La mairie de Paris prépare la mise en place d’une "zone à trafic limité" dès 2022 : un projet censé réduire drastiquement le trafic au centre de la capitale, en interdisant l’accès à de nombreux véhicules. Les chauffeurs de VTC s’insurgent contre le dispositif annoncé.

Les VTC (voitures de transport avec chauffeur) seront-ils bientôt bannis du centre de Paris ? La profession s’inquiète face à la future "zone apaisée" (ou "zone à trafic limité") portée par la mairie. Le projet, dont la concertation a été lancée en mai 2021, vise à lutter contre la place prise par le trafic automobile dans l’espace public, en interdisant à de nombreux véhicules à moteur de circuler dans un secteur englobant les quatre premiers arrondissements ainsi qu'une portion au nord du boulevard Saint-Germain.

En plus des vélos, des bus et des résidents, certaines professions devraient également être autorisées à accéder à la zone, comme les taxis ou les livreurs. Les VTC, eux, ne figurent pas pour l’instant parmi les exceptions. 

Fabien Verbrugghe, chauffeur de VTC depuis 10 ans, a calculé que l’interdiction ferait baisser de 30 % son chiffre d’affaires : "On passe une attestation pour être chauffeur, qui est d’ailleurs la même que les taxis. On a le même code métier, on est des artisans... On va nous interdire alors qu'on a les même caractéristiques que les taxis."

J’ai une grosse partie de ma clientèle dans les arrondissements en question

Marc Niederlender, secrétaire adjoint de FO VTC Paris

Un sentiment d’injustice partagé par Marc Niederlender, secrétaire adjoint de FO VTC Paris. "J’ai une grosse partie de ma clientèle dans les arrondissements en question, souligne-t-il. Avec ce projet, on nous enlève quasiment la possibilité de travailler sur Paris. Vu le nombre d’habitants qui y résident, mais aussi tous les restaurants ou encore les grands hôtels qui s’y trouvent… C’est le cœur de notre métier. C’est là où se concentre la majeure partie des clients."

"On n’est pas en guerre contre les taxis, mais il faut qu’on montre notre mécontentement"

En colère face au projet, Marc Niederlender reproche à Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, de "faire du lobbying pour les taxis" : "Elle ne doit pas favoriser une profession par rapport à une autre… Encore une fois, les VTC sont montrés du doigt, c’est du grand n’importe quoi."

Afin de convaincre la mairie, les fédérations de chauffeurs de VTC ont commandé une enquête d’opinion à Harris interactive. Une étude réalisée auprès des habitants et des commerçants, mise en avant par Laureline Serieys, directrice générale d’Uber France : "Parmi les utilisateurs de transports en commun, 63 % disent que lorsqu’il n’y a plus de transports en commun, ils comptent sur les VTC pour pouvoir rentrer chez eux. Par exemple le samedi soir, quand vous sortez boire un verre et que vous rentrez tard..."

Aujourd’hui, nous ne savons pas exactement combien de VTC roulent à Paris et, surtout, nous ne pouvons pas en limiter le nombre

David Belliard, adjoint à la mairie de Paris en charge des transports et des mobilités

De son côté, la mairie explique que le numerus clausus des taxis permet une traçabilité, dans le cadre de la zone à trafic limité. "Aujourd’hui, nous ne savons pas exactement combien de VTC roulent à Paris et, surtout, nous ne pouvons pas en limiter le nombre, affirme David Belliard (EELV), adjoint à la mairie de Paris en charge des transports et des mobilités. C’est une différence qui explique qu'aujourd'hui nous avons proposé comme "ayants droit" les taxis mais pas, encore, les VTC. Tout ça reste à discuter."

Si David Belliard rappelle que la "concertation" est toujours "en cours", Marc Niederlender dit ne pas se faire d’illusions : "Tout ça, c’est du vent… Je pense malheureusement que la décision a déjà été prise et qu’on n’aura pas gain de cause, les VTC vont être exclus." "On n’est pas en guerre contre les taxis, mais il faut qu’on montre notre mécontentement, on n’a pas fini de nous entendre", poursuit le secrétaire adjoint de FO VTC Paris, qui annonce d’ailleurs que des manifestations devraient avoir lieu "dès la rentrée".

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