Législatives 2022 : face à une candidate homonyme, Sandrine Rousseau dénonce une “technique fascisante”

Dans la 9e circonscription parisienne, deux Sandrine Rousseau sont candidates aux législatives. L’une, bien connue en politique, est écologiste et féministe. L’autre vit en Normandie, et représente le Mouvement de la ruralité : un parti pro-chasse.

Sandrine Rousseau contre Sandrine Rousseau. Les 12 et 19 juin prochains, la finaliste de la primaire EELV en vue de la récente élection présidentielle tentera d’obtenir un siège à l’Assemblée nationale pour la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Mais dans sa circonscription, l’élue de gauche va également devoir faire face à une adversaire portant exactement le même nom : Sandrine Rousseau, du Mouvement de la ruralité (LMR).

Sur Twitter, cette dernière dit "souhaiter une très bonne campagne électorale" à son homonyme écolo. "Avec Le Mouvement de la Ruralité nous ne cherchons pas à nous opposer. Au contraire, nous privilégions le vivre ensemble, la transmission et le respect de tous. Il est temps de retrouver, ensemble, le chemin du bon sens !", affirme aussi la candidate MLR.

"Avec cette stratégie de communication, il y a plusieurs messages, explique Yannick Villardier, le responsable LMR en Île-de-France. L’idée est de présenter une candidature issue de la ruralité face à quelqu’un de la ville avec des positions totalement opposées à nos valeurs. Sandrine Rousseau d’EELV est antispéciste et anti-chasse. Elle milite contre la pêche et contre l'agriculture, avec des positionnements qui n'ont parfois aucun sens."

"On assume complètement ce parachutage"

Unique candidate parisienne du mouvement, la Sandrine Rousseau pro-chasse est une auxiliaire de puériculture qui vit en Normandie. "Les législatives autorisent les candidatures qui viennent d’autres régions, souligne Yannick Villardier. On assume complètement ce parachutage. Tout le monde pratique ça depuis longtemps et, globalement, on a très peu de candidats parachutés sur la France. Là, c’est un secteur clairement identifié à Paris : l’objectif est d’amener la ruralité en ville à travers cette candidature."

Lancé en 2019, le Mouvement de la ruralité est le nouveau nom de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), un parti ruraliste historiquement proche de la droite. Sur son site, le mouvement dit entre autres défendre "une économie relocalisée", une Europe "des États-nations" et une écologie "non punitive" qui "s’appuie sur le bon sens". Sur sa boutique en ligne, on trouve des T-shirts affichant des slogans comme "No Végan" et "Non au loup".

Yannick Villardier affirme toutefois que le parti, dont il souligne l'indépendance, "ne revendique pas d’idées conservatrices". Parmi les thématiques défendues par le mouvement, le responsable LMR en Île-de-France cite notamment "la défense de tous les agriculteurs", "les services de proximité", "les moyens donnés à la petite enfance, à l'éducation et aux aînés", "la réimplantation des commerces ruraux", ou encore "la lutte contre l’implantation d'éoliennes industrielles".

"C’est vraiment prendre les électeurs et les électrices pour des imbéciles"

Du côté de la Nupes, Sandrine Rousseau a réagi sur Twitter en exprimant sa lassitude, avec un message lapidaire : "Fatigue". Contactée, l’écologiste dénonce "ce trolling de la démocratie par les chasseurs" : "C’est vraiment prendre les électeurs et les électrices pour des imbéciles. Je n’entre pas dans ce jeu-là. Ce n'est pas ma manière de faire fonctionner la démocratie. C’est une technique fascisante, utilisée par Poutine."

Sandrine Rousseau fait ainsi référence aux stratagèmes utilisés par le pouvoir russe pour déboussoler les électeurs et disperser les voix destinées aux opposants, en présentant notamment des candidats homonymes de manière massive. Franceinfo cite par exemple la présentation de "sosies" à Saint-Pétersbourg en septembre 2021, lors des dernières élections législatives. En Russie, le phénomène concernerait 10% des circonscriptions.

Au-delà du procédé utilisé par le Mouvement de la ruralité, l’écologiste explique qu’elle compte mener sa campagne sur des "thématiques de terrain" : "La santé par exemple, c’est très important dans le XIIIe arrondissement. A la Salpêtrière, on ne se rend pas compte de la situation, c’est une bombe à retardement. Il faut soutenir l'hôpital public et rompre avec les politiques libérales. Il y a aussi la santé environnementale, avec des niveaux de pollution importants, mais également la question du logement, et enfin celle de l’éducation : depuis la crèche jusqu’à l’université, on est aujourd'hui dans une politique d’économie et de mise en concurrence des parcours."

De son côté, Yannick Villardier, le responsable LMR en Île-de-France, admet l'existence d'"un risque de confusion" aux urnes, mais le relativise : "Le risque est très faible. Les bulletins seront différents et identifiables, avec notre propre logo". Dans les bureaux de vote, les bulletins qui seront proposés aux électeurs avant de se diriger vers l’isoloir devront en effet afficher à la fois le nom des candidats et celui de leur mouvement.

Dans la 9e circonscription de Paris, se présentent : 

  • LUTTE OUVRIÈRE : Florence Bedague
  • NUPES : Sandrine Rousseau
  • PARTI PIRATE : Pierre Beyssac
  • ENSEMBLE : Buon Tan 
  • LES RÉPUBLICAINS : Jean-Baptiste Olivier
  • RASSEMBLEMENT NATIONAL : Carole Roussel
  • RECONQUÊTE : David Meyer
  • MOUVEMENT DE LA RURALITÉ  : Sandrine Rousseau

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