Une association accueille des enfants malades et leurs frères et sœurs lors d'un séjour médicalisé près de Melun, en Seine-et-Marne. L'occasion pour eux de se rapprocher, loin du foyer familial, autour d'activités artistiques.
Des parties de "Uno" à la pelle, une tyrolienne, des déguisements et un terrain de jeux : à la Rochette en Seine-et-Marne, tous les ingrédients sont réunis pour une colonie réussie. Enthousiastes, rieurs et parfois même survoltés, ces jeunes âgés de 6 à 17 ans sont venus passer une semaine de vacances en fratrie, loin des inquiétudes quotidiennes. Car parmi eux, certains sont atteints de maladies comme le cancer, la mucoviscidose ou encore la drépanocytose. Des pathologies qui nécessitent une attention permanente et la présence d'une équipe médicale sur place.
Organisée par l'association l'Envol, cette colonie médicalisée et gratuite permet depuis trois ans à des frères et sœurs de se créer de nouveaux souvenirs et de resserrer les liens. L'association, qui organise de longue date des séjours pour les enfants malades, a été sollicitée par les parents afin d'élargir ces colonies à l'ensemble de la famille.
Une séparation bénéfique pour les parents comme pour les enfants, comme le raconte Diamond, 13 ans, en séjour avec sa sœur jumelle Amber : "Parfois à la maison on ne se calcule pas trop. La semaine, on ne se voit pas vraiment car nous n'avons pas les mêmes horaires. Et là le fait de passer du temps ensemble, ça nous rapproche."
Pour d'autres jeunes, ce séjour est justement l'occasion de prendre un peu ses distances et de privilégier les moments entre amis. "Avec Esteban (son petit frère), on est déjà collé à la maison, alors ici on passe du temps entre copains", s'amuse Lou, 15 ans. Bien qu'ils ne restent jamais loin les uns des autres très longtemps. "C'est vraiment très mignon à observer car le soir avant d'aller se coucher ils vont se dire bonne nuit et se faire un bisou", confie Chloé, une bénévole en charge de la coordination des animations.
L'inclusion par l'art
Afin de permettre à tous les enfants de faire les mêmes activités, sans distinction, l'association a décidé, en collaboration avec Culture pour l'enfance (ex-Fondation Culturespaces) de placer ce séjour sous le thème de l'art dans le cadre de leur programme "Art en immersion". Au travers d'ateliers créatifs, ils ont ainsi découvert l'univers artistique de Marc Chagall, ou plutôt de "Marshall", après déformation de certains chérubins.
"L'art a de nombreux bienfaits sur les enfants, et notamment sur leurs capacités cognitives, raconte Bianca Campolini, cheffe du projet "Art en immersion" pour Culture pour l'enfance. "Pendant deux jours, les enfants ont appris à découvrir la vie de Chagall et ses œuvres et notamment le plafond qu'il a peint à l'opéra Garnier pour ensuite s'en inspirer et travailler de concert à la réalisation d'une fresque collective, poursuit-elle. Cette pratique artistique leur fait du bien, certains prennent vraiment confiance en eux car c'est une autre manière de s'exprimer".
Pour les frères et sœurs, "une inquiétude permanente"
Mais ce ne sont pas les seuls bienfaits de cette colonie. "Le fait que les frères et sœurs partent ensemble est très bénéfique car cela permet de reconsidérer les liens dans la fratrie. Chacun a son moment à lui, mais aussi des moments où ils sont ensemble, et où ils peuvent échanger", raconte Florian, instituteur et encadrant bénévole au sein de l'Envol.
Même constat pour Boris, responsable du séjour : "À chaque fois nous voyons du positif. Nous mettons en place des temps de parole entre frères et sœurs, où les enfants vont se donner des qualités, vont se valoriser. On ne voit pas tout de suite les retombées positives de ces thérapies récréatives, mais quand on en retrouve certains quelques années plus tard, on constate à quel point ils sont bienveillants et tolérants."
Une soupape de décompression pour les parents, mais également pour les frères et sœurs, comme le remarque Blandine Rombauts, médecin-pédiatre bénévole pendant le séjour pour la deuxième année consécutive : "Pour les frères et sœurs aidants, c'est une inquiétude permanente qui repose sur leurs épaules. Ils ne peuvent pas avoir une enfance aussi sereine qu'ils devraient."
Dans la matinée, une fillette a d'ailleurs dû être hospitalisée. Des événements qui ne sont pas rares lors de ces séjours. "Quand je l'ai dit à son frère, il s'est effondré", témoigne la pédiatre, avant de poursuivre. "J'ai pu le rassurer, mais ils sont nombreux à montrer de l'inquiétude. Pour les frères et sœurs, être ici avec leurs copains, tout en sachant que l'équipe médicale est présente, c'est important."