La "police des polices" a pointé jeudi une "défaillance individuelle" dans le vol inédit de plus de 52 kg de cocaïne à la PJ parisienne dans un audit où elle dédouane le chef de service et pose le problème de la gestion des scellés de drogue.
Marie-France Monéger, la patronne de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la "police des polices"), a dévoilé les conclusions de l'audit demandé par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, peu après le vol réalisé dans la salle des scellés de la brigade des stupéfiants qui a vécu cette affaire, a-t-elle dit, comme un "choc".
Un policier de ce service de la police judiciaire parisienne est mis en examen et écroué depuis le 6 août et la responsable de l'IGPN, qui a aussi en charge l'enquête judiciaire, a d'emblée pointé une "défaillance individuelle" insistant à plusieurs reprises sur la "probité" des agents des "Stups". L'audit, a-t-elle rapporté, dédouane le chef de la brigade située au siège de la PJ parisienne, le célèbre 36 Quai des Orfèvres. "Le dispositif de gestion (de la brigade) est de niveau très satisfaisant", a dit Mme Monéger. Le patron des "Stups" avait selon elle demandé des "moyens matériels", fait un "rappel à ses collaborateurs" et le "sujet" de la sécurité de la salle des scellés était "pris en compte avec un grand sérieux".
Suite aux demandes du chef des "Stups", une caméra de vidéosurveillance devait être installée en septembre --et l'a été depuis-- et il y avait une porte blindée, a-t-elle précisé. Depuis le vol les contrôles ont également été "renforcés", s'est elle satisfaite, et des travaux engagés. Même si, a-t-elle précisé, les "accès" au "36" peuvent "être améliorés". L'audit pointe en effet la "vétusté" de ce "lieu mythique", selon elle, immortalisé par le commissaire Maigret et centenaire, mais "sans qualité optimale de sécurité".
"Retour d'expérience"
Elle a souligné en outre que la gestion des scellés de stupéfiants est "devenue un sujet très sensible" dans tous les services de police, à "mettre en parallèle" avec l'augmentation exponentielle des saisies et affaires de drogue depuis les années 1990. Un groupe de travail police/justice est d'ailleurs chargé de "trouver des pistes" pour "harmoniser" la conservation des scellés de drogue qui sont un véritable casse-tête pour les enquêteurs obligés de les conserver le temps de la procédure judiciaire ou du procès.
La patronne de l'IGPN a également demandé un effort sur la formation, le recrutement et la sélection des agents des "Stups". Elle a évoqué le "choc" subi par les policiers de la brigade des stupéfiants qui ont vécu cette affaire comme une "trahison" et effectué un "retour d'expérience" collaborant étroitement avec l'IGPN pour cet audit, selon elle.
Mme Monéger a toutefois refusé de livrer des détails de l'enquête judiciaire en cours qui, nécessairement, devra dire comment un policier des "Stups" a pu si facilement dérober une aussi grande quantité de drogue, d'une valeur marchande de deux millions d'euros à la revente, et qui à ce jour n'a pas été retrouvée. Une telle affaire, sans précédent, peut-elle se reproduire, a été interrogée la patronne de la "police des polices"? Réponse prudente: "Il y a des vulnérabilités", il faut "les identifier et y travailler", a-t-elle dit.
Dans ce dossier, un gardien de la paix, dont le nom apparaissait sur les relevés bancaires du suspect, a été placé sous statut de témoin assisté. Les enquêteurs ont également incidemment mis la main sur près d'une tonne de cannabis lors de perquisitions, dont l'une a proximité d'un box loué par ce gardien de la paix, mais aucun lien n'a à ce stade été établi entre les dossiers, selon une source judiciaire.