Parée de son costume de sirène, Claire Baudet enchaîne les représentations à l'Aquarium de Paris. Cette passionnée de mythes a fait de sa fascination pour les êtres marins fictifs, un métier à part entière.
Dans la vie de tous les jours, Claire Baudet est entrepreneuse. Lorsqu'elle entre à l'Aquarium de Paris qu'elle appelle sa "deuxième maison", elle devient Claire la Sirène. Cette passionnée de mythologie a élu domicile en Île-de-France il y a 12 ans pour exercer son métier d'artiste à plein temps. "J'ai réuni mes deux passions : le monde aquatique et les mythes pour en faire un métier", raconte celle qui est l'une des premières sirènes professionnelles en France. Cette trentenaire originaire de La Rochelle a toujours eu le pied marin.
"J'ai commencé la plongée sous-marine à 14 ans pour explorer les fonds marins. J'ai su très tôt que je voulais un métier en rapport avec le milieu de la mer", raconte-t-elle. Sa passion des mythes, elle la développe durant ses études faites à Paris : "J'ai écrit deux articles sur les sirènes et leurs représentations dans la culture populaire". Une somme de connaissances étalée sur près de 200 pages qui lui vaut d'être invitée en tant que conférencière sur le sujet.
Un apprentissage en autodidacte
En parallèle de ses études, elle est modèle et réalise également des missions dans l'évènementiel. Deux occupations qui l'amènent progressivement à s'intéresser à l'activité de sirène. "Je voyais des Américaines se lancer là-dedans mais elles ne donnaient pas beaucoup de conseils et les tutoriels sur Youtube n'étaient pas autant développés qu'aujourd'hui." Elle décide alors de se lancer en autodidacte au milieu des années 2000. "J'ai appris toute seule mais mon passé de mannequin m'a aidé à appréhender les mouvements de la sirène et avec mes connaissances dans l'évènementiel j'ai monté mes premiers spectacles", se souvient-elle.
Une nouvelle activité qui détonne avec les habitudes de ses proches. "Au début, ils ne comprenaient pas vraiment ce que je faisais car ils ne sont pas issus d'un milieu artistique. Mes parents m'ont donné leur accord pour continuer si je terminais mes études. Cela m'a beaucoup aidé car j'ai pu approfondir mes connaissances sur le mythe de la sirène", commente l'ancienne étudiante en sociologie et philosophie.
"Il faut avoir une bonne apnée"
Il y a 8 ans, en voyant certains de ses spectacles, le directeur de l'aquarium de Paris lui propose un contrat pour se produire plus régulièrement. "Il m'a dit qu'il souhaitait m'embaucher car j'avais fait de la recherche sur le sujet et pas tant parce que je faisais la poupée Barbie blonde dans l'eau", ironise-t-elle. Ses spectacles se décomposent en plusieurs plongées de 45 secondes à 1 minute chacune.
Et de poursuivre : "Cela demande des aptitudes en apnée autant sur le plan physique que psychologique." Avec une longue nageoire en guise de costume, elle chante, danse et enchaîne les mouvements sous l'eau dans un bassin rempli de poissons. "C'est très particulier car il s'agit du seul spectacle vivant où on ne voit pas le public", précise la sirène.
Lorsqu'elle est sous l'eau, elle se fie à des enceintes qui lui indiquent à quel moment elle doit remonter à la surface. Un art qu'elle partage aujourd'hui avec deux autres sirènes qui l'accompagnent sur certains spectacles.
"C'est un métier à part entière"
"Quand j'ai commencé les spectacles, j'ai rapidement monté ma structure et on espère se développer davantage dans les années qui viennent", indique la cheffe d'entreprise. À l'avenir, elle espère former de nouvelles sirènes à son métier tant sur le côté artistique qu’entrepreneurial. "Je souhaite faire comprendre que c'est un métier à part entière et qu'à l'image des autres professions il faut avoir un projet bien réfléchi avant de se lancer", explique l'artiste.
Au mois d'août, petits et grands peuvent venir l'admirer en spectacle lors de nombreuses représentations à l'Aquarium de Paris. Au-delà de ses performances individuelles, elle prépare un spectacle à trois sirènes avec deux de ses collègues.
