L'étudiant algérien de 30 ans est accusé d’avoir projeté en 2015 un attentat contre une église de Villejuif et d’avoir tué une femme, Aurélie Châtelain, 32 ans et mère d'une petite fille de 4 ans.
Sid Ahmed Ghlam avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour un projet d'attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) et le meurtre d'Aurélie Châtelain, en avril 2015. Il est rejugé en appel dès ce lundi à Paris. Le procès en appel de l'étudiant algérien âgé de 30 ans s'ouvre devant une cour d'assises spéciales alors que se tient au même moment, dans le même Palais de Justice, le procès des attentats du 13-Novembre.
Sid Ahmed Ghlam a été arrêté en avril 2015 peu après son crime et n'a pas participé aux attentats du 13-Novembre mais son nom est lié à ceux de plusieurs protagonistes du 13-Novembre. Ainsi, selon l'accusation, Jean-Michel Clain – auteur avec son frère Fabien de la revendication du 13-Novembre au nom de l'État islamique (EI) – est soupçonné d'avoir "téléguidé" Sid Ahmed Ghlam, depuis la Syrie, dans son projet d'attentat contre une église de Villejuif.
Rejet du meurtre d'Aurélie Châtelain
Lors de son procès en première instance en octobre-novembre 2020, Sid Ahmed Ghlam a rejeté la responsabilité du meurtre d'Aurélie Châtelain, 32 ans et mère d'une petite fille de 4 ans au moment des faits, sur un mystérieux complice, Abou Hamza qu'il identifiera, après le 13-Novembre, comme étant Samy Amimour, l'un des kamikazes morts au Bataclan le 13 novembre 2015.
Sid Ahmed Ghlam a également admis lors de son premier procès avoir été recruté par le groupe Etat Islamique pour commettre un attentat en France à l'occasion d'un séjour à Gaziantep (Turquie) – plus probablement en Syrie selon l'accusation –, en février 2015. Selon ses déclarations, les trois membres de l'EI qui l'avaient recruté, étaient un certain Abou Mouthana, identifié comme étant Abdelnasser Benyoucef, chef des opérations extérieures de l'EI, un certain Amirouche, identifié comme étant Samir Nouad et un dénommé Abou Omar, identifié comme étant Abdelhamid Abaaoud. Ce dernier, tué lors d'un assaut policier contre sa planque à Saint-Denis cinq jours après les attentats du 13-Novembre, était le chef opérationnel des commandos des terrasses et des restaurants.
"Faire peur"
"Ce que nous attendons du procès en appel de Sid Ahmed Ghlam et consorts est rien de moins que la confirmation de l'ensemble des peines auxquelles chacun a été condamné", a confié à l'AFP Me Antoine Casubolo Ferro, avocat de la famille Châtelain aux côtés de Charles Merlen.
En première instance, Sid Ahmed Ghlam a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans et d'une interdiction définitive du territoire français à l'issue de sa peine. Lors de son procès, il avait soutenu être en voie de déradicalisation et s'était présenté comme "un repenti" sans convaincre les juges. Face à la cour, il avait soutenu que son projet d'attaque contre une église était juste destiné à "faire peur" aux paroissiens. Il avait aussi indiqué s'être volontairement blessé par balle à la cuisse pour échapper "aux représailles" de ses commanditaires en Syrie. La version de l'accusation, validée par la cour d'assises, est que Sid Ahmed Ghlam a bien abattu Aurélie Châtelain pour lui voler sa voiture et qu'il s'est blessé accidentellement en remettant l'arme à sa ceinture. Sa blessure l'a contraint à renoncer à son attentat.
Les "logisticiens" de l’EI
Seules des traces ADN et du sang de Sid Ahmed Ghlam ont été retrouvées dans la voiture d'Aurélie Châtelain et sur l'arme du crime. Un imposant arsenal a été en outre retrouvé dans le véhicule et au domicile de l'étudiant ainsi que du matériel de propagande de l'EI. Son procès avait également permis de faire la lumière sur le rôle des "logisticiens" de l'EI, chargés d'aider les auteurs d'attentats à commettre leurs actes.
Parmi ses co-accusés, Rabah Boukaouma, considéré par l'accusation comme le "logisticien en chef" de l'opération et cousin d'Abdelnasser Benyoucef, avait été condamné à 30 ans de réclusion dont une période de sûreté des deux-tiers. Des peines de 15 et 25 ans de réclusion criminelle ont été prononcées contre deux autres complices Abdelkader Jalal et Farid Brahami. Quatre autres complices jugés en même temps que Ghlam ont été condamnés à des peines de quatre à six ans de prison.
Deux des recruteurs de Ghlam, Abdelnasser Benyoucef (présumé mort en Syrie en mars 2016) et Samir Nouad (présumé mort en Syrie en avril 2017), jugés par contumace, avaient été condamnés, comme l'étudiant algérien, à la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès en appel est prévu jusqu'au 29 octobre.