Prolongement de la ligne 1 : "Ce n’est pas parce qu’on défend le métro qu’on veut bétonner la nature"

Désenclavement de l’Est parisien, sauvegarde du bois de Vincennes… Alors que le projet d’extension de la ligne 1 de Vincennes à Fontenay-sous-Bois suscite des débats, l’enquête publique commence lundi 31 janvier.

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D’ici 2035, la plus ancienne ligne du métro parisien pourrait gagner cinq kilomètres de voies, pour 95 000 à 120 000 usagers quotidiens supplémentaires. Le prolongement de la ligne 1, qui traverse aujourd’hui la capitale de La Défense jusqu’à Château de Vincennes avec des rames automatiques, a pour projet de relier la station de RER Val-de-Fontenay à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Le tout en passant par deux nouvelles stations : Les Rigollots à Fontenay et à la lisière de Vincennes (Val-de-Marne), et Grands Pêchers à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le coût du chantier est estimé à plus de 1,3 milliard d’euros, selon Île-de-France Mobilités.

Suite à des études préliminaires menées ces dernières années, le projet - déjà envisagé dans les années 1930 - fait l’objet dès lundi 31 janvier d’une enquête publique. Cette étape, initialement prévue en novembre dernier, avait été repoussée. Après un avis réservé de l’Autorité environnementale quant à l’impact écologique de l’opération, et un avis négatif du Secrétariat général pour l’investissement, concernant le coût et la rentabilité du projet, l’avenir du chantier devenait alors de plus en plus flou. Face à ces incertitudes, les élus de Montreuil, Fontenay-sous-Bois et Vincennes s’étaient donc mobilisés, avec une manifestation organisée le 20 novembre dernier pour défendre le maintien de l’enquête publique. En fin d’année dernière, l’Etat a finalement donné son feu vert.

Alors qu’une réunion publique en visioconférence s’est tenue mardi 25 janvier pour présenter l’état du projet, en présence des maires de villes concernées, l’enquête publique s’annonce être "une étape importante" pour Gaylord Le Chequer. "On s’est battu pour son maintien, explique le premier adjoint au maire de Montreuil Patrice Bessac (PCF), en charge notamment des transports lourds. On craignait de voir le projet mis de côté, pour des raisons essentiellement économiques. L’enquête publique marque un temps démocratique pour donner à comprendre l’enjeu du dossier, et pour que les habitants s’en saisissent. C’est aussi l’occasion de répondre aux préoccupations et aux interrogations de certains. Chacun doit pouvoir s’exprimer."

Le chantier doit permettre de désenclaver des quartiers qui sont actuellement éloignés de tout mode de transport

Gaylord Le Chequer, premier adjoint au maire de Montreuil Patrice Bessac (PCF), en charge notamment des transports lourds

Selon Gaylord Le Chequer, "il n’y a que des avantages pour les territoires et les plus de 100 000 personnes concernés" : "Le chantier doit permettre de désenclaver des quartiers qui sont actuellement éloignés de tout mode de transport. De nombreux habitants n’ont pas d’autre choix que de se déplacer en voiture. On a besoin d’une infrastructure de transport moderne et digne de ce nom pour le bien être de tout l’Est parisien. La ligne 1 va aussi permettre de desservir un poumon économique, avec Val-de-Fontenay. On a hâte d’avancer et de poser les premières pierres."

Une pétition en ligne contre un "massacre du bois de Vincennes" et des "nuisances engendrées par des travaux extrêmement bruyants"

Du côté des opposants au projet, une pétition en ligne a été lancée par le collectif "Touche pas à mon Bois", sur le site Change.org. Le texte, qui réunit à ce stade plus de 62 000 signatures, dénonce un risque de déboisement et un possible "massacre du bois de Vincennes" : “Les promoteurs du projet ont décidé de creuser le puit de sortie du tunnelier et une large partie du tunnel à ciel ouvert, dans le bois de Vincennes. L’emprise du chantier dans le bois est estimée à 20 000 m2 (la superficie d'environ 100 terrains de tennis) qui vont être déboisés et partiellement bétonnés. Des milliers d’arbres, dont certains plus que centenaires, vont être abattus !"

