En raison de la sécheresse, la totalité des départements franciliens est en vigilance, alerte ou alerte renforcée selon le degré de gravité. Les préfectures prennent tour à tour des mesures de restrictions concernant l'usage de l'eau. Comme en Seine-et-Marne qui abrite la plus grande nappe phréatique d'Île-de France
C'est l'une des mesures imposées par les autorités publiques en cas de sécheresse : l'arrosage raisonné des massifs floraux dans les communes.
Au sud-est de la Seine et Marne, la ville de Provins s'enorgueillit de cultiver de nombreux massifs floraux : "50 000 végétaux plantés chaque année, dont 30 000 pour la période estivale", peut-on lire sur le site internet de la mairie.
Mais Provins, comme beaucoup d'autres communes de département, subit les conséquences d'une sécheresse persistante et doit s'adapter. "Les équipes du service espaces verts arrosent les massifs le plus tôt possible le matin" , déclare Olivier Lanka, le maire de Provins qui précise que sa commune est en situation de "vigilance et pas de restriction à ce stade ".
"Pire qu'en 2022"
La sous-préfecture de Provins est située juste au-dessus de l'une six nappes phréatiques qui s'étalent dans le sous-sol seine-et-marnais, précisément au-dessus de la nappe de Champigny,
Pour Laurence Durance, la directrice de l'association AQUI’brie qui évalue régulièrement le niveau de l'eau de la nappe de Champigny en Seine-et-Marne : "c’est pire qu'en 2023, le niveau de la nappe aurait dû se recharger de novembre à mars ( .. ) les pluies qui pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines ne seront pas suffisantes", affirme-t-elle. "Il faudrait des inondations équivalentes à celles que l'on a connues en 2016 pour recharger la nappe" ajoute Laurence Durance.
L'association AQUI'bri alerte les élus et les usagers depuis plusieurs mois :" Faute de pluies, il est temps d'économiser l'eau de Champigny".
La nappe souterraine des calcaires de Champigny est la principale ressource d'eau souterraine en Île-de-France. Une ressource en eau stratégique pour l’approvisionnement en eau potable d’un million de Franciliens. Elle alimente également des industriels et plus de 80 exploitants agricoles. Elle s’étend dans la vallée de la Marne au nord, dans la vallée du Provinois à l’est, dans le plateau de Brie à l’ouest et dans la vallée de la Seine à Montereau-Fault-Yonne, au sud.
Le 20 avril dernier, la préfecture de Seine-et-Mars avait déjà placé le secteur Est de la nappe en alerte et imposé des restrictions d'usage de l'eau.
Un cinquième arrêté sécheresse
Le 16 juin dernier, un nouvel arrêté préfectoral sécheresse a été signé mettant tout le département au moins en situation de vigilance, mais plaçant certaines zones à des niveaux de restriction plus sévères. Comme le bassin de l'Orvanne ou celui de l'Ancouer élevés à un niveau d'alerte renforcée.
Dans les communes qui dépendent de ces bassins, les mesures de restrictions qui comportent quatre niveaux de gravité, de l'alerte à la crise, sont plus contraignantes comme le précisent les autorités publiques :
- Interdiction du lavage des véhicules en dehors des stations professionnelles, sauf pour les véhicules ayant une obligation réglementaire ;
- Limitation, voire l’interdiction (en situation d’alerte renforcée ou de crise) du lavage de la voirie, des trottoirs, des façades, des terrasses... ;
- Limitation horaire de l'arrosage des pelouses et des espaces verts et sportifs publics et privés ;
- Limitation horaire, d'arroser les jardins potagers et les massifs floraux. Quelle que soit la situation, il est autorisé d’arroser les jardins potagers après 20 h et avant 8 h ;
- Suspension de l'alimentation des fontaines publiques en circuit ouvert ;
- Interdiction de remplir les piscines à usage privé et les plans d'eau (sauf utilisation commerciale).
Au total : 121 communes du département ont été placées en alerte ou alerte renforcée par le nouvel arrêté préfectoral selon les bassins.
De vigilance à alerte renforcée dans les autres départements
La gravité de la sécheresse varie sur les autres territoires franciliens. Les préfectures des départements de la région francilienne réactualisent et adaptent leurs arrêtés anti-sécheresse en fonction de l'évolution des conditions climatiques. Un niveau de restriction sur mesure, selon les zones concernées.
Dans les Yvelines, la zone centre du département est en alerte renforcée tandis que la zone sud-est est passée le 23 juin dernier de vigilance à alerte.
Dans l'Essonne, le préfet a placé le 16 juin en état d'alerte la zone de l'Orge et de ses affluents (à l'exception de l'Yvette), et en état de vigilance la zone de la Seine essonnienne et de ses petits affluents directs ainsi que la zone de l'Essonne, la Juine, l'École et leurs affluents.
Dans le Val-d'Oise, au 7 juin dernier, le bassin du Vexin était au niveau de vigilance. Le bassin-versant de Plaine-de-France et Parisis était en alerte.
Pour les départements de Paris et de la petite couronne, les préfectures appellent, depuis le 16 juin, à la vigilance, à adapter sa consommation d’eau et à économiser la ressource.
L’Office Français de la Biodiversité est chargé de contrôler le respect des mesures de restrictions. Les contrevenants pourraient s'exposer à une contravention de 5e classe dont l'amende maximale est de 1 500 euros.