L'Union Régionale des médecins libéraux d'Île-de-France tire la sonnette d'alarme : la région francilienne constitue le premier désert médical de France métropolitaine.
Le "risque vital [est] engagé". L'Union régionale des professionnels de santé d'Île-de-France (URPS), un collectif qui regroupe plus de 22 000 médecins libéraux, ne mâche pas ses mots. Au cours d'une conférence de presse, le collectif a expliqué ce mercredi que la région était actuellement le "premier désert médical de France métropolitaine". Ainsi, selon eux, les deux tiers de la population francilienne vivent dans des zones sous-dotées en médecins généralistes.
En se basant sur le dernier zonage de l'ARS, l'Agence régionale de santé, les professionnels de santé ont établi que 7,5 millions de Franciliens, ce qui représente 62,4% de la population, vivent dans un "désert médical".
Ces chiffres font de l'Île-de-France la zone où l'insuffisance de l'offre de soins est la plus marquée sur le territoire métropolitain. À titre de comparaison, ces zones ne couvraient que 37% du territoire régional en 2018.
Ces chiffres inquiètent particulièrement, la présidente de l'URPS Île-de-France, Valérie Briole qui rappelle que son organisme avait "sonné l'alerte" il y a quelques années. "Maintenant, nous avons des risques de pertes de chances pour les patients.", poursuit-elle.
1,7 millions de Franciliens sans médecin traitant
Les chiffres de l'association révèlent également que 4,2 millions d'habitants de la région habitent en zone fragile. Ces zones correspondent à des endroits où "il n'y a pas le nombre de médecins et de soignants pour accéder correctement aux soins", explique l'association des médecins libéraux.
Par conséquent, 1,7 millions de personnes se retrouvent sans médecin traitant sur l'ensemble du département, des services de garde ferment faute de médecins, et les centres d'appel manquent de médecins régulateurs. Ce constat constitue "une catastrophe pire que la Covid", selon Ludovic del Toro, président de la commission santé de la Métropole du Grand Paris. Celui-ci pointe du doigt la perte de 3 742 médecins libéraux dont 1821 généralistes en dix ans dans la région. Selon Valérie Briole, c'est "une catastrophe qui n'est pas prête de s'arranger".
"Il faut réfléchir à la décentralisation"
Des solutions sont à l'étude afin de répondre à cette "hémorragie de médecins" comme la qualifie l'URPS. Parmi ces solutions, l'association prône une augmentation des tarifs des consultations afin de "recréer de l'attractivité un élargissement des critères d'aide financière à l'installation et la mise en place d'un service de soutien économique, juridique, immobilier aux cabinets fragilisés".
Autre piste proposée, multiplier les postes d'internes et les lieux de stages libéraux. Enfin, l'URPS préconise de former des gestionnaires de cabinet et exonérer de charges leur médecin employeur pour leur dégager du temps médical. De son côté, la Métropole Grand Paris souhaite enclencher une réflexion autour de la décentralisation des prestations médicales.
Il s'agit en premier lieu de faciliter les stages d'étudiants en santé hors des villes universitaires, en mettant à leur disposition des hébergements dédiés et des aides aux transports. Il est aussi question d'un "guichet unique" dans chaque département pour simplifier l'installation des professionnels diplômés et de leurs familles. Le sujet est également à l'ordre du jour d'une trentaine d'organisations, syndicats de soignants libéraux et associations d'élus locaux en tête, qui ont présenté mercredi quatre propositions "réalisables et consensuelles" pour "améliorer l'accès aux soins". Ces organisations plaident pour la création "d'équipes de soins coordonnées" ad hoc, regroupées selon les besoins de chaque patient.