A l'issue du procès, Esteban Morillo, principal accusé, a été condamné à 11 ans de prison. Samuel Dufour, a lui été condamné à 7 ans de prison. Tous les deux ont été reconnus coupables de violences volontaires avec armes, et en réunion. Le troisième accusé, Alexandre Eyraud a été acquitté.
A l'issue du procès, Esteban Morillo, principal accusé, a été condamné à 11 ans de prison. Samuel Dufour, a lui été condamné à 7 ans de prison. Tous les deux ont été reconnus coupables de violences volontaires avec armes, et en réunion. Le troisième accusé, Alexandre Eyraud a été acquitté.
Une peine de quatre ans dont deux avec sursis avait été demandée contre Alexandre Eyraud, 29 ans le mois prochain, arrivé plus tard dans la rixe mais dont "la seule présence" a favorisé "l'action collective", a affirmé le magistrat.
Poursuivis pour des coups mortels portés en réunion et avec arme, les deux premiers, 25 ans aujourd'hui, ont vivement contesté avoir utilisé un poing américain. Samuel Dufour a reconnu porter des bagues: "une arme par destination", pour l'accusation.
Invités à s'exprimer une dernière fois avant que la cour se retire pour délibérer, les accusés, des "manuels" élevés avec peu de mots ou en "patriotes", ont répété qu'ils étaient "désolés" face à la famille de Clément Méric, fils d'universitaires et étudiant à Sciences Po.
En reniflant, Esteban Morillo avait dit éprouver "toujours les mêmes regrets". Alexandre Eyraud, que personne n'a vu donner le moindre coup, avait essayé "de ne pas être maladroit": "Je n'ai ni touché M. Méric ni ses amis. Mais j'ai une certaine responsabilité morale".
Samuel Dufour avait indiqué avoir "réfléchi toute la nuit". Boulanger à Rouen, il est désolé pour la famille mais ne "voit pas l'utilité de retourner en prison" où il sait que "l'isolement" l'attend, ses tatouages et sa trajectoire suscitant le rejet des autres détenus.
Rappel des faits
Le 5 juin 2013, Clément Méric, antifasciste de 18 ans, s'est écroulé sur le bitume de la rue Caumartin, lors d'une rixe entre militants d'extrême gauche et skinheads d'extrême droite, après une rencontre fortuite dans une vente privée de vêtements de la marque Fred Perry.La mort du jeune homme choque l'opinion et fait ressurgir le spectre des violences d'extrême droite. Le gouvernement dissout plusieurs groupuscules d'ultradroite, notamment Troisième voie dont étaient proches les accusés.
Cinq ans après, plus de crâne rasé ou de manches courtes laissant voir d'anciens tatouages: les accusés espèrent une sanction juste. Les parents Méric attendent eux "la vérité" et le "respect de la mémoire de leur fils", un gamin "espiègle" qui "ne baissait pas les yeux".
Deux semaines de débats ont permis de décortiquer "sept secondes" de coups mortels mais laissé de nombreuses zones d'ombre.
"Rouges" contre "nazis"
Pour l'avocat général, la "bataille aurait pu être évitée" si les skinheads n'avaient pas choisi, en sortant du showroom, d'aller "droit" sur les jeunes antifascistes qui patientaient dans la rue. Clément Méric, qui se remettait d'une leucémie, ne représentait "aucun danger" pour eux, a-t-il affirmé.Au contraire, la défense a décrit la "peur" montant dans les rangs des skinheads, interpellés par "les rouges" qui les traitent de "nazis" et "préviennent qu'il vont les attendre à dix en bas".
L'accusation n'a pas cherché à reprendre tous les éléments d'un dossier où témoins et expertises se contredisent. Il s'est attaché à convaincre les jurés du caractère collectif du crime, la circonstance aggravante de "la réunion" permettant juridiquement de lier les accusés.
Le crime "causé par la violence de l'un est favorisé par l'action des autres": il demande ainsi de condamner Samuel Dufour pour "complicité de coups mortels" parce qu'il "empêche" les camarades de Clément Méric de venir à son secours.
"Je ne me résous pas au gloubi-boulga juridique, a bondi l'avocat de Samuel Dufour, Antoine Vey. Vous ne pouvez pas condamner Dufour pour ce qu'il n'a pas fait!".
Dans cette affaire, a résumé Me Patrick Maisonneuve, "on ne saura jamais qui a donné le premier coup" et personne "ne peut avoir de certitude" quant à la présence d'une arme. Mais ce qui est certain, c'est que son client, Esteban Morillo, a "assumé ses responsabilités" en "reconnaissant immédiatement avoir porté les coups mortels, à mains nues".