Quelles sont les stratégies de campagne d'Anne Hidalgo et de Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Les élections municipales à Paris auront lieu dans six mois. La pré-campagne a débuté. L'occasion d'analyser les stratégies qui se mettent en place. NKM adopte les techniques de la guérilla et Anne Hidalgo s'affirme en générale en chef. Mais le combat aura-t-il vraiment lieu un jour ?

La guerre de Paris aura-t-elle lieu ? Les candidates sont prêtes à en découdre mais vont-elles se rencontrer sur les mêmes champs de bataille ?

D'un côté, Nathalie Kosciuscko-Morizet, chef de commando qui pratique la guérilla urbaine. De l'autre, Anne Hidalgo générale en chef d'une grande armée disciplinée à la stratégie de long cours.

"La slalomeuse"

La bataille des municipales à Paris n'est pas qu'une confrontation de personnalités c'est aussi une opposition tactique. Et derrière ce choix stratégique, c'est une vision des élections qui se dessine: s'agit-il de  vingt combats dans chacun des arrondissements ou d'un affrontement global sur l'ensemble du territoire ?

"On sera là où vous ne nous attendez pas", promet Vincent Roger, l'un des porte-parole de la candidate UMP. Une phrase qui ne veut pas dire grand chose mais dont il faut retenir la proximité avec le vocabulaire de la guérilla. Il est vrai que depuis la rentrée, c'est à une sorte de harcélement contre Anne Hidalgo que se livre NKM. L'ouverture d'un tronçon sur la petite ceinture est prévue par la municipalité sortante, aussitôt la candidate UMP dégaine quelques jours plus tôt sa proposition pour l'ancienne voie ferrée.

Elle multiplie ainsi  les interventions comme autant de petites banderilles pour fatiguer l'adversaire. "Ca a toujours été son style de gouvernance, elle ne se laisse pas enfermer dans les structures", témoigne un membre de son entourage. "C'est surtout un signe d'instabilité", répond Pascal Cherki. "NKM est une slalomeuse qui passe entre les piquets. Un coup à droite avec les roms, un coup à gauche avec sa position sur le FN. A force son électorat va avoir le tournis. Cela veut aussi dire que l'UMP n'est pas prête intellectuellement pour l'alternance", poursuit le porte-parole d'Anne Hidalgo.

"La fondeuse"

Même si elle a présenté son équipe de campagne dimanche 15 septembre, sous forme d'armée mexicaine, NKM est plus le chef d'un commando. Deux hommes ont sa confiance absolue: son communicant, Jean-Luc Mano et Jérome Peyrat qui supervise sa campagne. Jean-Didier Berthault, élu du XVII ème, qui s'est mis en congé sabbatique, assure la liaison avec les élus UMP de la capitale.  Et ce sont deux jeunes pousses qui s'occupent de la mobilisation militante: Hugues Anselin et Grégoire de Lasteyrie. C'est cette petite cellule qui élabore la stratégie de campagne.

A l'opposé, Anne Hidalgo apparaît plus comme la PDG d'une grande entreprise. Il faut néanmoins se méfier de l'effet trompe-l'oeil de l'actualité politique. Le calendrier du PS a mis sur le devant la désignation des têtes de liste par arrondissement. Dans cet exercice délicat, elle a réussi à imposer globalement ses choix et a démontré ainsi une autorité de chef. Mais sont apparues aussi  les lourdeurs d'une majorité en place qu'il faut déplacer avec précaution. "Nous on a choisi de régler les problèmes avant la campagne. L'union de la famille socialiste d'abord; la définition de notre périmètre d'alliance (avec ou sans le PC ndlr) en ce moment et ensuite on déroulera notre programme", explique Pascal Cherki. Bref, on installe le bivouac. Il ne s'agit pas de refuser le combat mais de différer son moment.  

Anne Hidalgo ne souhaite pas répondre à l'agressivité de Nathalie Kosciuscko-Morizet. Une question de tempérament. Etre celle dont on ne se méfiait pas lui a pas mal réussi dans son ascension parisienne. "Ma marque de fabrique est celle du temps", répète-t-elle, indiquant par là qu'elle ne souhaite pas s'embarquer dans les escarmouches quotidiennes proposées par NKM. "Nous on fait du ski de fond", ajoute Pascal Cherki, le fileur de métaphores. Mais l'entourage d'Anne Hidalgo reconnait néanmoins que la présentation d'éléments de son programme ce lundi était un moyen de ne pas laisser le terrain à la seule candidate UMP.

Quel champ de bataille ?

Voilà les stratégies de campagne établies. Reste à déterminer le terrain de jeu. Ont-elles le même champ de bataille ? NKM ne semble pas accorder une énorme importance à la bataille d'arrondissement. L'équivalent du corps à corps dans la métaphore guerrière. Pour elle, sa victoire sera large ou ne sera pas. C'est autour de son nom que se créera la dynamique, et s'il y en a une, les comptes d'apothicaire (un conseiller de Paris par çi, un conseiller de Paris par là) ne seront pas nécessaires. Une façon d'évacuer la question des têtes de listes qu'elle annoncera en novembre et qui pourra susciter quelques remous parmi ses troupes. "Elle se trompe parce qu'elle est parachutée. La bataille d'arrondissement jouera aussi" explique Pascal Cherki, qui prévoit un score serré plus proche du scénario de 2001 que de celui de 2008.

Clairement, une élection municipale s'apparente à un siège. Une majorité sortante bien en place retranchée dans une citadelle et une opposition qui part à l'assaut à coup de béliers. Mais pour préparer la lutte finale, les assaillants doivent aussi réussir à faire sortir les défenseurs. Le harcèlement consiste donc pour NKM à déplacer le débat de la campagne vers le contexte national. Une sorte de terrain à découvert qui lui serait plus favorable.  C'est pourquoi elle insiste sur la fiscalité et la sécurité en cette rentrée, thèmes à résonnance parisienne mais qui impliquent aussi Manuel Valls et François Hollande. Une tactique payante. Elle a obligé Anne Hidalgo a envoyé une patrouille. C'est ainsi qu'il faut entendre les deux réponses à son interview d'hier sur BFM.TV"Paris ne peut pas être un campement géant..... l'executif est allé trop loin sur la question fiscale". Des déclarations accueillies avec délectation par l'équipe NKM, persuadée d'imprimer le tempo de la campagne. "Les Parisiens ne sont pas encore dans la campagne. NKM s'épuise. A trop multiplier les interventions, aucune finalement ne marque les esprits", répondent les lieutenants d'Anne Hidalgo.

Le combat final commencera en janvier. Nathalie Kosciuscko-Morizet pourra-t-elle passer au stade supérieur de la guerilla ? Anne Hidalgo pourra-t-elle se contenter d'une stratégie strictement défensive ? Les tactiques vont-elles évoluer ? Si non, la guerre de Paris pourrait ne pas avoir lieu. Non par faute de combattants, mais par absence d'un champ de bataille commun.

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