Les services de l'État ont demandé des explications à la mairie de Bobigny après avoir été saisis par la CGT, inquiète de "dérives clientélistes" à propos d'un certain nombre d'embauches réalisées depuis les municipales, qui ont vu la ville basculer du PCF à l'UDI.
"Le préfet a bien été saisi" par le syndicat, et "une demande d'information a bien été formulée auprès du maire" dans le cadre du "contrôle de légalité", comme le prévoit la procédure, a indiqué mardi la préfecture de Seine-Saint-Denis.
La veille, la CGT, qui a alerté le préfet dès le mois de juillet, avait une nouvelle fois dénoncé une série de huit embauches d'agents en catégorie A, qui selon elle n'ont "ni le profil, ni l'expérience". Le syndicat affirme qu'il s'agit de rétributions pour services rendus pendant la campagne électorale, notamment en militant pour l'UDI dans les quartiers populaires du chef-lieu du 93, passé à droite après un siècle de communisme municipal. "Aujourd'hui à Bobigny vous n'êtes pas engagé si vous n'avez pas votre carte à l'UDI ou vous n'avez pas fait campagne pour l'équipe UDI. On remercie des gens pour leurs bons et loyaux services pendant la campagne. Ce sont des pratiques de clan", a dénoncé notamment Augusta Epanya, responsable locale de la CGT.
Selon un arrêté municipal consulté par l'AFP, depuis les municipales, la ville a notamment embauché pour un contrat d'un an, au titre "d'ingénieur en chef", à l'échelon 10, l'un des plus élevés, un homme titulaire d'une licence STAPS - la filière destinée aux profs de sport.
Une femme titulaire d'un brevet d'animateur a été propulsée directrice des politiques sociales et urbaines, également sur un contrat d'un an. Déjà mis en cause par l'hebdomadaire Marianne sur ses politiques d'embauche à la mairie, le maire, Stéphane de Paoli, avait assuré dans un communiqué que "les niveaux de rémunération des collaborateurs de (son) cabinet (étaient) parfaitement conformes aux lois en vigueur" et que globalement, les salaires n'étaient pas moins élevés sous l'ancienne municipalité communiste. Marianne, qui avait fait un lien entre la gestion de Bobigny et celle de la ville voisine de Drancy, tenue par le candidat à la présidence de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, fait depuis l'objet de procédures judiciaires pour diffamation.