Pour "débitumiser" la ville, David Belliard, adjoint à la mairie de Paris, explique vouloir supprimer des places de stationnement et miser sur les parkings souterrains. Les exploitants de parkings, accueillent avec circonspection cette annonce.
Marie, est graphiste à Paris, elle possède une voiture qui lui sert quand elle a besoin de transporter du matériel ou pour aller dans sa résidence secondaire. "Je suis assez d’accord avec l’idée qu’il y ait moins de voiture à Paris, il faut faire quelque chose pour lutter contre la pollution", explique-t-elle. "En ce qui me concerne , la solution du parking en sous-sol, ça peut être une bonne idée mais il faut revoir les prix". "25 € la journée, je ne suis pas prête à payer ça. Il faudrait par exemple, une formule adaptée pour les résidents".
Comme Marie, trois Parisiens sur dix possèdent encore une voiture et l'utilisent principalement le week-end, explique David Belliard, l’adjoint EELV d’Anne Hidalgo. "Aujourd'hui, nous souhaitons transformer la moitié des 140 000 places de stationnement en surface et les transférer vers des places de parking en sous-sol, qui sont cinq fois plus nombreuses"."Il y a un gisement de places qui sont en grande partie inutilisées"
Des stationnements en sous-sols moins chers
Pour atteindre cette ambition, l'idée de la mairie de Paris est de permettre aux automobilistes de se garer dans un parking souterrain à des tarifs convenables en optimisant le gisement des places en sous-sol. Pour ce faire, la Ville compte engager une discussion avec les gestionnaires de parkings dans l’objectif d’augmenter le taux d’occupation des parkings et d'obtenir en contrepartie des tarifs abordables. "Je souhaite que le stationnement en sous-sol soit plus accessible qu’aujourd’hui. Pour l’instant on est en discussion sur la question tarifaire".Fabrice Lepoutre est le directeur général du groupe Effia. Son groupe possède 5000 places de parking à Paris et 65 000 places en Île-de-France. "Je ne suis pas surpris par cette annonce, c’était dans les cartons, ça faisait partie des projets de campagne de la maire de Paris" explique-t-il . "En revanche c’est une mauvaise nouvelle pour le business, car même si sur le papier 70 000 places se libèrent, ça ne veut pas dire que nous allons doper notre fréquentation". "Pourquoi ? parce que les Parisiens vont continuer à abandonner la voiture et qu’on ne va pas non plus récupérer les automobilistes qui habitent en banlieue et qui ne viendront plus en voiture à Paris".
Les parkings sont à moitié vides
"Depuis 2001, la fréquentation de nos parkings baisse de 2 à 7 % par an", continue Fabrice Lepoutre, "mais chez Effia on a une politique tarifaire et on ne souhaite pas augmenter les tarifs pour compenser la baisse de la fréquentation. On essaye plutôt de s’adapter en imaginant une nouvelle utilisation de nos parkings. Le secteur de l’électromobilité, est l'une de nos pistes d'études".Pour le groupe Indigo, un des plus gros exploitants de parkings souterrains avec 60 000 places à Paris, cette annonce n'est pas non plus une surprise : "La suppression de places de stationnement en surface n’est pas un sujet nouveau, puisqu’un certain nombre ont déjà disparu ces dernières années, au profit de nouvelles pistes cyclables, terrasses de café, etc…" répond la direction du groupe. Pour l'occupation des places en surface, leur constat est assez proche de celui de la mairie de Paris. Le stationnement sur le bitume parisien doit être limité. "Le stationnement en voirie doit effectivement être réservé selon nous à des usages très particuliers : très courtes durées, personnes à mobilité réduite, livraisons, etc..." Concernant la baisse des tarifs des parkings, la direction du groupe rappelle "que les tarifs sont fixés avec la Ville de Paris [La Ville de Paris délègue la gestion de parkings dont elle est propriétaire à plusieurs opérateurs, dont Indigo, ndlr] et qu'il n'y a pas de négociation actuellement."
Finalement pour Indigo comme pour Effia, la relance de l'activité passera par l'innovation : "en diversifiant les usages d’une partie des parkings souterrains pour accueillir par exemple des commerces, des data centers ou des centres logistiques. C’est déjà le cas dans un de nos parkings du centre de Paris où un distributeur alimentaire a installé une base logistique qui lui permet de livrer en produits frais ses clients parisiens, avec des vélos électriques".