Loin des enjeux du Grand Paris Express, des élus et des habitants de la commune de la Ferté-Gaucher, à l'est de la Seine-Marne se battent pour la réouverture de la ligne ferroviaire fermée depuis 22 ans.
"On est sur la bonne voie, si je puis dire". À titre personnel, Didier Bernard, ex-agent à RATP, se déclare "plutôt confiant" quant à la renaissance à terme, de la ligne Coulommiers - La Ferté-Gaucher. "Il y a d'autres lignes en France où ça s'est fait ( ...) donc ça ne me paraît pas impossible", confie-t-il.
Didier Bernard, qui a milité dans de nombreuses associations pour la sauvegarde ou la réouverture d'anciennes lignes, est depuis mai dernier, administrateur de l’association citoyenne Grand Morin Trans'Fer. Une quarantaine d'adhérents compose cette association mobilisée pour la renaissance de cette ligne de 19 km fermée depuis maintenant 22 ans.
"Auparavant, cette ligne était à double voie, et elle a été mise à voie unique dans les années 60. Elle a été desservie par des autorails qui n'étaient pas des autorails Île-de-France, mais de l'est de France. Ils faisaient la navette entre Coulommiers et La Ferté-Gaucher", rappelle Didier Bernard.
Aujourd'hui, la ligne de transilien P qui part de la gare de l'Est à Paris, ne va pas plus loin que Coulommiers. Il faut prendre ensuite le bus pour joindre la Ferté-Gaucher.
Les militants de l'association Grand Morin Trans'Fer le clament. La réhabilitation de cette ligne qui est encore propriété de SNCF Réseau, est justifiée. D'abord pour répondre aux besoins de déplacements des habitants de la Ferté-Gaucher - 4 900 résidents, de ceux de la vallée du Haut Morin, mais aussi pour favoriser l'accès, la création et le maintien d'emplois sur le territoire et permettre le transport de fret.
Michel Jozon, le maire SE de la commune qui a organisé une consultation citoyenne à ce sujet il y a un an et demi, approuve. "La ligne qui existait avant sa fermeture en 2022, a permis à toute la vallée de s'industrialiser. Aujourd'hui, les entreprises sont parties, les entreprises sont mortes. Elles sont quasiment absentes du territoire. Le rail nous amènerait tellement de bénéfices en termes économiques, touristiques et de désenclavement. Il donnerait des chances supplémentaires à notre territoire de revivre", affirme l'élu.
Une voie auscultée
"Depuis 2020, on demande la réalisation d'une nouvelle étude pour savoir quel pourrait être le devenir de cette ligne et on a reçu aucune réponse", déplore le maire qui a décidé de prendre les choses en main. Début juillet, la municipalité de la Ferté-Gaucher s'est attachée les services payants d'un cabinet d'étude pour expertiser la voie ou ce qu'il en reste.
De leurs côtés, des membres de l'association Grand Morin Trans fer se sont mis aussi sur les mêmes rails pour faire leur état des lieux. "La voie est envahie par la végétation. Elle a été rafistolée au fil des années. Il y a des traverses, des boulons qui ont été changés ponctuellement quand il y en avait besoin. Il semblerait que ce serait plus économique, plus rentable et plus pérenne, de carrément déposer entièrement la voie et d'en reposer une nouvelle", avance Didier Bernard.
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Aujourd'hui, le maire attend les conclusions du rapport du cabinet d'étude qui a ausculté la voie. En septembre prochain, il organisera un débat public sur l'avenir de la ligne. Dans son combat, la municipalité a reçu le soutien de plusieurs élus. Une sénatrice PCF et un sénateur RN ont posé chacun une question sur l’avenir de la ligne au Sénat.
Michel Jozon peut aussi compter sur le renfort du président du Département de Seine-et-Marne. Un soutien de poids qui se heurte à une opposition manifestée par un autre élu voisin et influent de Seine-et-Marne, Franck Riester, député réélu de la 5e circonscription du département. "Il y a un consensus des politiques pour dire qu'une étude nécessaire sauf que localement Coulommiers et la Communauté de Communes agissent de concert pour bloquer la situation."
