique.