Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Paris est une ville où la nature est omniprésente, même sous ses formes les plus insoupçonnées. Le documentaire "Paris, Ville Nature" suit 7 parisiens passionnés qui vivent et font vivre la nature au quotidien dans la capitale.
Faucons à Notre-Dame, renards au Père Lachaise, orchidées sauvages dans les friches, cueillette à Vincennes ou pêche au brochet dans la Seine… Près de 2 800 espèces sauvages, aussi bien végétales qu‘animales ont été ainsi observées à Paris ces dernières années. Ce monde sauvage reste encore imperceptible pour un grand nombre d’habitants de la capitale qui semblent pourtant aspirer à une nouvelle forme de proximité avec la nature.
Le film « Paris, Ville Nature » nous entraîne dans une immersion au cœur de la nature à Paris, à travers les portraits croisés de 7 Parisiennes et Parisiens qui réussissent à garder un lien étroit avec elle malgré les obstacles de l’urbain. Chacun de ces personnages, à travers son activité, permet de découvrir une des facettes de la nature à Paris.
Sept personnages en quête de vert
- Emilie Biens - Illustratrice naturaliste
Vous pourrez rencontrer Émilie au détour d’une rue de la Butte Montmartre, crayon à la main, en train de dessiner une mésange charbonnière ayant niché à proximité du Sacré-Cœur, ou bien dans un tilleul du Jardin des Abbesses.
Pour Émilie, tout commence au lycée alors qu’elle effectue un stage au Museum d’Histoire Naturelle. Elle y dessine en cachette des crustacés, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des employés du Museum qui l’encouragent dans cette voie. Elle se perfectionne ainsi en dessin au cours de ses expériences professionnelles au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris et à l’Aquarium de la Porte Dorée, pour finalement devenir dessinatrice naturaliste.
Depuis 2016, Émilie a ouvert une galerie-atelier aux Abbesses qui est le seul espace artistique parisien dédié au dessin scientifique. Outre l’apprentissage du dessin, cette initiative vise à sensibiliser le public à la protection de l’environnement qui est l’un des combats quotidiens de l’artiste.
- Nicolas Davy – Photographe animalier
Jeune trentenaire à l’allure décontractée, ingénieur de formation, est un photographe amateur qui a pour passion la faune sauvage. Il n’y a qu’à aller faire un tour sur son compte Instagram pour s’en apercevoir. Celui-ci regorge de magnifiques clichés d’oiseaux, d’écureuils, de lapins ou bien encore d’insectes.
Parisien depuis toujours, il s’est naturellement tourné vers des animaux qu’il pouvait observer autour de chez lui, dans les bois et les parcs urbains. À travers ses clichés, il révèle au grand public une partie des êtres vivants qui peuplent la capitale mais qui demeurent invisibles pour le commun des mortels.
Au fil de sa pratique, il a su s‘accommoder de cet environnement urbain et en saisir ses limites afin d’en faire une force : « Je ne prétends pas que la ville est un terrain de jeu idéal pour la photo nature, mais on peut se servir de ses spécificités pour obtenir des images très intéressantes et parfois impossible à faire ailleurs. »
- Masami Charlotte Lavault - Horticultrice
Depuis une dizaine d’années, on voit pousser sur des toits ou dans des friches industrielles, des jardins urbains dans lesquels on sème, on cultive et on récolte. Celui de Masami, une trentenaire Franco-Japonaise lauréate en 2017 du concours "Parisculteurs", est un peu particulier : c’est le seul où l’on cultive uniquement des fleurs.
Ce jardin de 1200 m2 caché derrière le cimetière de Belleville abrite plus de 200 espèces différentes dont des nigelles de Damas, des cosmos, des calendulas ou bien encore des gueules de loups… Et Masami fait pousser toutes ces espèces sans pesticides ni engrais, en suivant les préceptes de la biodynamie. Une fois récoltées, afin de privilégier des circuits courts, elle va vendre ses fleurs directement à ses clients (fleuristes et particuliers), à vélo ou sur des marchés à proximité de sa ferme à fleurs.
La problématique environnementale est au cœur de la démarche de Masami, elle a choisi cette activité pour être en phase avec ses valeurs, contrairement à celles liées à son ancien métier de designer industriel qu’elle exerçait dans sa vie d’avant à Londres.
- Fernand Deroussen – Chasseur de chants
Le merle noir, la mésange charbonnière, le troglodyte mignon, le faucon crécerelle… autant d’espèces d’oiseaux qu’il est possible d’observer à Paris. Faut-il encore avoir les connaissances requises et l’oreille aiguisée.
