L'œuvre du peintre Olivier Debré devrait retrouver ce mardi la scène du plus ancien théâtre d'Europe en activité. Coût total de l'opération : un peu plus de 200 000 euros.
Son décrochage aura duré trois ans, sa restauration, trois mois. Le rideau de scène de la Comédie-Française, place Colette (Ier arrondissement de Paris), s'apprête à enfin retrouver son emplacement originel, sur la scène de la salle Richelieu. La toile, restaurée dans la région de Tours, a été déplacée par une grue jusqu'à la scène du théâtre national ce lundi matin, avant sa mise en place prévue ce mardi.
L'œuvre du peintre Olivier Debré (1920-1999) avait été commandée par le ministère de la Culture en 1986, faisant entrer parmi les premières l'art contemporain dans une telle institution. Mais, plus de 30 ans après son installation, l'immense toile de onze mètres sur douze avait dû être décrochée en 2020, sujette "aux questions de tension, de déformation, et de poussière", indique Marc Philippe, spécialiste en restauration de décors peints.
"On n'avait que deux dates possibles"
L'homme, proche de la famille de l'artiste, a été missionné par le Centre national des arts plastiques (Cnap), responsable de la conservation de l'œuvre, afin de redonner son lustre d'antan à "la première chose que voient les spectateurs quand ils entrent dans la salle", raconte Anne-Sophie de Bellegarde, secrétaire générale du Cnap.
Budget total, un peu plus de 200 000 euros. Une enveloppe, financée par "une dotation exceptionnelle" du ministère de la Culture, et qui prend en compte les coûts de restauration, mais surtout de logistique. Car l'œuvre, l'un des quatre rideaux d'avant-scène que compte la Comédie-Française, nécessitait d'être transportée avec une grande précaution, par camion, dans un tube de 12 mètres.
Restaurée dans un entrepôt de la région tourangelle, ce coup de jeune aura nécessité trois mois et le travail minutieux de deux personnes autour de Marc Philippe. "On l'a travaillée à plat. Il a fallu nettoyer et protéger le sol", détaille-t-il.
Un "travail au millimètre" aussi, pour la date de réinstallation, "car la Comédie-Française travaille tous les jours", explique Béatrice Salmon, directrice du Cnap. Les équipes ont donc profité de la période estivale, durant laquelle les techniciens du théâtre effectuent aussi d'autres travaux.
"C’est une grosse opération. On exploite tous les jours cette salle et on a réussi à trouver un moment très spécifique", détaille Benoît Simon, directeur technique de la Comédie-Française.
Plus de 340 ans après sa création sous l'impulsion de Louis XIV, la maison de l'art dramatique français s'offre donc une nouvelle jeunesse. "C'est un évènement !", se réjouit Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste du théâtre national.