C'est une vente d'un tout nouveau genre qui a lieu ce mardi à Paris. Des NFT, des oeuvres d'art numériques, sont mises aux enchères par la maison Aguttes. Cette nouvelle technologie représente une avancée dans la commercialisation de contenus numériques mais elle soulève également de nombreuses interrogations.
Des photos numériques, des oeuvres abstraites, des paysages floraux, des collages. Une cinquantaine de lots est mise aux enchères. Leur originalité, ce sont des oeuvres d'art numériques, toutes dématérialisées. Des NFT, acronyme de "Non-fongible-token". En français, on parle de jeton-non-fongible.
"Parmi les NFT vendus se trouveront des photos, des vidéos et notamment des plans en 3D de la première cathédrale sur Mars", explique Maximilien Aguttes, le commissaire-priseur. En termes de prix, les lots les moins chers partiront à partir de 800 euros tandis qu'il faudra compter près de 70 000 euros pour repartir avec la cathédrale martienne !
NFT : Non-fongible-token
Ces NFT "représentent pour nous un nouvel outil d'expression artistique que nous avons à cœur de développer, car il est également un marqueur historique des avancées du monde digital", poursuit Maximilien Aguttes.
Le NFT s'achète en général en cryptomonnaie, comme par exemple le bitcoin ou en monnaie physique. Une fois acquis, le NFT est envoyé sur un porte-monnaie électronique et une clé USB. Dès que vous possédez un NFT, un code unique lui est attribué. Il devient un objet digital qui ne peut pas être copié. En théorie.
"C'est une technologie qui présente de nombreux risques"
La dématérialisation des œuvres soulève de nombreuses questions. Manuel Valence, Directeur scientifique au sein de la "Coin house" spécialisée dans les cryptomonnaies et les NFT prévient des éventuelles dérives.
"Le premier des risques apparaît lorsque l'on achète un NFT, car il est difficile de certifier l'authenticité et l'aspect unique d'un objet numérique qui, par définition est reproductible" explique-t-il.
Un autre risque réside dans l'achat d'images dont il est impossible d'acquérir les droits d'auteur. "Les droits d'auteur peuvent être accordés via une signature électronique qui permet de prouver l'authenticité du NFT en question", précise Manuel Valence. Pour illustrer son propos, il utilise la vente récente du tout premier tweet de l'histoire en NFT pour la somme de 2 millions de dollars. Pourquoi ce prix astronomique pour un tweet ? Car il a été authentifié comme ayant été rédigé par le fondateur du réseau social, Jack Dorsey.
Bulle spéculative ?
Enfin, Manuel Valence met en garde sur l'aspect purement spéculatif des NFT. "Le problème fondamental de cette technologie réside dans le fait que des gens vont investir d'énormes sommes d'argent sur des images qui ont une grande valeur à un instant donné, mais qui n'a pas de véritable valeur au-delà de la spéculation que l'on va faire dessus". Il conclut en expliquant qu'il est difficile d'estimer si ce modèle commercial est tenable sur du long terme.
Il est possible de participer à la vente "en vrai", de manière physique dans l'ancien bâtiment du Cours Florent dans le 4e arrondissement, mais également en ligne, dans la salle d'exposition virtuelle, appelée un metaverse.