Ils se déclenchent, le plus souvent, dans des immeubles où vivent des immigrés pauvres, loin des quartiers cossus comme celui de la rue Erlanger du 16e arrondissement. C'est ce que révèle cette rétrospective des incendies les plus meurtriers à Paris et en Île-de-France depuis 15 ans.
- 2 septembre 2015 : Quartier de la Goutte d'Or - Paris
Ce départ de feu est le plus meurtrier, dans la capitale, depuis 2005 .
La piste criminelle semble privilégiée.
Le parquet de Paris déclare, en effet, avoir chargé la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne de l'enquête car deux départs de feu se sont succédés, à deux heures d'intervalle durant la nuit de mardi à mercredi, dans ce même immeuble.
Il y a eu "deux interventions différentes à la même adresse à 02H23 et 04H30 ", déclare sur place un porte-parole des pompiers de Paris, le commandant Gabriel Plus.
Le premier était un feu de papiers "limité"."Il est évident que quand on a deux appels dans la même nuit, on ne peut pas ignorer que ça peut être un acte de malveillance" a ajouté à ses côtés le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
- 2 janvier 2013 : Gennevilliers cité du Luth (Hauts-de-Seine)
Deux heures plus tard, le sinistre est enfin éteint. Le feu a débuté dans un appartement au 4e étage de l'immeuble et s'est propagé par l'extérieur au 5e étage, d'après les premiers éléments des pompiers.
Alors que les flammes menaçaient d'embraser le 6e étage, les pompiers ont déployé une échelle, permettant de sauver sept personnes dont un nourrisson qui est légèrement blessé.
Cinq personnes, dont un enfant, ont péri dans cet incendie qui a également fait 18 blessés légers.
- 14 avril 2011 : Ménilmontant - Paris
Plusieurs des victimes décédées s'étaient défenestrées pour échapper aux flammes.
L'enquête confiée à la Brigade Criminelle s'est rapidement orientée vers un incendie volontaire, les investigations montrant que de l'essence avait été déversée, notamment dans le hall d'entrée de l'immeuble.
Malgré les 300 pompiers mobilisés, cinq personnes meurent dans les flammes qui embrasent la cité du Labyrinthe, du 20e arrondissement.
Les sauveteurs ont les plus grandes difficultés à combattre le feu à cause de la vétusté des lieux et de l'absence de bouches à incendie.
Pour aller plus loin :
- 28 septembre 2011 : Pantin (Seine-Saint-Denis)
L'immeuble appartenant à la municipalité, promis à la démolition, avait été muré par la ville.
Mais une trentaine de migrants y ont trouvé refuge.
Six personnes disparaissent dans cet incendie apparemment d'origine accidentelle.
- 30 juin 2009 : Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Parmi les six personnes décédées, trois se sont défenestrées selon le procureur.
Philippe Ragot, 35 ans, qui a reconnu avoir été à l'origine du feu, a été condamné, le 23 octobre 2013, par le tribunal de grande instance de Nanterre à 24 mois de prison dont 16 mois avec sursis pour homicide involontaire et blessures involontaires. Il s'était endormi avec une cigarette allumée
- 10 août 2009 : Sevran (Seine-Saint-Denis)
Le feu s'est déclaré un peu après 4 heures du matin dans la cage d'escalier d'un immeuble de neuf étages de la cité des Beaudottes.
Près de 29 personnes ont également été blessées et légèrement intoxiquées par les fumées.
150 pompiers ont été mobilisés afin de maîtriser le feu à 6h19.
- 17 décembre 2008 : Pantin (Seine-Saint-Denis)
Un couple, âgé d'une trentaine d'années et leur bébé de 3 mois et demi, habitant au 3e étage perdent la vie.
Leurs corps ont été découverts au cours des reconnaissances des pompiers dans le bâtiment, vers 6 heures.
Quelques 106 sapeurs-pompiers et 31 engins, venus de treize casernes, ont été mobilisés sur les lieux. Le sinistre «très violent» a été éteint à 6h40.
