Le président de la République a fixé comme objectif l'ouverture de certains lieux de culture et de restauration à partir de la mi-mai lors de son allocution ce jeudi 31 mars. Une annonce accueillie prudemment par les restaurateurs.
L'envie est là, la confiance un peu moins. "On est extrêmement prudent. On va attendre de voir que cela se précise. Les fois précédente, on a reconstitué des stocks pour au final fermer rapidement", explique ainsi Laurent Besson, propriétaire de la Taverne Gambrinus à Saint-Michel-sur-Orge dans l'Essonne.
Emmanuel Macron a ainsi affirmé que : "Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture. Nous autoriserons, sous conditions, l'ouverture de terrasses et nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l'été, un calendrier de réouverture progressive pour la culture, le sport, les loisirs, l'événementiel et nos cafés et restaurants".
De son côté, le restaurateur a décidé de totalement fermer les portes de son établissement et ses cinq employés sont au chômage partiel. "On fait pub, resto et concerts. On aurait pu continuer la partie restauration mais vu la taille de l'établissement, entre le chauffage etc., ce n'était pas viable. Puis les gens ne viennent pas chez nous pour cela. On vient avant tout pour le lieu", poursuit-il.
La perspective de pouvoir accueillir des clients en terrasse changerait en revanche la donne. D'autant que la situation n'était pas si mauvaise que cela l'été dernier. "La reprise va être bonne, les gens vont se lâcher. Si en plus on a beau temps, on n'attend que ça. La grosse difficulté, c'est de repartir. Il faut faire plusieurs milliers d'euros de courses, je ne peux même pas faire un plein d'essence actuellement", lâche Laurent Besson.
Ce dernier n'a pas reçu d'aides du fond de solidarité et celui affirme que son dossier reste bloqué au niveau des services des impôts. Un financement participatif lui a permis de, pour l'instant, tenir le coup.
Le secteur tend à s'adapter
Le président de l'Umih Paris Ile-de-France, un syndicat du secteur, reste lui aussi dans l'expectative. "Il faut décrypter ses paroles. Nous allons étudier la possibilité d'ouverture des lieux de vie à compter du 15 mai. Mais cela reste une bonne nouvelle, nous n'avons aucune perspective depuis 3 mois", pense Frank Delvau.
L'année dernière, les terrasses avaient pu rouvrir dès le 2 juin dernier et totalement le 15 du même mois. Mais la situation actuelle ne va pas sans inquiéter. "N'oublions pas qu'Alain Griset (le ministre en charge des PME, ndlr) avait conditionné à 5 000 contaminations par jour la réouverture des restaurants. On en est loin aujourd'hui", poursuit-il.
Au 26 mars, il y avait ainsi plus de 40 000 nouvelles contaminations quotidiennes. En Ile-de-France, le taux d'incidence s'élève à 640 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours selon les chiffres arrêtés le même jour. Des chiffres beaucoup plus élevés que le seuil d'alerte maximale fixé par les autorités sanitaires : 250.
Frank Delvau salue cependant les aides accordées aux restaurateurs. Sa seule demande, l'étalement du remboursement du Prêt Garanti par l'Etat (PGE) sur 8 ans au lieu de 5 comme le fait l'Allemagne.
En attendant la reprise, Frank Delvau observe que le secteur s'est globalement adapté aux restrictions : "La vente à emporter et le click and collect ont explosé. Un certain nombre de restaurants l'ont mis en place et cela représente désormais une part non-négligeable de leur chiffre d'affaires".
Selon son analyse, c'est d'ailleurs une des tendances qui se poursuivra après la reprise normale de l'activité. "La vente à emporter restera surtout avec l'augmentation du télétravail. Mais la plupart des consommateurs attendent impatiemment de retourner dans nos établissements", avance-t-il.