Les conducteurs de bus dénoncent une forte détérioration de leurs conditions de travail avec la mise en place de l'ouverture à la concurrence dans ce réseau de bus en Seine-et-Marne.
Plusieurs dizaines de salariés se sont donnés rendez-vous à Melun ce lundi alors qu'ils sont en grève depuis près d'un mois. Un mouvement inédit et très suivi par les conducteurs de bus qui dénoncent une dégradation des rémunérations et des conditions de travail.
"On a peur de l'accident, c’est-à-dire des chauffeurs qui s'endorment au volant, des surcharges de travail", alerte Abdelkader Slimane, délégué syndicat Sud-UST. Plannings chamboulés, horaires étendus et des coupures moins payées : les revendications sont multiples.
"Je vais vous donner un exemple. Je fais descendre mes clients à la gare de Melun à 40. J'ai un départ à 55. Pendant ce laps de temps, je ne suis payé qu'à 50%. Pourtant, je suis toujours au travail", raconte Mohamed Abdel, délégué du personnel Solidaires.
Plusieurs centres de la région touchés
Ces grèves s'étendent sur plusieurs sites. En Seine-et-Marne (les dépôts de Sénart, de Melun Vulaines, Marne-la-Vallée, Montereau-Fault-Yonne), mais aussi dans certains autres comme celui de Saint-Gratien dans le Val d'Oise. De son côté, la direction de Transdev réfute toute dégradation salariale.
"Il n'y a aucune perte de salaire puisque l'on fait une garantie de rémunération de tous les éléments sur les 12 derniers mois. Ce qui change, c'est l'organisation du travail avec une évolution des feuilles de service des conducteurs", indique Alain Moubarak, directeur d'établissement à Transdev IDF-Est.
Ce dernier expliquait la semaine passée que cette réorganisation allait toucher plusieurs centres dans la région : "On va passer de 140 contrats à 40 contrats remodelés. Cela nécessite un redécoupage des périmètres, une réaffectation des lignes. Donc on réorganise les entreprises et cela accompagne beaucoup de changements qui apportent beaucoup de perturbations".
Ouverture à la concurrence
Mais les discussions entre direction et représentants des salariés semblent être au point mort. "Aujourd'hui, on ne se bat pas pour des primes ni pour une augmentation de salaire mais pour nos conditions de travail. Aujourd'hui on n'est pas là pour de l'argent mais pour travailler convenablement, transporter les gens convenablement. Et quand je suis derrière mon volant, je dois être payé à 100%. Maintenant, on n'arrive pas à trouver de solution avec eux. On a demandé un médiateur, on n'attend de voir ce que la direction nous propose", expliquait lundi dernier Jamel Abdelmoumni, délégué central Transdev IdF Sud Rail.
Cette grève est le résultat d'une vaste réforme dont l'étendue touchera l'ensemble des Franciliens : l'ouverture à la concurrence de toutes les lignes du réseau régional. Premières concernées, les plus de 1200 lignes de bus du réseau Optile, en moyenne et grande couronne.
L'autre effet de la réforme est la renégociation de l'accord entre Ile-de-France Mobilités, l'autorité régulatrice des transports dans la région, et Transdev qui engendre une suppression des acquis sociaux des chauffeurs de bus.
En bout de course, les usagers, pour qui est prévu ce service public, sont victimes de cette situation. À Melun, l'un d'entre eux affirme mettre plus d'une heure et demi de plus sur son trajet quotidien.