Si la présence de touristes étrangers dans les rues de Paris est plus importante que l’an passé, leur retour reste timide. Face à une nouvelle saison en berne, de nombreux hôtels pourraient fermer au mois d'août, en raison du faible nombre de réservations.
"C’est mon premier voyage hors des Pays-Bas depuis la pandémie, donc je suis très heureuse d’être ici", raconte une touriste hollandaise, à bord d’une vedette, sur la Seine. Si, comme elle, d’autres citoyens étrangers sont venus passer quelques jours dans la capitale cet été, le retour des touristes se fait lentement.
A bord des vedettes justement, la clientèle s’est transformée. "La clientèle qu’on a cette année n’est pas celle qu’on avait l’année dernière, explique Ghislain de Richecour, président des Vedettes du Pont Neuf. L’an dernier, on avait encore des gens qui venaient de longues distances, cette année on n’en a plus du tout. Depuis une quinzaine de jours, c’est vraiment le Benelux et l’Allemagne, et un peu d’Europe centrale."
Certains de mes collègues pensent fermer, pour l’instant je n’ai pas pris ma décision
Avec des conditions d’entrée sur le territoire plus ou moins compliquées selon les pays, certains hôtels ont perdu toute leur clientèle du Moyen-Orient. C’est par exemple le cas d’Isabelle Legros, directrice de l’Hôtel Plaza Elysées. Au mois d’août, elle déplore n’avoir "aucune visibilité" en raison du faible nombre de réservations.
"Pour l’instant je n’ai rien, que 10 % en prévisionnel, détaille-t-elle. Certains de mes collègues pensent fermer, pour l’instant je n’ai pas pris ma décision." Selon le Groupement national des indépendants hôtellerie et restauration (GNI), le chiffre d’affaires des hôtels parisiens a baissé en moyenne de 60 à 70% par rapport à 2019, en raison d’un taux d'occupation extrêmement bas.
Seulement 20% de la capacité hôtelière disponible à partir du mois d'août ?
Pire : avec la situation sanitaire, 40% des hôtels parisiens sont aujourd’hui fermés d’après le GNI, qui estime que les établissements ne retrouveront pas un niveau d'activité normal avant la fin de l'année 2021.
Jean-Marc Banquet d’Orx, président de l’Umih (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) Île-de-France, prévoit de son côté seulement "20% de la capacité hôtelière disponible" à partir du mois d'août à Paris et dans la région francilienne. "On a un gros souci sur le marché du luxe, précise-t-il. On n’a pas la clientèle du Golfe. Et on n’a pas la certitude que les Américains arriveront."
Nous avons un taux d’endettement qui devient particulièrement inquiétant
"Pour les petits hôtels, le marché franco-français ne suffira pas, poursuit Jean-Marc Banquet d’Orx. Il y a évidemment une clientèle des pays voisins, comme l’Allemagne. Malheureusement, les Suisses ne franchissent pas nos frontières, et les Espagnols ne remontent pas. On va devoir se contenter d’une clientèle vraiment exsangue."
Le président de l’Umih Île-de-France souligne que la crise sanitaire aggrave "terriblement" la situation déjà compliquée de l'hôtellerie : "Nous avons un taux d’endettement qui devient particulièrement inquiétant". Selon lui, "sans renforcer les capitaux propres", les hôteliers risquent d’être "dans une situation extrêmement difficile" pour passer "le cap de l’hiver prochain".