Réforme d'Affelnet : grogne des parents et déception de futurs lycéens à Paris

La réforme d'Affelnet, le logiciel d'affectation en classe de seconde passe mal auprès de certains élèves et parents, déçus de ne pas pouvoir accéder au lycée de leur choix.

"Sidération", "mécontentement", "sentiment d’injustice", "incompréhension et colère"... Voici les mots employés par quelques parents et élèves à l’issue du premier tour d’Affelnet découvrant leur lycée d’affectation à la rentrée prochaine.

La grogne des parents d'élèves

"Comment expliquer à mon fils qui a travaillé toute l'année qu'il ne peut pas aller dans un bon lycée Il ne fallait pas nous demander de faire des vœux dans Affelnet", s’indigne Elodie*, mère d’un élève scolarisé au collège Couperin dans le IVe arrondissement. Son fils, bon élève, n’a obtenu aucun des lycées de secteur 1 demandés malgré de bons résultats scolaires et la proximité géographique d'excellents lycées parisiens.

"Il a été communiqué, (ndlr, par l'Académie de Paris) que 80% des élèves auraient eu 1 de leur 3 premiers voeux. C’est loin d’être le cas au collège Couperin. Le pourcentage est à 40% pour la 2nd Générale et Technologique et il est à 23% pour le 1er voeu dont la quasi-totalité sont des élèves boursiers", explique un collectif de parents d’élèves du collège Couperin, de la FCPE et LLO dans un courrier envoyé à l’Académie, mécontent des affectations obtenues par leurs enfants.

Même son de cloche aux collèges Charlemagne ou César Franck, également situés dans les arrondissements centraux et plus favorisés de la capitale. A Charlemagne, les associations de parents d’élèves APPV et FCPE ont interpellé le Recteur de Paris. "63 % des élèves n’ont aucun de leur 3 premiers vœux en filière générale et technologique" écrivent-ils dans un courrier, ajoutant que "71 % d’élèves ont été affectés sur l’un de leurs 3 premiers vœux l’an dernier (ndlr avant la réforme)". 

Haro sur l'IPS, l'indice de positionnement social

Les parents ou les collectifs dont les enfants n'ont pas obtenu l'affectation demandée incriminent tous l'IPS, l'indice de positionnement social, issu de la réforme d'Affelnet.

Le logiciel Affelnet a été réformé en début d'année. Dorénavant, les affectations sont basées sur un nombre de points calculé selon 3 critères : la localisation du collège d'origine et sa proximité avec des lycées de secteur, les résultats scolaires et l'Indice de Positionnement Social (IPS) du collège. Il remplace l'ancien bonus REP/REP+ et bonifie les parcours scolaires effectués dans des quartiers populaires. Pour le ministère de l'Education nationale, l'objectif de cette réforme est de favoriser la mixité sociale et scolaire en mettant fin à la ségrégation entre bons et mauvais établissements et lissant le niveau des lycées parisiens.

Si au printemps dernier, lors de l'annonce de cette réforme, les associations de parents d'élèves des quartiers populaires s'inquiétaient, c'est aujourd'hui au tour des parents résidant dans certains arrondissements aisés la capitale de dénoncer cette réforme et notamment l'IPS. Ce nouvel indice pénaliserait leurs enfants ne leur donnant pas les points nécessaires pour accéder aux bons établissements au profit des élèves issus des quartiers moins aisés bénéficiant de points liés à l'IPS.

Nous refusons que des élèves méritants soient « sacrifiés » dans leur choix d’orientation sur l’autel de la mixité

Collectif parents d'élèves du collège Couperin

"Je suis révoltée car au-delà des règles du jeu qui n’étaient pas claires, on nous a laissé espérer et présager de bons lycées, en fonction évidemment des résultats de nos enfants. Le rajout de l’IPS a totalement tronqué les règles du jeu. L’IPS a surpondéré des critères sociaux en défaveur des résultats scolaires", déplore Elodie.

Les représentants élus des parents du collège César Franck s'indignent également. "Cette réforme, nous en avons défendu le principe, et nous sommes l’un des seuls collèges du centre de Paris dans ce cas, tout en étant conscients qu’elle réduisait les choix de nos enfants, au nom de la justice sociale". Et de poursuivre : "Le rectorat a communiqué sur le fait que 80% des élèves auraient obtenu un de leurs trois premiers vœux à Paris. Au collège César Franck, ce pourcentage est seulement de 40%, dont 20% de premier voeu soit... à peu de choses près le pourcentage de boursiers".

Ils appellent l'Académie à revoir sa copie et notamment le calcul de l'IPS dans les quartiers favorisés. "Cette réforme doit être évaluée et revue en fonction de la réalité de ses effets. Le rectorat doit baisser l’IPS des collèges qui, comme le nôtre, sont dans un quartier favorisé mais comportent beaucoup de boursiers, créer plus d'échelons d'IPS pour limiter les effets de seuil", estiment-ils.

La mixité scolaire en jeu

L'Académie de Paris, chiffres à l'appui, se félicite de l'efficacité de la nouvelle procédure d'affectation : 95,7% des candidats soit 12 021 élèves ont été affectées dès le 1 er tour contre 94,7% en 2020. Le taux de satisfaction des familles est en augmentation par rapport à l'année dernière. 84, 1 % des élèves ont obtenu un de leur 3 premiers choix contre 80,4 % l’an dernier et 60,4 % ont obtenu leur premier voeu contre 57,1 % en 2020, l'année précedent la réforme d'Affelnet.

Pour nous, les objectifs de la réforme sont atteints

Claire Mazeron, Directrice académique en charge des lycées

"Nous l’avons dit depuis le départ, l’objectif de cette réforme est la mixité scolaire. Nous ne voulons plus des lycées ségrégués. Nous faisons rentrer un peu plus d’élèves moyens dans de bons lycées comme Charlemagne par exemple et à l’inverse nous faisons rentrer plus de bons élèves dans des lycées moins côtés", affirme Claire Mazeron, Directrice académique chargée des lycées.

Selon elle, les collèges sans bonification IPS n'ont pas été pénalisés. "Le bonus IPS ne représente que 2,7 % des points, c’est un petit coup de pousse qui permet de compenser des résultats scolaires un peu moyens pour rentrer dans un lycée attractif. L’IPS est mis en cause par des gens qui ont refusé de jouer le jeu, et qui ont mis seulement deux voeux. Par exemple au collège Courteline à Paris les 9 collégiens qui n’ont pas été affectés ont mis seulement 2 vœux. Ils n’ont pas joué le jeu", atteste-t-elle affirmant néanmoins qu'il pourra y avoir des ajustements à faire, qui seront examinés par la commission de suivi de la réforme d'Affelnet.

428 collégiens n'étaient pas affectés au soir du premier tour d'Affelnet. 338 élèves ont participé au deuxième tour et se sont vus proposer un lycée. Une centaine d'élève ne s’est pas présentée pour le deuxième tour. Départ dans le privé, déménagement... Les raisons sont multiples. Dans les lycées parisiens, 350 places restent vacantes.

*Le prénom a été modifié.

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