Paris : les Jardins d'Eole rendus aux riverains. Les consommateurs de crack se retrouvent à la rue

Les Jardins d' Eole dans le XVIIIe arrondissement de Paris ne seront plus ouverts aux toxicomanes la nuit. Le parc a été évacué la nuit dernière. La maire de Paris Anne Hidalgo s’est rendue sur place ce mercredi.

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"Je m’y étais engagée avec les maires d’arrondissement. J'avais dit que le 30 juin, ce jardin reviendrait aux habitants et aux familles". La maire de Paris, Anne Hidalgo a tenu sa promesse. Les Jardins d'Eole ont été évacués cette nuit par les forces de police.

Evacuation des jardins d'Eole

Afin de soulager les habitants du quartier de Stalingrad, les consommateurs de crack pouvaient accéder librement le soir dans ce parc depuis la mi-mai. Le jardin public leur était ouvert jusqu'à 1 heure du matin. Les tensions dans les rues du quartier et le climat d'insécurité n’avaient pas pour autant diminué. Samedi dernier, des toxicomanes avaient été visés par des tirs de mortiers et une personne interpellée.

Ce matin, sur place, Anne Hidalgo a annoncé que l’entrée du parc serait désormais filtrée. La mairie de Paris souhaite également vouloir "occuper le terrain" cet été en y organisant des activités culturelles, sportives ou des pic-niques en vu d’éloigner consommateurs et dealers.

Ce matin, la maire de Paris s'est rendue au Jardin d'Eole après son évacuation. © F3PIDF

Les habitants du quartier restent néanmoins inquiets. "Depuis le 17 mai, ce parc était devenu le lieu de repli nocturne des toxicomanes. Notre plus grande crainte maintenant, c’est que les 300 consommateurs de crack et dealers se reportent dans les rues à défaut d’avoir un endroit spécifique vers lequel se diriger. Aujourd’hui sur cette question nous n’avons pas de réponses", s’inquiète un riverain au micro de France 3 Paris IDF.

Le Collectif 19 qui a alerté sur la situation du quartier s’est félicité de "ce premier pas" : "La mairie de Paris avait promis une occupation positive du jardin d' Eole pour cet été. Le jardin a donc été évacué. Anne hidalgo semble avoir pris conscience des problèmes dans le parc mais ensuite nous ce nous savons pas ce qu’il va advenir", confirme Frédéric Francelle, le porte parole du Collectif 19.

La question de la prise en charge des toxicomanes...

La maire de Paris n'a en effet pas de réponse sur ce sujet de santé publique. Elle le sait, l'évacuation ne règle rien. "Est-ce que cela règle le problème ? Non !", a-t-elle expliqué.

"Je souhaite qu'on ouvre un lieu qui vienne en aide aux personnes toxicomanes car on ne peut pas juste évacuer le sujet sans le traiter", a répété Anne Hidalgo qui avait écrit au Premier ministre Jean Castex début juin pour demander "de nouveaux dispositifs de prise en charge adaptés aux problématiques de consommateurs de crack".

"J'ai demandé au gouvernement qu'on ouvre ensemble un lieu pour les prendre en charge mais, pour l'instant, il y a divergence de vues au sein du gouvernement, entre ceux qui souhaitent des lieux d'accompagnement et d'autres qui expliquent qu'il suffit de déplacer le problème", a-t-elle déclaré à l'AFP. 

Le Collectif 19 souhaite également que les toxicomanes ne soient pas juste dispersés. "Aujourd’hui ce que nous voulons, ce sont des salles pour arrêter la consommation, pas uniquement des salles pour les encadrer comme les salles de shoot. Il faudrait des structures fermées. Un lieu d’accueil, d’hébergement, de soins, mais fermé où les toxicomanes ne peuvent pas sortir librement un peu comme des hôpitaux psychiatriques", ajoute Fréderic Francelle.

... doit être médicale et sociale selon les associations

Gaïa Paris est une association médico-sociale qui oeuvre pour la réduction des risques liés à l'usage de drogues à Paris. Dans le nord-est parisien, elle effectue quotidiennement des maraudes auprès des toxicomanes des Jardins d’Eole. Pour José Matos, chef de service au Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (CAARUD), il est nécessaire de mettre en place un suivi médico-social global.

Forcer des gens à se sevrer, ça ne marche pas.

José Matos, association Gaïa Paris

"Des riverains et des élus demandent à ce qu’il y ait des centres fermés pour soigner ces personnes, mais soigner les personnes de force, ce n’est pas légal purement et simplement et de toute façon cela ne fonctionne pas", dénonce-t-il.

Il propose une prise en charge médicale, psychologique et sociale. Pour lui, la solution passe par la création de petits espaces de repos de jour, avec la possibilité de consommer à moindre risque. Des portes d'entrées vers un système de soins global.

"Nous souhaitons de petits dispositifs car un seul dispositif met une énorme pression sur un quartier. L’idée est de sortir les personnes de la rue et la consommation de la rue également. Ces salles, nous les considérons comme des portes d’entrée vers les soins. Les personnes viennent pour consommer mais ils peuvent y trouver autre chose : des éducateurs, des infirmiers, des médecins, des psychiatres, des assistants sociaux. Les personnes peuvent être prises en charge au niveau global, soins, orientation, accompagnement administratif, dépistages des maladies telles le VIH ou les hépatites, aide juridique. Tout un réseau pour les accompagner si elle souhaite arrêter la consommation de stupéfiants", plaide-t-il.

José Matos n'a aucun doute, "les usagers de drogues évacués ne vont pas disparaître, ne vont pas s’évaporer, se disperser comme peut l’espérer la Préfecture. Ils vont continuer à exister et à consommer". Fin 2019, ces femmes et ces hommes ont été évacués de la Porte de la Chapelle puis de la porte d’Aubervilliers, puis du quartier Rosa Parks, de la place Stalingrad et aujourd'hui des Jardins d’Eole. L'association continuera à les suivre, même dispersés.

 

 

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