Pour la première fois, à Dammarie-lès-Lys, un hommage a été rendu à Hélène Brossard, infirmière pendant la Première Guerre mondiale. C’est grâce aux recherches d’une ancienne institutrice, que la ville a découvert l’histoire de cette femme dont seule l’initiale du prénom était inscrite sur le monument aux morts.
Hippolyte, Henri, Hector… encore aujourd’hui à Dammarie-lès-Lys, presque personne n’imagine que le nom H.Brossard gravé sur le monument aux morts concerne une femme. Hélène Brossard, infirmière pendant la Grande guerre. Pour la première fois ce 11 novembre, un hommage lui a été rendu grâce au travail d’une institutrice à la retraite.
Il y a une quinzaine d’années, Florence Martin-Séchaud fait travailler ses élèves de CM2 sur les noms du monument aux morts de 14-18 pour les sortir de l’anonymat. "Un restait énigmatique Brossard H, donc j’ai cherché tous les Henri Hector et autres prénoms masculins et le recensement de 1911 m’a fait apparaitre une Brossard Hélène, fille de domestique du marquis de Mun ", raconte l‘institutrice. Mais il fallait encore prouver qu’il s’agissait bien d’elle sur le monument. Car sur l’acte de naissance d’Hélène Brossard, pas de mention de décès même si la jeune femme n’apparait plus sur le recensement de 1922.
Une recherche de plusieurs années
Le début d’une recherche de longue haleine pour l’institutrice entre les archives et les réseaux sociaux. Florence Martin-Séchaud réussit à contacter la famille qui lui apprend l’histoire de cette Dammarienne.
En octobre 1914, Hélène Brossard part pour Toulon où embarquent les premières troupes britanniques en direction des Dardannelles. Infirmière bénévole, elle soigne les blessés de guerre. Dans un courrier à ses proches, elle écrit : "Il ne faudra pas vous étonner à la maison si je ne suis pas de retour à Melun. Je ne suis pas prête d'y retourner, pas avant que la guerre soit finie". Hélène Brossard ne reviendra jamais, elle décède du typhus en février 1915. Elle avait alors 22 ans et laissait un fils orphelin.
Sept ans plus tard, en juillet 1922, le conseil municipal de Dammaries-lès-Lys décide d’inscrire son nom sur le monument qu’il érige en hommage aux morts de la Grande Guerre. Son fils Pierre, orphelin de guerre n’a jamais su qu’il s’agissait du nom de sa mère.
Plusieurs années après ses premières recherches, Florence Martin-Séchaud résout l’énigme H.Brossard en découvrant la délibération de ce conseil municipal de juillet 1922 dans les archives de la ville. Hélène Brossard est bien la seule femme présente sur le monument.
Peu de monuments de la Première Guerre mondiale portent le nom d’une femme
100 ans après son inscription sur le monument aux morts, à Damarie-lès-Lys, cet hommage à cette femme et à toutes les femmes de ce conflit meurtrier touche les habitants réunis pour la commémoration. En France, seuls quelque rares monuments de la Première Guerre mondiale portent le nom d’une femme. "C’est émouvant, je trouve. On a quand même rendu hommage au courage d’une femme à une époque où la place des femmes n’était pas celle d’aujourd’hui", se félicite Paul Varenguin, étudiant et correspondant pour la République de Seine et Marne.
"Il y a une autre femme qui est indiqué sur le monument aux morts de la Ferté-sous-Jouarre, il y en a un aussi dans les Yvelines, il y en a quelques-uns mais c'est très rare", détaille Florence Martin-Séchaud.
L'ancienne institutrice a prévu de poursuivre son travail pour sortir de l’anonymat les Dammariens qui ont perdu la vie lors de ce conflit si meurtrier. "Il y a cent noms inscrits sur le monument alors que la ville ne comptait que 1500 habitants à l’époque ! ".