Fernand est compositeur audio-naturaliste et membre bénévole de la Ligue de Protection des oiseaux Ile-de-France. Ce cinquantenaire discret à l’allure lunaire sillonne dès qu’il le peut les parcs et bois parisiens afin d’observer les oiseaux de la capitale. En plus de les observer, son obsession à lui c’est de les enregistrer. Plus qu‘un travail, c‘est sa passion, il a ainsi édité plus de deux cents ouvrages sur les sons de la nature, dont les albums “Mers & océans” et “Chants d’oiseaux” qui sont à ce jour seuls “disques d’or” sur les sons de la nature en France.
Son lieu de prédilection pour enregistrer et écouter ces chants ? Le parc des Buttes-Chaumont, un des “poumons verts” de Paris. « Aux Buttes, il y a plus de friches non fauchées que dans les autres parcs parisiens où il y a essentiellement des pelouses. Ici, les animaux ont de quoi se nourrir et peuvent se cacher, c’est le repère privilégié pour des oiseaux, on peut y observer pas moins de 42 espèces. »
- Aurélien Fiaux et Camille Reichers - Pêcheurs
Au fil des ans, la Seine voit fleurir sur ses berges parisiennes un nombre croissant de cannes à pêche. Elles et les pêcheurs qui les tiennent viennent s’adonner à un nouveau loisir en vogue : le streetfishing, littéralement : “l’art de la pêche en ville”.
Cette activité́ ne cesse de faire des émules chez les urbains, de par la diversité́ des poissons que l’on trouve actuellement dans la Seine, cassant ainsi l’image d’Épinal des gens qui pratiquent d‘habitude cette activité́. Brochets, sandres, gardons ou bien encore perches, on trouve désormais une trentaine d’espèces de poissons dans les eaux de la capitale et ce nombre va croissant grâce à l’amélioration de la qualité́ de l’eau.
Aurélien Fiaux et Camille Reichers, pêcheurs parisiens invétérés, ont ainsi décidé de monter le premier club de la capitale : la Naturlish Academy. Avec ce club, situé au bord du canal de l‘Ourcq, Camille et Aurélien, souhaitent pratiquer une pêche respectueuse de l’environnement au cours de laquelle les poissons sont systématiquement rejetés à l’eau. De plus, contrairement à la pêche traditionnelle, le leurre utilisé par les membres de la Naturlish est un appât factice souple en forme de poisson.
- Nadine Lahoud – Agricultrice sur les toits
En 2009, Nadine quitte le poste qu’elle occupe dans une grande enseigne de bricolage pour créer l’association Veni Verdi. Cette structure a pour vocation de faire découvrir la nature aux enfants des établissements scolaires parisiens, de créer du lien social et d‘implanter des jardins en milieu urbain pour agir sur notre environnement, notre société et notre économie.
Une envie apparue alors qu’elle récoltait des haricots verts dans un jardin partagé pas loin de chez elle. Un enfant est venu l’aider à les ramasser, et lui a dit : « Tiens, je ne savais pas que les frites poussaient comme ça ». « Là j’ai pensé qu’il fallait vraiment faire quelque chose».
La volonté de Nadine est de voir fleurir des fermes urbaines dans chaque arrondissement de la capitale pour faire jardiner tous les Parisiens et faire de chaque enfant “un passionné de la planète‘‘. L’association Veni Verdi vient d’être reconnue d’utilité publique et de recevoir la médaille des associations de la ville de Paris. Pourtant, au début, personne ne croyait à son projet : « Au départ, j’ai dû investir mon épargne personnelle car toutes les portes m’étaient fermées. Avec l’aide de la directrice du collège Henri Matisse (Paris 20ème), j’ai installé un jardin sur le toit de l’établissement sans autorisation administrative ».
- Christophe de Hody - Cueilleur
Christophe est cueilleur urbain et passionné de nature depuis toujours. Il aime se rendre quotidiennement au Bois de Vincennes, l’un de ses repères privilégiés, été comme hiver, pour cueillir et ramasser toutes les plantes et ingrédients dont il a besoin afin de se soigner et se nourrir.
Il en a fait son métier et via son entreprise, il organise régulièrement des sorties collectives afin de transmettre la connaissance des plantes sauvages et de leurs usages au plus grand nombre.
Chaque semaine, celles-ci affichent complet, témoignant ainsi de l’engouement des Parisiens autour de ces thématiques. À travers cette démarche, la volonté de ce trentenaire botaniste de formation et fondateur des “Chemins de la nature”, est de faire revenir le patrimoine végétal au goût du jour et de permettre à tout le monde de prendre conscience de cette richesse médicinale et alimentaire qui nous entoure.
"Paris Ville Nature" se décline sous 3 formats:
- Un film de 52 minutes diffusé ce jeudi 26 mai aux alentours de 23 heures, puis sur France.tv
- Une web-série de 7 portraits à retrouver ici
- Une série de 6 podcasts a écouter en se baladant dans les rues de Paris