Y aura-t-il des primaires à Paris ?

Le PS et l'UMP veulent organiser des primaires pour désigner leurs candidats à la mairie de Paris. Un voeu pieux. Mais cela est-il possible ? Et est-ce souhaitable ? Decryptage.

UMP et PS le proclament haut et fort. Il y aura des primaires ouvertes à la population pour désigner leur candidat respectif aux municipales de 2014 à Paris.
Et pourtant, rien n'est moins sur. Pour des raisons diamétralement opposées. A gauche, on a le savoir-faire mais pas de candidats. A droite, il y a pléthore de candidats mais pas le savoir-faire. Décryptage. 


PS recherche candidats désespérément 

Dans l'entourage d'Anne Hidalgo, ils sont nombreux à l'admettre sur le ton de la confidence : il n'y aura peut-être pas de primaires. Tout simplement parce qu'il n'y a pas de candidats pour se présenter face à la première adjointe de la mairie de Paris, pour l'instant seule candidate socialiste déclarée. Une primaire ouverte à la population n'aurait évidemment aucun sens s'il n'y a pas le choix. 

"Elle a coupé toutes les têtes qui pouvaient émerger", se lamente un des opposants socialistes à Mme Hidalgo qui s'arrête à ce  constat d'aigreur. Car pour l'heure, Jean-Marie Le Guen député de Paris se contente de jouer l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de la première adjointe. Mais, il ne précise pas ses intentions faisant entendre sa différence sur la question du Grand Paris.  "En développant ce thème, il dévoile sa stratégie, c'est la région Ile de France qui l'intéresse, pas la mairie de Paris", veut croire un soutien d'Anne Hidalgo. 

Celle-çi souhaite des primaires. "Et dès le mois de juin", a-t-elle répété ce matin au micro de nos confrères de France Bleu, s'opposant ainsi à la proposition du think-tank Terra Nova qui imagine des primaires au mois d'octobre. Afin de permettre une bonne organisation, mais aussi peut-être pour permettre à d'autres personnalités d'émerger. Car c'est là le paradoxe. Plus Anne Hidalgo souhaite des primaires précoces, plus il y a le risque qu'elles n'aient pas lieu, beaucoup estimant qu'en campagne depuis septembre, elle a pris trop d'avance et qu'il ne serait plus possible de la rattraper.

UMP recherche argent désespérément

Avant de se lancer officiellement dans la bataille de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet veut obtenir l'assurance de l'organisation de primaires ouvertes. Afin de légitimer par un vote sa candidature et contrer ainsi l'argument du parachutage. 
Mais, la fédération UMP a t-elle les moyens financiers d'organiser un scrutin ouvert à toute la population parisienne ? "C'est 100.000 euros", chiffre Jean-François Legaret, président du groupe UMP au conseil de Paris. Un chiffre qui ne repose pas sur grand chose car une donnée inconnue plane sur ce scrutin. Combien pourrait-il y avoir de votants ? Combien de parisiens sympathisants de l'UMP pourraient se déplacer en plein mois de mai ou juin, période de ponts divers ? 

Il n'y a aucune référence si ce n'est les 200.000 votants parisiens à la primaire socialiste pour la présidentielle. Mais une élection municipale peut-elle autant mobiliser ? Un responsable de la fédération UMP de Paris table sur 150.000 participants. Là encore, un chiffre qui ne repose sur pas grand chose mais qui a le mérite d'avoir une signification politique. Cela correspondrait  à environ 10% du corps électoral parisien. 

Car, certains à l'UMP craignent qu'une faible participation n'aille à l'encontre de l'effet recherché. Les primaires censés donner un élan se transformerait en une réputation d'indifférence polie.

L'UMP reste traumatisée par le  vote interne à la présidence de l'UMP. Dans le XV ème et le XVI ème, les deux plus gros contingents de militants de la capitale, l'organisation avait été défaillante. "Il faut un bureau de vote pour mille personnes", estime un élu UMP. Mais le problème, c'est que personne n' a aucune idée du nombre de participants éventuels à cette primaire, rendant compliqué son organisation. L'UMP peut-elle se permettre de revivre un nouveau fiasco ? 

Etats-Généraux contre primaires

Enfin des primaires ouvertes à la population plutôt qu'un vote simple des militants n'ont de sens que si plusieurs partis y participent. Or, les alliés possibles du PS comme de l'UMP refusent de concourir à un tel scrutin. Ils estiment pouvoir mieux peser dans le cadre de négociations classiques entre partis. 

Jean-Louis Borloo, patron de l'UDI et Pierre Laurent, patron du PCF en appellent à des états-généraux, regroupant toutes les forces respectives pour discuter arrondissement par arrondissement. Une appellation qui permet de donner des gages à l'air du temps.

Car cet "air du temps", est l'argument évoqué par les élus de chaque camp quand on leur demande les raisons de primaires ouvertes. "Si on ne le fait pas, nous serions ringards", répondent à peu près mots pour mots, des élus UMP et PS, guère plus convaincus que cela.

La situation actuelle ressemble à une course de cyclisme sur piste. Chacun s'observe dans une séquence de surplace. Mais dès que l'un attaquera et décidera officiellement de l'organisation de primaire ouverte, l'autre suivra ne voulant pas laisser à son adversaire l'apanage de la modernité.



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