Le recteur de l'Académie de Paris, Christophe Kerrero s'est rendu ce lundi dans une école du 12e arr. de Paris alors qu'un nouveau protocole sanitaire est entré en vigueur dans les établissements scolaires. Tests, profs absents, inquiétude des syndicats, Christophe Kerrero a répondu à nos questions.
Ce lundi, un nouveau protocole sanitaire de l’Education nationale entre en application dans les écoles. Un protocole adapté à la situation épidémique actuelle avec le variant Omicron, plus contagieux que les autres variants connus jusqu’à présent.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l’école, France 3 Paris Ile-de-France a interviewé le recteur de l’Académie de Paris Christophe Kerrero.
Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes et la philosophie du nouveau protocole sanitaire ?
L’idée est d’accueillir le plus possible les élèves dans les classes et dans les meilleures conditions sanitaires, pour eux comme pour les professeurs. La nouveauté [du protocole sanitaire] est qu’il n’y a plus de fermeture des classes, ni d’isolement des cas contacts.
Pour les cas positifs, il y a un isolement de cinq jours. Si le test est négatif à J+5, ces derniers peuvent revenir en cours. Cette règle est valable pour les élèves comme pour les adultes.
L’enjeu, c’est que les enfants soient à l’école
Christophe Kerrero, recteur de l'Académie de Paris
Pour les cas contacts, les élèves ou les professeurs vont se faire tester à la pharmacie une première fois. S’ils sont négatifs, ils peuvent revenir. La pharmacie leur donne ensuite deux autotests et ils se testent eux-mêmes à J+2 et J+4. Et si c’est négatif à chaque fois, ils peuvent rester à l’école [les élèves doivent aussi fournir une attestation sur l’honneur signée des parents, ndlr].
L’enjeu, c’est que les enfants soient à l’école et puissent bénéficier des apprentissages et de leur vie sociale.
Le nouveau protocole est-il suffisant pour faire face à l’épidémie, notamment à la circulation du variant Omicron?
L’expérience le démontrera. Je ne suis ni médecin, ni scientifique. Mais je me fie à ce que disent les autorités médicales, sanitaires et la Haute autorité de santé qui ont décidé de cela. Le variant omicron est effectivement très contagieux, et sans doute moins dangereux. Mais la grande majorité des Français est vaccinée ce qui réduit, de fait, le risque de problèmes.
Chacun, professeurs et élèves, porte le masque, en intérieur et extérieur. Comme j’ai pu le constater personnellement dans une école ce matin. Les professeurs et les enfants étaient également heureux de se retrouver après les vacances de Noël et du Nouvel an. On a eu une rentrée possible, à ce détail près, que tout le monde porte le masque.
Quels moyens de contrôle l’Education nationale a-t-elle pour s’assurer du respect entier de ce nouveau protocole?
Le gouvernement mise sur la responsabilité individuelle et collective dans cette crise. On a une part de responsabilité quand on est parent, celle de ne pas envoyer son enfant à l’école quand il est malade. C’est vrai en crèche, en primaire, au collège et au lycée. On n’a pas de moyen de vérifier absolument.
Je pense que l’immense majorité des parents jouera le jeu
Christophe Kerrero, recteur de l'Académie de Paris
Les enfants devront montrer au directeur d’établissement l’attestation sur l’honneur signée par les parents, et non les tests qu’ils ont réalisé. Je pense que l’immense majorité des parents jouera le jeu et c’est le pari que nous faisons collectivement.
Que répondez-vous aux parents d’élèves qui craignent un absentéisme des enseignants?
Nous nous sommes préparés à cette éventualité. [Dans l’Académie de Paris] Nous avons avons 600 remplaçants ‘ordinaires'. Et nous avons recruté 80 contractuel(le)s supplémentaires pour faire face à un possible absentéisme des professeurs. Nous recrutons encore d’autres contractuel(le)s.
nous avons recruté 80 contractuel(le)s supplémentaires pour faire face à un possible absentéisme des professeurs
Christophe Kerrero, recteur de l'Académie de Paris
Après avoir fait un décompte ce matin, nous avons 780 professeurs actuellement absents devant élèves. Il y en avait 535 à la même période l’année dernière. Nous sommes donc aujourd’hui à 13% d’absentéisme, contre 9% l’an dernier. Il y a un peu plus d’absentéisme et nous faisons face en recrutant plus de contractuel(le)s.
Que dites-vous à certains syndicats qui estiment que ce nouveau protocole sanitaire va rendre plus difficile les conditions de travail ou qui réclament par exemple le retour à la politique de fermeture d'une classe dès le premier cas positif ?
Ça fait deux ans qu’on est dans une crise majeure. Et il ne faut pas mésestimer les progrès en cours : la vaccination, mais aussi la forte réactivité de l’institution qui s’est habituée et qui a beaucoup augmenté. Ces progrès permettent aujourd’hui de vivre beaucoup plus "normalement" qu’il y a un an.
Sur la fermeture d'une classe dès le premier cas positif, tout dépendra du risque sanitaire. Ce n’est pas moi qui le décide. Mais il y a des évolutions. Le principal enjeu, c’est que les élèves soient accueillis à l’école. Ils en ont besoin pour se construire socialement mais aussi pour apprendre. C’est vital.
