La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal souhaite une baisse de 10% des tarifs autoroutiers et "une gratuité, par exemple, le week-end", a-t-elle déclaré mardi, précisant que "tout ça est à discuter" lors de négociations à venir entre le gouvernement et les sociétés autoroutières.
Une rentabilité exceptionnelle largement déconnectée des coûts, des tarifs de péages supérieurs à l'inflation, une situation assimilable à une « rente »... L'autorité de la concurrence avait dressé un constat sévère des sociétés autoroutières dans un avis publié mardi 17 septembre.
Cette rentabilité exceptionnelle est aujourd'hui mise en avant par la ministre pour justifier une baisse des tarifs autoroutiers.
"Il y a 20% de tarif en trop, puisque quand une autoroute fait payer 100 euros, il y a 20 euros de trop qui sont empochés. Ce que je souhaite, c'est qu'il y ait baisse des tarifs autoroutes de 10%, avec une gratuité par exemple le week-end. Tout ça est à discuter", a-t-elle déclaré sur RTL. "Souvent, je leur ai dit pourquoi vous ne faites pas au moins les autoroutes gratuites le week-end, par exemple, ou aux heures de pointes. Ca serait leur devoir", a-t-elle ajouté.
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Ségolène Royal évoque la possibilité d'une... par rtl-fr
Quant aux "10% restants", la ministre souhaite que "ça vienne financer le fonds d'investissement sur les infrastructures". Après la suspension sine die jeudi dernier du dispositif d'écotaxe sur les poids lourds, Ségolène Royal a indiqué vouloir compenser le manque à gagner en prélevant les profits des autoroutes.
Le ministre des Finances Michel Sapin avait néanmoins pointé la difficulté de taxer les sociétés autoroutières en raison de la solidité des contrats de concession signés par ces groupes.
«Les autoroutes n'ont pas respecté le contrat qui était le leur»
"Il ne s'agit pas de créer une taxe. Puisque si je fais une taxe, elles (les sociétés autoroutières) vont en effet répercuter (les taxes). Ca suffit. Les discussions vont commencer pour les mettre devant leur responsabilité", a déclaré Mme Royal.
"Les autoroutes n'ont pas respecté le contrat qui était le leur, c'est-à-dire qu'elles auraient dû baisser les prix au fur et à mesure de la durée d'amortissement des autoroutes. Donc, les Français ont payé deux fois, lors de la construction et quand le gouvernement Raffarin-Villepin a privatisé les autoroutes", a-t-elle martelé.
Pour la ministre, les négociations qui vont s'ouvrir visent à ce que "les autoroutes rendent cet argent pour pouvoir faire les travaux d'infrastructures", a-t-elle encore dit.
Royal persiste dans l'idée de taxer les sociétés autoroutières
La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal persiste dans l'idée d'une taxation des profits des sociétés d'autoroutes, malgré l'avertissement du ministre des Finances Michel Sapin sur la difficulté à la mettre en place.
Vendredi 10 octobre, elle déclarait que «ce qui est prévu, c'est, dans le cadre du dispositif actuel et de la mise en évidence des profits autoroutiers - et donc du prix trop élevé qui a été payé par les usagers d'une certaine façon -, qu'il y ait un prélèvement sur ces profits autoroutiers qui n'impacte absolument pas le péage autoroutier».
«Soit cela se fait de façon contractuelle avec les sociétés d'autoroutes, soit il faut un dispositif législatif, qui reste à mettre au point», a ajouté Mme Royal, interrogée en marge du débat à l'Assemblée sur son projet de loi de transition énergétique, lors duquel des députés de plusieurs bords se sont élevés contre la suspension sine die du péage de transit poids lourds annoncée jeudi.
Depuis Washington, le ministre des Finances Michel Sapin avait pointé la difficulté d'une taxation des sociétés autoroutières, prônée par Mme Royal, en raison de la solidité des contrats de concession signés par ces groupes.
Comment les sociétés d'autoroutes engrangent des profits au kilomètre
Selon un rapport de l'Autorité de la concurrence, publié le 18 septembre, les sept sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA) "historiques", qui détiennent les trois-quarts du réseau autoroutier français, et sont contrôlées par les groupes français Vinci et Eiffage, et l'Espagnol Abertis, ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 26% entre 2006 et 2013, soit une hausse de plus de 1,7 milliard d'euros. Un article de Salomé Legrand sur Francetv.info, vous explique les 4 raisons de cette augmentation du chiffre d'affaires.
A lire aussi dans le Monde.fr, un article intitulé "L'Autorité de la concurrence dénonce la rente des sociétés d'autoroutes" où selon l'Autorité de la concurrence, quand un automobiliste paye 100 euros, entre 20 et 24 euros constituent du bénéfice net pour les concessionnaires d'autoroutes.