Le prévenu, poursuivi pour "dénonciation de crime imaginaire", a été relaxé par la cour d'appel de Paris. Après avoir été suspendu par l'Education nationale, il « devrait pouvoir reprendre son travail », selon son avocate.
La cour d'appel de Paris a confirmé vendredi la relaxe d'un instituteur d'Aubervilliers poursuivi pour "dénonciation de crime imaginaire", après avoir affirmé qu'il avait été agressé au cutter par un jihadiste dans sa classe.
Le prévenu était rejugé car le parquet de Bobigny avait fait appel de la relaxe.
L'avocate générale avait requis une peine de quatre mois avec sursis, « une peine d'avertissement », estimant que la mobilisation sans raison des forces de police et de la justice dans ce dossier représentait « une atteinte à l'autorité de l'État ».
L'avocate du professeur des écoles, Noémie Saidi-Cottier, avait plaidé la relaxe, arguant qu'aucune « preuve formelle » ne permettait d'affirmer que son client avait affabulé et que « le doute » devait lui profiter.
Son client, qui avait été suspendu par l'Éducation nationale, « devrait pouvoir reprendre son travail », a-t-elle déclaré à l'issue du délibéré.
Vices de procédure
Comme en première instance, les juges ont annulé certains actes de la procédure, comme des procès-verbaux d'auditions recueillies par des policiers alors que l'instituteurse trouvait à l'hôpital sous morphine, sans avocat.
Il avait alors affirmé s'être auto-mutilé pour dénoncer l'insuffisance des mesures de sécurité à l'école. Puis il était revenu sur cette version, pour affirmer qu'il avait bien été victime d'une agression.
Un mois après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, les plus graves jamais commis en France, et les menaces du groupe État islamique à l'encontre des enseignants français, le récit de cette agression avait semé l'effroi.
Le récit initial de l'instituteur
L'instituteur de 45 ans, en poste depuis 22 ans dans cette école maternelle, avait assuré avoir été poignardé au flanc et à la gorge vers 7 h, alors qu'il préparait sa classe dans l'école Jean-Perrin.Selon lui, un agresseur, en tenue de peintre, ganté et cagoulé, chaussures de type rangers aux pieds, était arrivé sans arme et s'était saisi d'un cutter qui se trouvait dans la salle de classe. L'homme avait lancé: « C'est Daech, c'est un avertissement » avant de prendre la fuite, d'après le premier récit de l'enseignant.
La section antiterroriste du parquet de Paris s'était saisie de l'enquête. La ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, s'était notamment rendue sur place en dénonçant un « acte d'une grande gravité ».