Avec une perte nette de 129 millions d'euros au premier semestre, la RATP a notamment souffert de la hausse des prix de l'énergie. Une nouvelle année dans le rouge se profile pour le groupe.
La RATP a du mal à sortir la tête de l'eau. Le groupe a perdu 129 millions d'euros au premier semestre, selon des résultats publiés vendredi. Cette perte de janvier à juin atteint presque celle enregistrée sur toute l'année 2020 (134 millions d'euros), pourtant marquée par la pandémie de Covid-19.
Si le retour des voyageurs s'est confirmé avec une fréquentation en hausse de 6% au premier semestre par rapport au même semestre de 2022, la tendance bénéficie surtout au mode ferré (métro, RER, tramway), avec entre 9 et 10% de fréquentation supplémentaire. Le bus, lui, décline (-3%) en raison de problèmes d'exploitation.
Côté financier, l'augmentation des prix de l'énergie, les hausses de salaires consenties par le groupe dirigé par Jean Castex pour répondre à la crise du pouvoir d'achat et les pénalités versées pour un service de bus insuffisant (27 millions d'euros) affectent sévèrement les comptes de l'entreprise. Le chiffre d'affaires progresse toutefois légèrement à 3,2 milliards d'euros (+2,4%).
Ces résultats semestriels "témoignent du défi économique majeur auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, du fait de l'insuffisance des mécanismes contractuels de couverture des effets très significatifs de l'inflation sur nos charges d'exploitation", indique Jean Castex dans un communiqué du groupe. "La résolution de cette problématique est une priorité, car elle conditionne la bonne exécution du service dans les prochains mois", estime-t-il.
La RATP pointe en effet du doigt un contrat conclu en 2020 avec Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports publics franciliens, avant la vague inflationniste. Ce contrat, qui porte sur la période 2021-2024, prévoit des clauses donnant droit à des compensations en cas de hausse des charges de l'exploitant.
Une dette de 6,1 milliards d’euros
Pour ce qui est de "la progression des coûts salariaux", ces compensations sont plafonnées à 1,5%, or la masse salariale de la RATP a augmenté de 5,2% au premier semestre 2023 sous l'impulsion de Jean Castex, dont l'une des missions était d'apaiser le climat social dans l'entreprise.
Quant aux coûts de l'énergie, si l'envolée des prix du carburant est bien répercutée dans le contrat signé avec IDFM, ce n'est pas le cas de l'électricité, principale ressource utilisée par la RATP.
L'impact des ces hausses de charges atteint 203 millions d'euros au premier semestre, soit déjà plus que sur toute l'année 2022 (200 millions). Les compensations versées par IDFM ne couvrent que partiellement l'explosion de ces charges et l'impact net pour la RATP est de 127 millions d'euros.
Les grèves contre la réforme des retraites, peu suivies au sein de la Régie, ont tout de même coûté environ 10 millions d'euros. Concernant les émeutes du début de l'été, la facture atteint 6 voire 7 millions d'euros, à cause de la destruction d'une vingtaine de bus et d'un tramway. La dette de la RATP atteint désormais 6,1 milliards d’euros (+10%).
A noter que le groupe a maintenu ses investissements sur les six premiers mois de l'année. 883 milliards d'euros ont ainsi été injectés sur le périmètre de l'établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) qui exploite les activités traditionnelles de transport en Île-de-France, dont 149 millions pour le prolongement de la ligne de métro 14 vers Orly.