Connaissez-vous le sugar dating ? Ce monde « magnifique » où promesse est faite à des femmes, le plus souvent très jeunes, de devenir facilement « princesses » et de vivre un conte de fée ?
Vivre une belle histoire !
Le concept : favoriser des rencontres entre des hommes, les « sugar daddies », plutôt matures et souvent fortunés, et des jeunes filles, les « sugar babies », sucreries ou gourmandises pour ces hommes qui proposent de les « prendre sous leur aile » et de leur assurer une vie… de château !
En apparence, le sugar daddy est à la recherche d’affection, d’une relation simple, libre, positive, flatteuse et facile à vivre. C’est souvent comme cela qu’il explique ses motivations. Il propose à la sugar baby un train de vie luxueux, la sécurité financière, pourquoi pas la passion et la joie de vivre dans la facilité... En somme, le Prince charmant rencontre Cendrillon...
Des relations « mutuellement profitables » et consenties, claires dès le départ : chacun exprime, en s’inscrivant, ce qu’il attend de cette expérience.
Un « deal » qui peut paraître très attractif, et pour certains très satisfaisant. C’est en tout cas, en vitrine, ce que proposent ces sites de sugar dating, ni réseaux de prostitution assumés, ni sites de rencontres classiques. Dans leurs textes de présentation, aucune allusion au sexe ou à l’échange d’argent, mais de beaux slogans idéalistes. La réalité est pourtant plus brutale.
L’envers du décor est tout autre...
Depuis la crise sanitaire, le phénomène s’accentue : de plus en plus de jeunes étudiantes se retrouvent confrontées à des situations de précarité, dans l’impossibilité de vivre avec le peu de ressources qu’elles ont, spécialement dans les grandes villes, et sans petits jobs pour arrondir les fins de mois. D’où pour certaines l’idée de se lancer dans le sugar dating, ce moyen, qu’elles peuvent imaginer si facile, de se faire entretenir rapidement.
Dans son documentaire Sugar, Nina Robert a rencontré cinq jeunes filles âgées de 19 à 27 ans. Ces sugar babies, témoignent de ce qu’elles vivent ou ont vécu. Au lycée, sur les marches de la fac ou à l’aube de leurs vingt ans, elles ont décidé de se servir de leur beauté et de leur jeunesse pour survivre ou mieux vivre. Leurs premiers échanges sur internet puis les rendez-vous réguliers non virtuels, ces arrangements qui sont récompensés par du cash, des virements, des cadeaux, des attentions, des weekends, des loyers payés…
Elles lèvent le voile sur ce monde à la fois méconnu et fantasmé. Avec beaucoup de dignité et de courage, elles se racontent sans tabou. Le dégoût, l’adrénaline, la peur au ventre, les black-out, la dissociation du corps et de l’esprit, la violence, l’appât du gain, l’engrenage et les désillusions.
Des relations consenties, oui, mais qui laissent des traces. Le film de Nina Robert révèle notamment que les femmes les plus demandées sont celles qui ont entre 15 et 17 ans ! Passé la vingtaine, elles ont moins la côte chez les hommes mûrs...
Entretien avec Nina Robert.
SUGAR
Un film de Nina Robert
Co-produit par Flair Production / Angora Production / Citizen Films / France 3 Paris Île-de-France
Un documentaire à voir lundi 12 avril 2021 sur France 3 Paris Ile-de-France et en replay pendant 1 mois sur @france3Paris ici