Du rire, de la folie et du délire, c'est un mélange détonant que propose la comédie « Garden Party » au théâtre Antoine à Paris. Cette pièce aristo-punk bouscule les codes de l’humour.
Le théâtre Antoine vous invite à une « Garden Party ». Une comédie hilarante et délirante qui mélange la farce féroce et le rire absurde.
Tenues de soirée vivement conseillées, mais attention, ne vous fiez pas aux apparences ! Derrière les nœuds papillons et autres robes de gala, la garden party proposée par le théâtre Antoine cache bien son jeu. Sur la scène, les comédiens de la Compagnie n°8 propose un spectacle hybride qui mélange les saveurs du théâtre de rue, dont ils sont originaires, les ingrédients du cirque qu’ils pratiquent à loisir, et la comédie italienne dont ils raffolent.
« Pour l’interview, vous préférez une réponse sérieuse ? Ou pas ! » demande Charlotte Saliou dans sa jolie robe bleue et Benjamin Bernard dans son costume impeccable « Parce qu'on a un peu de mal à garder notre sérieux! » poursuivent-ils avec un sourire en coin qui en dit long sur l’état d’esprit taquin de ces quatre femmes et quatre hommes. Ils respectent la parité jusque dans le délire « c’est une farce féroce, a-t-on dit de nous » éclat de rire général « c’est rigolo, c’est drôle » encore un éclat de rire « c’est une comédie truculente, oui c’est ça, c’est truculent ».
Le grommelot, c’est du charabia compréhensible
Difficile, en effet, de mettre une étiquette sur cet ovni artistique. Il oscille entre l’humour absurde façon Monty Python et le comique de situation façon commedia dell’arte. En plusieurs tableaux, très visuels, la pièce est une caricature de caricature, une parodie de notre société engluée dans sa bourgeoisie.Le sketch sur le botox et les injections d’acide hyaluronique est, par exemple, une petite merveille d’efficacité. Assises sur une banquette, quatre femmes désemparées par leur physique vieillissant, s’emparent de seringues pour se redonner un coup de jeunesse. Sans aucune phrase intelligible, juste avec quelques mots et beaucoup de grimaces, les comédiennes nous embarquent dans cet univers très expressif du grommelot. Une sorte de charabia créé au 16ème siècle qui utilisait des onomatopées dans les comédies satiriques italiennes. « L’avantage du grommelot, c’est qu’il laisse beaucoup de place à l’expression corporelle. Le jeu est très visuel, et pour un metteur en scène, c’est la liberté totale. On peut vraiment délirer. » nous explique Alexandre Pavlata, le metteur en scène.
Un humour, très haut perché
Et c’est vrai que le délire est présent à chaque minute du spectacle. Exemple avec cette interprétation complètement déjantée de la chevauchée des Walkyries de Wagner. Là encore, il s’agit d’une belle performance d’acteur, doublée d’un tour de chant remarquable. Attachée à une grue, Charlotte Saliou, les cheveux au vent, s’envole au-dessus des spectateurs en chantant en live cette partition classique habituellement réservée aux divas. « C’est un spectacle sans précédent » rigolent Frédéric Ruiz et Hélène Risterucci. Cette pièce à l’humour très haut perché bouscule les codes de la comédie. « L’avantage du grommelot, c’est qu’il n’y a pas de mot précis » nous explique Alexandre Pavlata « On utilise des mots clés de temps en temps, mais on a tourné en Italie, on a tourné en Espagne, en Hollande, en Angleterre…Voilà, ça reste compréhensible par tout le Monde grâce au grommelot.».Cette Garden party est donc recommandée à tous. En ces temps lourds et parfois angoissants, il fait bon rire sans retenue avec ses huit comédiens aussi drôles que bien habillés.
« Garden Party » jusqu'au 13 avril au Théâtre Antoine. Paris 10ème
En savoir plus : https://www.theatre-antoine.com/garden-party