Trois revers quasi simultanés, dont deux sérieux, ont comme donné un signal d'ouverture de campagne et aiguisé les appétits politiques de ceux qui espèrent faire tomber la maire PS de Paris. Anne Hidalgo répond longuement sur chaque point et indique qu'elle sera "candidate ... d'une coalition"
Les municipales, pensez-vous, c'est dans deux ans, c'est encore loin. Mais en politique, c'est la règle du jeu : les adversaires sont toujours à l'affût. Du moindre faux-pas, du moindre accroc, de la moindre difficulté qui pourrait leur ouvrir une brèche.
Trois revers, trois difficultés survenues coup sur coup, presque simultanément ont suffi pour déclencher la première offensive d'une campagne qui s'annonce donc longue et sans doute impitoyable.
L'annulation par le tribunal administratif de la décision d'interdire la circulation automobile sur les voies sur berges rive droite; le refus par le Conseil d'Etat d'entériner le marché de la publicité lumineuse dans les rues de la capitale; les ratés et retards de la mise en place du nouveau Vélib; les trois difficultés, sur ces dossiers très symboliques, se sont présentées les unes derrière les autres et se sont télescopées.
L'appétit d'ogre de LREM
C'est dans les rangs de La République en Marche (LREM), dont l'appétit ne cesse de croître, que l'opportunité a été la plus rapidement perçue. Au sein de LREM, la mairie de Paris est ouvertement un objectif depuis plusieurs mois et les candidats sont nombreux qui se verraient bien dans le fauteuil d'Anne Hidalgo. Et d'abord Benjamin Griveaux, le jeune et ambitieux porte-parole du gouvernement. Mais beaucoup des élus parisiens du parti présidentiel, Hugues Renson ou Mounir Mahjoubi et d'autres, s'y verraient d'autant mieux que les électeurs sont extrêmement sensibles et favorables au discours macronien. L'électorat parisien est un des plus gros contingents d'électeurs de la République en Marche du pays.Et voilà même que, depuis quelques jours, certains avancent qu'Edouard Philippe en personne, le Premier ministre, pourrait se présenter à Paris si les probabilités s'avéraient suffisantes.
Les Républicains rêvent d'alternance
Mais il n'y a pas que LREM qui "salive" à l'idée de faire tomber Anne Hidalgo. La droite des Républicains veut croire qu'en 2020, le temps sera venu de reprendre à la gauche une capitale que Bertrand Delanoë leur a ravi en 2001, à un moment où ils ne s'y attendaient pas.
Néanmoins, c'est probablement le doute sur leur capacité à y parvenir dès 2020, compte tenu de l'état de dévastation du parti Les Républicains depuis l'élection présidentielle, qui a conduit Jean-François Copé (LR), à proposer une alliance LREM-LR pour faire battre la maire de Paris. Une alliance donc qui, on le comprend, a peu de chances de voir le jour.
Je serai Paris
En politique aguerrie, Anne Hidalgo a donc estimé qu'il était temps de contre attaquer et de répondre à tous ces prétendants pressés que pour l'instant, elle est maire de Paris et qu'à ce titre, c'est elle qui a l'initiative.Dans une longue interview à Libération, elle a donc abordé un par un les trois dossiers en cours qui ont rencontré une difficulté. et exposé les réponses qu'elle y a apporté ou qu'elle s'apprête à mettre en place. Façon de montrer qu'elle est "toujours aux affaires" et qu'elle veille au grain.
Sur le plan politique, et concernant les municipales, c'est au détour d'une phrase qu'elle annonce "Moi, en tout cas,je porterai une candidature de coalition, comme je l'ai toujours fait". Non sans s'être amusée préalablement en précisant qu'elle ne rejoindrait pas LREM, mais qu'elle ne serait pas non plus que socialiste "Je serai Paris" a-t-elle ironisé.
En réalité, Anne Hidalgo cherche depuis quelques semaines, quel doit être son bon positionnement face au Président de la République qui l'a depuis son élection, considérée comme une gêneuse sans toutefois jamais ouvrir de conflit. Au début assez tendus, leurs rapports se sont peu à peu adoucis et depuis peu, la maire de Paris, qui s'est longtemps montrée critique à l'égard d'Emmanuel Macron, a baissé le ton de plusieurs niveaux.
Anne Hidalgo veut de la sorte préserver l'avenir : elle n'entend pas s'enfermer dans une opposition-hostilité à l'égard d'Emmanuel Macron qui fermerait la porte à des négociations.Et elle se laisse du temps pour organiser son dispositif pour un scrutin qui, rappelons le, n'arrivera que dans deux ans. En attendant donc, elle est maire de Paris, c'est elle qui pilote et elle entend le rappeler à tous.