VIDEO. Marcher pour dénoncer le tabou et déstigmatiser les personnes concernées par un trouble psychique

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150 personnes ont marché dans le bois de Vincennes, ce dimanche 11 juin, pour dénoncer la stigmatisation des personnes concernées par un trouble psychique ©Didier Morel / Bastien Moignoux / Laurence Puech / Julien Fagot / France Télévisions

"Marcher ensemble pour la santé mentale" : c'était leur mot d'ordre. Ce dimanche 11 juin au matin, plus d'une centaine de personnes ont marché dans le bois de Vincennes. Objectif : arrêter la stigmatisation des personnes concernées par un trouble psychique.

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Plus de 150 personnes se sont réunies pour marcher dans le bois de Vincennes, ce 11 juin au matin. Toutes et tous étaient présents pour dénoncer la stigmatisation des personnes concernées par un trouble psychique. Cette marche était organisée par le Psychodon. L'association organise pour la 5ème année un appel aux souscripteurs.

Une action organisée à la veille d'un concert de mobilisation à l'Olympia. Plusieurs artistes touchés de près ou de loin vont y participer dont le parrain Yannick Noah, Pomme ou encore Patrick Bruel. Un événement dont les recettes seront reversées à l'association Psychodon, agir pour la santé mentale.

12 millions de Français sont concernés par la dépression, la schizophrénie, les troubles bipolaires. Cela représente près d’une personne sur cinq, sans compter l'impact entraîné sur les familles. Les personnes concernées comme leurs familles reconnaissent que cela est parfois difficile, dans la vie de tous les jours.

Un regard inadapté de la société

Noémie a 17 ans. Cette Parisienne se souvient encore du jour où sa bipolarité a été diagnostiquée : "C'était il y a trois ans et demi. Les spécialistes pensaient d'abord à une dépression. Ils m'ont donné des antidépresseurs : cela a entraîné un 'virage hypomaniaque'. Ce n'est qu'après, que le psychiatre a diagnostiqué que je suis bipolaire." Dans son quotidien, elle est suivie en hôpital de jour avec d'autres adolescents qui ont "des problèmes similaires" au sien.

Ce qui la choque, c'est surtout le regard des autres porté sur la maladie. La caricature et les clichés, par exemple : "Il y a beaucoup d'abus de langage. On dit tout de suite qu'une personne qui a des changements d'humeur est bipolaire, ou d'une personne qui a plusieurs personnalités qu'elle est schizophrène." D'autres situations de la vie quotidienne l'interrogent aussi : "J'ai une carte handicapée, mais j'hésite parfois à l'utiliser dans le bus, par exemple. Beaucoup de personnes âgées me regardent mal ou me dévisagent quand je suis assise. Je suis obligé de sortir la carte pour prouver mon handicap. Comme si je n'étais pas légitime à être assise."

Elle, comme sa maman Myriam partagent toutes deux le même constat. "C'est une maladie invisible, et pourtant elle représente 80% des handicaps", rappelle Noémie. Sa maman abonde dans son sens : "Ce que je constate, c'est que le handicap invisible est plus difficile à faire comprendre. Cela se voit par exemple avec des questions comme 'Pourquoi vous la bourrez de médicaments ?' Avoir un enfant handicapé, c'est s'aventurer dans un terrain nouveau et inconnu. Il a fallu s'informer et découvrir un nouveau monde. J'ai appris à faire la distinction entre la bipolarité, la dépression, la schizophrénie. Ce n'est pas la même chose."

Pour Myriam, mère-aidante, l'explication est peut-être du côté du manque de connaissances du public. "La santé mentale regroupe les maladies mentales et les maladies psychiques. Les malades psychiques n'ont pas de baisse cognitive. Le cerveau fonctionne bien, et on peut vivre une vie tout à fait normale avec un suivi adapté par thérapie, avec un médecin, avec les médicaments. C'est une maladie chronique qui avec cet ensemble de choses fait que la vie se déroule normalement. On n'en guérit pas, mais on se soigne. On parle d'ailleurs de rétablissement et non de guérison", ajoute-t-elle. 

Quelques évolutions à noter

En dépit des perceptions parfois inadaptées, il y a tout de même de l'espoir. C'est ce que pense Myriam : "Il faut remercier le système public médical, car Noémie est bien suivie. Elle a de bons médecins qui la suivent et qui se concertent. Elle a une psychiatre référente et une en hôpital de jour. Tout cela, avec les parents qui font aussi partie des aidants et bien sûr, Noémie, qui fait elle aussi partie de son rétablissement." Même si sa fille est un peu plus nuancée : "En service pédopsychiatrique, il y a des choses à signaler, à améliorer. J'ai vu des personnes incompétentes, on en discutait avec d'autres amis de l'hôpital de jour. En revanche, j'étais suivie aussi en service de psychiatrie adulte, c'était mieux. Tout dépend en fait : chaque adolescent malade a ses spécificités."

Des espoirs que Myriam souhaite voir grandir. C'est le sens qu'elle a donné à sa présence aujourd'hui à la marche dans le bois de Vincennes. "Il faut donner de la visibilité à la santé mentale. C'est le parent pauvre de la médecine. Il y a une tendance à donner davantage d'importance à la santé physique plutôt qu'à la santé mentale. La crise du Covid a pourtant mis en lumière les problèmes de santé psychique des gens, par exemple chez les adolescents. On en a plus parlé qu'avant. Ce qu'il faut vraiment, c'est déstigmatiser les maladies mentales, et mieux les faire connaître", insiste la maman.

Des maladies dont le Psychodon souhaite se faire le relais, comme chaque année. La campagne de l'association est en cours. Pour le public, il est possible de faire ses dons sur ce site.

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