Le Chiffon, un journal francilien « en papier », un choix assumé

Contre l’omniprésence du numérique, Le Chiffon, un journal trimestriel d’actualité francilienne, défend l’importance du papier. Son dernier numéro vient de paraître.

Lancé en décembre 2019, Le Chiffon est un trimestriel Francilien d’enquêtes et de reportages de 20 pages. À chaque numéro un dossier spécial : sur les déchets, le métro, l’école numérique, les start-up, les « mobilités douces ».

À rebours de la tendance, les journalistes de la rédaction, la plupart bénévoles, ont fait le choix du papier, contre le pouvoir actuel des écrans et du numérique. « L’écriture papier engage plus que l’écriture numérique, elle force à une concentration plus grande les lecteurs qui sont moins tentés de faire défiler frénétiquement un fil d’actualité », analyse Valentin Martinie, au Chiffon depuis 2021.  « L’informatique ‘artificialise’ le vivant, et détruit nos capacités de lecture, de concentration et de mémorisation », ajoute Gary Libot, directeur de la publication du jeune journal francilien.

Les deux journalistes dénoncent l’invasion de la technologie dans la vie quotidienne : « si nous n’avons pas de smartphone, nous ne pouvons hélas plus faire grand-chose.

« Les journalistes des rédactions traditionnelles ont tendance à écrire un article en écumant internet ou en passant quelques coups de fil, car ils sont pris dans des rythmes de publications souvent trop rapides », analyse Gary Libot. Au Chiffon, la jeune rédaction prend son temps en donnant une place importante à l’enquête et favorise la rencontre physique. 

Petit à petit, l’équipe du journal s’agrandit. Aujourd’hui, les rédacteurs sont une quinzaine issue du milieu associatif ou enseignant. Elle compte également des retraités, des étudiants avec une envie commune : « participer à un effort d’enquête locale critique trop souvent marginalisée », poursuit Gary Libot. 

Écologie, décroissance et pensée libertaire

Des reportages sur les maisons France Service ou le 115, le numéro de l'hébergement d'urgence saturé, des dossiers. Le numéro 4 du Chiffon approfondit le thème des "Tiers lieux", ces espaces qui se multiplient dans la région ces dernières années comme les ex-Les Grands Voisins, la Cité Fertile, la Bellevilloise. Des activités culturelles et festives se côtoient et les préoccupations sociales et écologiques ne sont pas absentes. Les journalistes du Chiffon déplorent des propositions culturelles « qui tendent à se ressembler ». Mais aussi une concentration du secteur : « Les tiers-lieux investissent souvent des bâtiments inoccupés. Et ce sont de plus en plus les mêmes grosses associations (Yes We Camp, Plateau Urbain) ou entreprises (Sinny&Ooko, Cultplace), qui occupent ces espaces, aux dépens de petits collectifs de quartier, généralement plus proches des préoccupations des habitants alentour. »

Dans le numéro 8 du jeune journal francilien, il est question des « Nouvelles mobilités ». Un travail approfondi qui interroge le développement exponentiel des engins électriques, ou retrace une brève histoire de l’émancipation des femmes par le vélo.

Autres sujets abordés, les causes et les effets de « la bétonisation, l’artificialisation et l’informatisation à outrance de notre société ».

4 euros, le prix au numéro

Le Chiffon est vendu 4 euros, et il écoule plus de 1 000 exemplaires à chaque tirage. Une question se pose, comment financer un journal papier indépendant, qui coûte bien plus cher qu'un site internet ?

Le journal indépendant Le Chiffon fonctionne aujourd’hui avec une majorité de bénévoles, mais l’objectif est de salarier les rédacteurs qui participent régulièrement, avec les ventes au numéro, les abonnements, les dons, mais aussi grâce à l’aide temporaire d’une fondation qui défend la presse alternative.

Les bénévoles distribuent le journal grâce à leur vélo-cargo, fait maison, dans un réseau d’une cinquantaine de librairies et de lieux amis (cafés associatifs, coopératives alimentaires). Le journal est aussi vendu lors de certaines manifestations et festivals. « Quiconque nous a découverts et veut œuvrer à sa distribution est le bienvenu, » sourit Valentin Martinie, « notre région à profondément besoin d’une presse papier plus diversifiée. »

Les membres du journal Le Chiffon organise une soirée de présentation le 15 juin à 19h30, à la librairie du Merle Moqueur, 51 rue de Bagnolet à Paris dans le 20ème

Ils présenteront le dernier numéro et le contenu de son dossier sur l’alimentation : histoire de l'autonomie agricole francilienne. Au sommaire, un reportage sur le marché de Rungis et la logistique agro-industrielle, récit d'une expérience d'approvisionnement auto-organisé de l'alimentaire en Seine-Saint-Denis.

Plus d'infos sur leur page Facebook.

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