Alors que l’OMS appelle les personnes infectées par le monkeypox à éviter d'exposer les animaux au virus, suite à un premier cas rapporté de transmission de l'homme au chien à Paris, l'infectiologue Gilles Pialoux revient sur les recommandations à suivre.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à la vigilance après la contamination d'un chien par la variole du singe. Ce premier cas de transmission du monkeypox de l'être humain au chien a été rapporté la semaine dernière dans le journal médical The Lancet. Il s’agit de deux hommes contaminés qui ont transmis le virus à leur lévrier à Paris.
"C'est le premier cas rapporté de transmission de l'être humain à l'animal (...) et nous pensons que c'est la première fois qu'un chien est infecté", a indiqué mercredi à la presse Rosamund Lewis, responsable technique à l'OMS pour la variole du singe. Elle a souligné que les experts étaient conscients du risque théorique de ce type de transmission.
La principale préoccupation concerne les animaux vivant en dehors du foyer domestique. "La situation la plus dangereuse survient lorsqu'un virus se déplace dans une petite population mammifère avec une forte densité d'animaux", a expliqué Michael Ryan, le directeur des situations d'urgence à l'OMS. "C'est à travers le processus d'un animal infectant le suivant et le suivant et le suivant que l'on voit une rapide évolution du virus", a-t-il alerté.
Rosamund Lewis a d’ailleurs indiqué que la "gestion des déchets est essentielle" pour réduire le risque de contamination de rongeurs et autres animaux à l’extérieur du foyer domestique.
"Il y a un vrai sujet concernant les rongeurs, étant donné la présence de nombreux rats à Paris"
Ce premier cas rapporté de transmission de l'être humain au chien est "la démonstration d’une chose qui a déjà été anticipée", réagit ce jeudi le Pr Gilles Pialoux, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon (APHP) à Paris. "La variole du singe est une zoonose, c’est une maladie qui a déjà été mise en évidence chez de nombreuses espèces animales : des primates, des rongeurs…", rappelle l’infectiologue.
Dès juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié des recommandations "pour limiter la diffusion du virus aux animaux de compagnie". "Lorsqu’une personne est infectée par le virus de la variole du singe, les mesures de précaution consistent à éviter au maximum les contacts entre l’animal et la personne infectée, idéalement en faisant garder son animal par une autre personne le temps de l’isolement ; avant chaque contact avec son animal, se laver les mains, puis porter des gants et un masque à usage unique", indique l’Anses.
"Il faut suivre ces recommandations. Après, au-delà de la théorie, il faut aussi faire en fonction de la faisabilité pratique de ces conseils pour les personnes concernées, pendant les 21 jours d’isolement. Mais ce premier cas de transmission de l’homme au chien doit amplifier notre vigilance", poursuit le Pr Gilles Pialoux.
"Il y a un vrai sujet concernant les rongeurs, étant donné la présence de nombreux rats à Paris, note par ailleurs l'infectiologue. La liste des animaux qui peuvent accueillir ce virus est extrêmement large. Si on ne prend cette maladie que par l’aspect humain, on ne s'en sortira pas."
L’Île-de-France, première région touchée par le monkeypox
Au niveau national, l'Île-de-France reste la région la plus touchée par la variole du singe avec 1 642 cas franciliens recensés par Santé Publique France le 16 août. Soit 60% des 2 749 cas confirmés en France. Aucun décès n’a été signalé à ce jour dans le pays. L’ultra-majorité des cas recensés en France sont masculins, mis à part 29 cas adultes de sexe féminin et 4 enfants de moins de 15 ans.
Depuis fin mai, l'Agence régionale de santé d'Île-de-France a mis en place un plan de lutte régional contre le monkeypox. Au-delà d’un espace dédié aux informations concernant la maladie sur le site de l’ARS, et "des canaux d’échange direct avec les associations communautaires", 31 centres de vaccination ont ouvert depuis début juillet. Paris compte 19 sites.
D’après le dernier bilan de l'OMS, 31 665 cas de variole du singe, dont 12 décès, ont été recensés au niveau mondial. L’organisation a déclenché le 24 juillet son plus haut niveau d'alerte, l'"urgence de santé publique de portée internationale", pour renforcer la lutte contre le monkeypox.