François Hadji-Lazaro, musicien et leader des groupes Pigalle et Les Garçons Bouchers, est décédé ce samedi 25 février, à l'âge de 66 ans.
Aujourd’hui, trois tabacs se partagent la rue des martyrs, mais aucun ne correspond au rade décrit par « Dans la Salle du Bar-Tabac de la rue des Martyrs », l’un des morceaux les plus célèbres de Pigalle. En 1990, le groupe de rock et son leader, François Hadji-Lazaro chantent cet endroit qui rassemble « Des vieux gars tatoués partout qui racontent leurs souvenirs/des voyageurs tristes pardessus et valises/des bookmakers qui ramassent les mises ». Le lieu n’a jamais existé, mais il résume bien le Paris prolétaire des années 80.
« Le groupe répétait rue des martyrs, dans le quartier Pigalle. À l’époque, il n’y avait pas de bar tabac. François a pris tout ce qui se passait dans la rue et l’a réuni dans une chanson. C’était l’ambiance et l’esprit de l’époque, avant la dépopularisation parisienne », explique Stef Gotkovski, musicien et ami de François Hadji-Lazaro.
Un début de carrière sur les rails
Un Paris dans lequel François Hadji-Lazaro a grandi et évolué. Né le 22 juin 1956 dans le XVe arrondissement, encore populaire, de Paris, ce fils de militant communiste compose dès l’âge de 13 ans. Fidèle à la capitale, il commence à se produire dans les couloirs du métro avant de rejoindre le groupe Pénélope, puis de lancer Pigalle en 1982 avec le bassiste Daniel Hennion.
En 1985, François Hadji-Lazaro fonde son label indépendant « Boucherie productions » pour rester à l’écart des majors de la musique. Pour le financer, il compte sur la débrouille, mais aussi les idées. « On a créé plein de choses, par exemple un journal, il s’appelle « L’écho des côtelettes. C’est par ce journal, mais aussi par plein d’opérations comme des concerts qu’on arrive à tenir le coup », expliquait François Hadji Lazaro à notre équipe de France 3 Île-de-France en 1996.
Les Garçons bouchers : des « militants de la musique »
Il produit alors les albums de son groupe, mais aussi ceux de groupes de rock comme "Patchanka", premier album de la Mano Negra en 1988. La même année, Steph Gotkovski, saxophoniste, rejoint le label et le groupe, rebaptisé Les garçons bouchers pour « marquer le côté viandard et social » du groupe. « Nous étions des militants de la musique. On signait des choses très éclectiques : des groupes de régions, mais aussi des groupes amis comme les Wampas », ajoute Stef Gotkovski. Le label dépose le bilan en 2001.
Parallèlement, les Garçons bouchers se produisent partout en France avec des titres phares imprégnés de leur culture parisienne : « En fait, nous c'qu'on aime c'est la java, et comme dit Etienne qu'est plombier dans l'quatorzième c'est c'qu'on aime… qu'on aime » ( « la lambada on n’aime pas ça » ), « Le pavé, la Seine, et le périf lui apprirent très vite la carence. Tous les jours la vie lui expliquait qu’tout l’monde ici n’a pas la même chance. » (Province-Paris)
Mélange de rock, de ska et de punk, leurs chansons résonnent dans des petites salles, mais aussi sur des grosses scènes comme l’Olympia, et surtout lors de festivals. « À une époque, on a beaucoup joué dans les fêtes de l’Humanité, par sympathie communiste », raconte Stef Gotkovski.
Une carrière en solo
En 2001, lors du dépôt de bilan de Boucherie productions, François Hadji-Lazaro se lance dans une carrière solo. Après des années de lutte contre les majors de l’industrie musicale, il signe chez Universal. Créatif et multi-instruments, il produit des albums pour enfants comme « Ma tata, mon pingouin, Gérard et les autres… » ou « Atchoum » mais n’oublie pas pour autant ses anciens compagnons de route.
« Il était malade depuis quelque temps, c’était compliqué, mais les bons restaurants et notre amour pour les vins naturels continuaient à nous réunir », confie Stef Gotkovski. Surnommé « Gros François » ou « Attilazaro », le chanteur, est décédé ce samedi 25 février à l’âge de 66 ans.