Les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand rejoignent Affelnet : la fin d’un "traitement préférentiel" ?

Les deux prestigieux lycées parisiens viennent de perdre un privilège, avec la fin du recrutement de leurs élèves sur dossier, sans passer par le logiciel de l’Education nationale. Une réforme qui fait débat.

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Ce sont deux symboles de l’excellence, situés de chaque côté du Panthéon. Les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand brillent également par leur manque de mixité sociale, avec moins de 9% de boursiers admis en Seconde. L’académie de Paris a donc décidé de mettre fin à la sélection sur dossier.

"Pour les familles les plus défavorisées, les plus éloignées de l’école, le fait de constituer un dossier, c’est un frein. Donc pour les élèves parisiens, il y aura juste à faire un vœu dans Affelnet, ce qui est beaucoup plus simple", justifie Claire Mazeron, Directrice académique de Paris, chargée des lycées.

"Là, véritablement, les notes seront observées de manière anonyme, sans regarder la provenance du collège d’origine. Donc c’était aussi important pour qu’on ait justement les meilleurs élèves de chaque collège de l’académie", ajoute-t-elle.

"Les parents vont se tourner vers le privé"

La sélection par l'algorithme d’Affelnet inquiète toutefois certains élèves. Beaucoup contestent l’image de lycées réservés à une élite parisienne. "Moi, je viens de banlieue comme la plupart des gens dans ce lycée. On est à peu près 40% à venir de banlieue", affirme Léonard Im, vice-président du conseil lycéen de Louis-Le-Grand. "Mes potes ne viennent pas forcément d’ici. Ils viennent de partout : Neuilly, Saint-Cloud, le IVe... Je trouve ça assez riche déjà", juge un autre élève du lycée, en Terminale.

Des parents d’élèves et quelques professeurs contestent la réforme. Bruno Bensaid, cofondateur du collectif Sauvons le mérite, a ainsi lancé une pétition en ligne. Principal point d'accrochage : que la note soit entre 15 et 20, le barème Affelnet attribue le même nombre de points, pointe-t-il du doigt.

"Dans les calculs de barème, on intègre également le dessin et la musique, alors que ce ne sont pas des sujets qui sont enseignés en Seconde. Beaucoup de critères font que des élèves excellents ou des élèves atypiques, qui ont une appétence pour les sciences ou les lettres, vont être pénalisés. Et les parents vont se tourner vers le privé", déplore Bruno Bensaid.

"Certains élèves bénéficient d’un traitement préférentiel au moment du recrutement"

D’après Julien Grenet, économiste au CNRS et à l'École d'économie de Paris, la réforme permettrait au contraire de mettre fin à certains privilèges. "Au lycée Henri-IV, certains élèves ne viennent pas de Paris. Parmi les élèves parisiens, on a, entre un quart et un tiers des élèves qui viennent du Ve arrondissement. Et pour la plus grande part d’entre eux, ils viennent du collège Henri-IV", explique le chercheur.

"Quand on regarde les résultats que ces élèves obtiennent ensuite au bac, ils sont assez sensiblement inférieurs à ceux des autres élèves du lycée. Ça suggère que certains élèves bénéficient d’un traitement préférentiel au moment du recrutement", ajoute-t-il.

Louis-le-Grand et Henri-IV peuvent-ils s’ouvrir à plus de diversité sociale sans abandonner leur réputation d’excellence ? Le débat, qui pose la question de la méritocratie républicaine, semble loin d’être tranché.

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