Le collectif évoque aussi de futures "nuisances engendrées par des travaux extrêmement bruyants et polluants prévus pour durer au moins 8 ans, impliquant l’excavation de milliers de tonnes de terre du bois de Vincennes, qui transformeront en no man’s land l’une des zones de loisir et de promenade préférée des franciliens, entre le parc floral et le lac des minimes".

La pétition considère enfin qu’il existerait "de nombreuses alternatives" : "Utiliser la ligne déjà existante à l’arrière de la gare du château de Vincennes qui relie le terminus actuel à la station de maintenance de Fontenay-sous-Bois, privilégier une ligne de tramway au parcours plus flexible, ou plus simplement investir les 1,5 milliards d’euros du projet dans la modernisation du RER A qui suit exactement le même parcours que la ligne 1 en plus rapide".

"Si on prend une à une les alternatives proposées, elles semblent complètement inenvisageables"

Face aux critiques, les municipalités et les défenseurs du projet pointent du doigt des chiffres exagérés et des approximations. "Si on prend une à une les alternatives proposées, elles semblent complètement inenvisageables, estime Sylvain Blanquet, président de l’association Métro Rigollots Val-de-Fontenay. Utiliser une ligne déjà existante ? Elle est dédiée à l’atelier de maintenance de Fontenay, pour l’entretien des rames à pneus. C’est impossible de bloquer l’accès. Concernant le RER A, le pilotage est déjà automatisé, avec des rames à deux étages… Je ne vois pas comment on peut encore essayer d’améliorer la capacité et la cadence. Pour ce qui est de la proposition de privilégier le tram, il suffit de regarder la voirie, ça empêcherait à l'ensemble des véhicules, y compris à ceux des secours, de passer."

Créée il y a 15 ans, l’association qui réunit 1500 habitants met en avant l’utilité du prolongement. "Le secteur est particulièrement difficile pour les bus, c’est saturé, ça diminuerait les embouteillages, souligne Sylvain Blanquet. Le projet va aussi permettre d’assurer de nombreuses correspondances. Et il faut aussi penser au Grand Paris Express, de nombreuses entreprises vont s’installer le long de la ligne 15… Globalement, l’enjeu social est important : le métro amène des perspectives aux gens qui habitent dans des quartiers enclavés."

On reste vigilant pour que le reboisement se fasse sur place

Sylvain Blanquet, président de l’association Métro Rigollots Val-de-Fontenay

"Pour améliorer la vie au quotidien, il faut savoir accepter des changements, ajoute-t-il. Et la défense du bois de Vincennes n’est pas l'apanage de quelques-uns. J’habite à côté du bois. Ce n’est pas parce qu’on défend le métro qu’on veut bétonner la nature et qu’on est des grands méchants loups. La solution retenue pour les travaux semble générer un moindre impact et doit donner lieu à une compensation : trois arbres devront être replantés pour chaque arbre abattu. On reste vigilant pour que le reboisement se fasse sur place. Tout cela doit bénéficier au bois de Vincennes. A noter aussi que le métro contribue à diminuer la place de la voiture, et à rendre les rues plus agréables pour les vélos."

Quant au calendrier de l’enquête publique, deux réunions sont prévues en février à Fontenay-sous-Bois : le jeudi 10 à 19h30, à la salle Jacques Brel ; et le mardi 15 également à 19h30, au gymnase Léo Lagrange. Permanences, propositions… Les informations complémentaires sont données sur les pages dédiées à l'extension de la ligne 1 sur les sites de Montreuil, Vincennes et Fontenay-sous-Bois. L'enquête publique doit se dérouler pendant quatre semaines, jusqu’au mercredi 2 mars. Suivront, avant les travaux, encore plusieurs années d’études.

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