Des livreurs indépendants d'Île-de-France travaillant pour la plateforme de livraison Frichti, en redressement judiciaire, ont entamé une grève, protestant contre la fin abrupte de leur contrat de prestation.
"On fait grève depuis le 19 septembre", explique Vazoumana Kedas Meite, livreur de 24 ans. Ce jour-là, il a reçu, comme tous les autres livreurs indépendants, une lettre annonçant que "l'entreprise serait probablement liquidée à compter du 27 septembre", date à laquelle le tribunal de commerce de Paris statuera sur l'avenir de la plateforme de livraison.
Frichti "nous explique que le contrat de prestation prend fin au lundi 25 septembre", relate M. Meite, qui demande une "indemnisation". "On n'est pas prévenus à temps, on a des familles à gérer", s'insurge de son côté Kouadio Kouame, un autre livreur du hub de Levallois dans les Hauts-de-Seine.
10 sites bloqués en Île-de-France
Ce dernier assure qu'ils sont 165 à bloquer six sites à Levallois, Bagnolet et quatre à Paris. "On est considérés comme des autoentrepreneurs, mais pas du tout, on est comme des salariés", dénonce Vazoumana Kedas Meite. "On t'oblige à faire des courses que tu n'as pas envie de faire, on prend des commandes à 20 centimes" et le compte est suspendu "si tu prends des vacances de deux semaines", témoigne-t-il. "Frichti nous donne des créneaux dans la semaine", abonde un livreur sans-papiers qui a préféré taire son identité et qui se dit "paniqué".
"Un licenciement économique déguisé"
Le 27 septembre, Frichti n'étant pas en mesure de présenter un plan de continuation, la société sera probablement liquidée, explique une source proche du dossier et ce, même si une partie des quelque 400 salariés est reprise au sein d'une société nouvellement constituée.
Ce message de Frichti constitue "un licenciement économique déguisé", juge l'avocat Kevin Mention qui défend des livreurs ayant intenté une action en justice pour obtenir une requalification de leur contrat de travail.
Frichti avait été placé en redressement judiciaire en mars, en même temps que Getir et Gorillas, les trois entités appartenant au géant turc de la livraison Getir, qui avait annoncé jeter l'éponge face au durcissement réglementaire. Les enseignes Getir et Gorillas ont été liquidées en juillet.