"C’est déclaratif. On demande à la préfecture de police et ils enregistrent. On déclare renoncer à notre licence P pour se conformer aux règlements plus légers d’un type N. J’ai rouvert samedi dernier. J’ai obtenu l’autorisation le vendredi", explique le patron de la discothèque, Alexis Blas. Depuis le confinement, son établissement tournait à l’arrêt. Alors plutôt que rester fermé, il a décidé de s’adapter. "Il faut respecter la tendance et savoir se réinventer. Je ne vois pas d’inconvénients à le faire", explique le gérant qui grâce à cette décision pense pouvoir compenser les pertes provoquées par la crise du coronavirus. "Je vois de l’espoir de générer des bénéfices sur une période moyenne de sept, huit mois. On devrait pouvoir gagner ¼ de ce qu’on gagne normalement", indique-t-il.
Mais The Key doit respecter des règles strictes érigées notamment par la préfecture de police de Paris. Fermeture à 2 heures du matin, port du masque pour se déplacer, interdiction de danser entre autres. Pour faire respecter ces dispositions, Alexis Blas a alors interdit l’accès à la piste de son club : "J’ai matérialisé autre chose à la place. Les gens sont soumis à rester à leurs tables. Mais ils peuvent danser par groupe de 10 de manière ponctuelle, à leurs tables".
Des contrôles de police
Les clients, eux, semblent s’accommoder de la situation. "Je pensais que les gens ne s’adapteraient pas, confesse Alexis Blas. Ce sont des habitués qui viennent. Ils ont les mêmes attentes que quand ils vont en boîte. Ils sont un peu déçus, mais ils comprennent. Ils sont intelligents. C’est moins dur que ce que je pensais".À Paris, d’autres établissements ont rouvert leurs portes, comme Le Raspoutine (8e) qui n’a pas répondu à nos sollicitations. La préfecture de police surveille attentivement la situation et organise des contrôles dans ces bars de nuit éphémères. Pourtant, certaines images diffusées le week-end dernier sur les réseaux sociaux ont fait polémique. On y voit plusieurs personnes danser, sans respecter les distanciations sociales.
De quoi inquiéter l’Union des Métiers de l’Industrie de l’Hôtellerie (UMIH). "Ils savent le risque qu’ils prennent. On a contacté ces établissements. On ne veut pas jouer avec le feu là-dessus. La masse de gens que peuvent drainer les discothèques n’est pas comparable à ce que des bars à ambiance musicale et des restaurants de nuits peuvent accueillir", s’inquiète Jean-Marc Banquet d’Orx, président général de l’association en Ile-de-France.Vidéo publiée hier soir au Raspoutine, à Paris. Il y a vraiment des boites de nuit ouvertes en ce moment? Repéré par @BorisKharlamoff pic.twitter.com/IrqehINQvP
— Raphael Grably (@GrablyR) September 6, 2020
On se met par rapport à la loi. On demande à ce que nos adhérents la respectent. Les discothèques changent de définition, mais ne doivent pas transgresser ce que la loi a mis en place.
Mais pour Alexis Blas, son établissement fait tout pour répondre aux règles de sécurité sanitaire. "On assure le respect le plus scrupuleux des gestes barrières pour rentrer dans les clous", affirme le patron de la discothèque qui se dit prêt à ouvrir en tant que bar de nuit tant que la situation perdura. L’UMIH entend alors discuter avec les propriétaires de boîtes: "On essaye de trouver des solutions qui permettent de garantir la protection du personnel et des clients. On ne veut pas jouer avec la santé des gens. On ne veut pas de cluster parisien qui vienne bloquer la situation avec un nouveau confinement".
Cet été, 221 établissements de nuit ont été mis en demeure et 15 fermetures administratives ont été ordonnées à Paris.