Automobiliste tué à Sevran : le policier mis en examen pour violences volontaires

Le policier auteur du tir assure avoir agi "en état de légitime défense". Vendredi 1er avril, le parquet avait requis sa mise en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et son placement sous contrôle judiciaire.

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Le policier dont le tir a causé la mort d'un automobiliste lors d'un contrôle il y a une semaine à Sevran (Seine-Saint-Denis) a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, alors qu'une marche blanche était organisée ce samedi en mémoire de la victime.

Le fonctionnaire de 32 ans, affecté à la brigade anticriminalité (BAC) d'Aulnay-sous-Bois, a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, a annoncé le parquet de Bobigny. Les juges d'instruction chargés du dossier avaient demandé son incarcération mais le juge des libertés et de la détention l'a, ainsi que requis par le procureur, placé sous un contrôle judiciaire assorti notamment d'une interdiction d'exercer une activité de police, a précisé le parquet.

Lors de sa garde à vue, le policier a affirmé avoir été "déséquilibré" lors du contrôle du véhicule de la victime, a ajouté "s'être senti en état de légitime défense" et "avoir fait feu pour cette raison", avait détaillé vendredi le procureur de Bobigny Éric Mathais lors d'une conférence de presse.

Marche blanche

Une semaine après la mort de "JP", un chauffeur-livreur guyanais de 33 ans, plus de 300 personnes ont participé ce samedi à une marche blanche entre Aulnay-sous-Bois et Sevran, a constaté une journaliste de l'AFP. Sa compagne a appelé "au calme" et au "respect de sa mémoire", lors d'une brève prise de parole où les caméras des journalistes n'étaient pas les bienvenues.

Le couple élevait quatre enfants et avait pour projet de s'installer au Canada, selon un avocat de la famille, Me Steeve Ruben. La mort de Jean-Paul, originaire de la cité des Beaudottes à Sevran, a causé plusieurs nuits de violences dans sa ville et les communes limitrophes d'Aulnay et Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Elle est intervenue le 26 mars, peu après-midi, lorsqu'une équipe de policiers de la BAC a voulu contrôler la fourgonnette signalée volée conduite par la victime.

Vidéosurveillance

Un brigadier est descendu seul de la voiture de police banalisée qui était bloquée dans le trafic routier, selon les témoignages des trois autres fonctionnaires de police présents sur les lieux et les images de vidéosurveillance, a précisé le procureur de Bobigny.

A ce stade de l'enquête, la chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n'est pas encore parfaitement établie.

Eric Mathais, procureur de Bobigny

Le fonctionnaire a déclaré "s'être placé au niveau de la vitre conducteur, avoir levé son arme en criant 'police !' et disait avoir tenté à plusieurs reprises d'ouvrir la portière qui était verrouillée", a-t-il poursuivi. "Il voyait le conducteur enclencher une vitesse et accélérer fortement", a relaté M. Mathais. "A ce stade de l'enquête, la chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n'est pas encore parfaitement établie", a insisté le procureur.

"Aucune raison de tirer"

Grièvement blessé à l'omoplate par un tir du policier, le chauffeur est mort quelques heures après son admission à l'hôpital. L'autopsie a confirmé que le tir était à l'origine du décès. Sur place, un étui percuté de calibre 9 mm a été retrouvé. La balle a traversé la carrosserie et le dossier du siège de la victime.

On se demande, si la victime avait été blanche, est-ce que le policier aurait tiré ?

Me Arié Alimi

Pour Me Arié Alimi, un des avocats de la famille, "le policier n'a aucune raison de tirer, il n'y pas de mise en danger et ne porte pas de brassard police". "On se demande, si la victime avait été blanche, est-ce que le policier aurait tiré ?", s'interroge l'avocat.

Selon les récits d'habitants, la victime était un chauffeur livreur indépendant qui travaillait avec un prestataire de livraison de colis et avec qui il avait un litige. Les avocats de la famille ont affirmé que la fourgonnette "n'était pas volée" et qu'"il y avait un différend avec la personne pour qui il travaillait qui refusait de le payer et qu'il a gardé la fourgonnette en attendant d'être payé".

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