L'hypothèse d'un départ de feu accidentel lié à un radiateur électrique défectueux sera confortée.
Bilan : quatre morts, dont un nourrisson.
2005 : l'année maudite
- 15 avril 2005 : Paris-Opéra
Il est un peu plus de 2 heures du matin quand les pompiers arrivent au n°76 de la rue de Provence, qui borde les Galeries Lafayette.
L’hôtel Paris-Opéra est déjà rongé par les flammes.
A l’intérieur, des familles en situation de grande précarité, logées là par les services sociaux de la capitale.
Le bâtiment est surpeuplé. Les pompiers sont débordés par le nombre de personnes à secourir, dont certaines se sont réfugiées sur le toit du bâtiment.
A 3h50, le brasier est maîtrisé
24 personnes, dont 11 enfants, sont mortes quand cet hébergement d'urgence – qui accueillait bien plus de familles étrangères précaires que prévu – part en flammes après une dispute conjugale.
D'origine criminelle, c'est l'incendie le plus meurtrier dans la capitale depuis la Libération. L'incendie en 2015, le plus meurtrier depuis celui du Collège Pailleron le 6 fevrier 1973. Pour aller plus loin :
- 26 août 2005 : Bd Vincent Auriol dans le 13e arrondissement de Paris
17 habitants, parmi lesquels 14 enfants, meurent.
Selon les experts, le feu a pris sous l'escalier, où étaient rangées des poussettes.
Les flammes, attisées par un revêtement en contreplaqué, se sont engouffrées dans les appartements dont les portes et fenêtres étaient ouvertes.
Le bâtiment comptaient environ 130 personnes, principalement originaires de Côte d'Ivoire et du Mali, en attente de relogement et installées "provisoirement" dans cet immeuble depuis une quinzaine d'années. Pour aller plus loin :
- 29 et 30 août 2005 : rue du Roi-Doré dans le 3e arrondissement de Paris
Sept personnes trouvent la mort.
Il est le troisième de la série d'incendies de 2005 à Paris, après l'incendie du boulevard Vincent-Auriol quatre jours plus tôt et l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra en avril.
- 4 septembre 2005 : L'Häy-les-Roses (Val-de-Marne)
Un geste, pour se venger d'une autre jeune fille avec laquelle elles avaient un différend.
Les flammes n'ont pas touché les étages supérieurs mais les émanations toxiques ont fait 18 victimes.
Les quatre jeunes filles ont été condamnées en 2008 et 2009 à des peines allant de trois à quatre ans de prison assorties de périodes de sursis.
- 14 septembre 2002 : Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Arrivés sur les lieux, les cinq pompiers de la caserne de Champerret, dans le XVIIe arrondissement parisien, sont emportés par un «embrasement généralisé éclair».
Il s'agit d'un phénomène provoqué par l'accumulation de chaleur dans la pièce exiguë créant une «boule de chaleur».
Tous victimes de deux explosions successives lors de l' intervention, pourtant anodine, dans une chambre de bonne au septième étage d'un immeuble de Neuilly-sur-Seine où l'incendie s'est déclaré.
Les deux locataires se sont vu reprocher d'avoir branché une multitude d'appareils (bouilloire, radio-réveil, plaques chauffantes, télévision...) alors que l'installation ne pouvait supporter qu'un rasoir électrique ou un sèche-cheveux.
La brigade des sapeurs-pompiers de Paris subissait sa perte la plus lourde depuis la Première Guerre mondiale.
Ca n'arrive pas qu'à Paris !
En juin 2017, la Grenfell Tower de Londres s'embrase.
Cet incendie se déclare en pleine nuit, au quatrième étage de cette tour de 24 étages.
La cause : un réfrigérateur défectueux. L'isolation et le revêtement de la tour ont favorisé sa propagation rapide, selon la police.
72 personnes ont trouvé la mort, prisonnières du brasier.