Une décision de justice vient sérieusement menacer les travaux du CDG Express

Le tribunal administratif de Montreuil a annulé la dérogation qui permettait au consortium de faire des travaux dans des zones protégées. Cette décision pourrait être portée en appel par les partisans de la ligne qui doit relier l'aéroport de Roissy à la gare de l'Est en 20 minutes.

La question, déjà posée de multiples fois, réapparaît ce lundi après une décision de la justice administrative : le CDG Express verra-t-il le jour ? Le tribunal administratif de Montreuil a "annulé partiellement" un arrêté conjoint des préfets des départements de Paris, de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et du Val d’Oise.

Ce texte daté du 11 février 2019 permettait au consortium chargé des travaux de déroger à l’interdiction de porter atteinte aux espèces protégées. Car le tracé prévu pour cette ligne de 32 km qui doit relier la Gare de l'Est à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle traverse des zones protégées classées Natura 2000.

 15 parcs classés en Seine-Saint-Denis

Or, le tribunal précise que "pour la réalisation des travaux et l’exploitation de la ligne, une autorisation environnementale est nécessaire" et "qu’une dérogation ne peut être accordée à l’interdiction prévue par la loi de porter atteinte à des espèces protégées que s’il répond 'par sa nature et compte tenu des intérêts économiques et sociaux en jeu (….) à une raison impérative d’intérêt public majeur'. Or, il a estimé qu’à la date de son jugement, et au vu des éléments du dossier, cette qualification ne pouvait être donnée au projet."

Le CDG Express doit traverser "le site de Seine-Saint-Denis", 1 157 hectares de verdures réparties dans 15 parcs et forêts situés dans des espaces fortement urbanisés. C'est "un cas unique en Europe" précise le site du département qui explique que le site a été classé Natura 2000 depuis 2006 pour protéger douze espèces d'oiseaux rares.
 

Baisse du trafic aérien et délais pour les JO

Par ailleurs, le tribunal administratif explique avoir tenu compte de deux autres données pour annuler l'autorisation environnementale accordée par les préfets.

"Il a en effet noté que les circonstances de fait avaient changé, depuis la déclaration d’utilité publique de 2017, en raison, dans le contexte de la crise sanitaire, de la forte baisse du trafic aérien, dont le caractère purement transitoire ne peut être prédit, et de la renonciation à la mise en service de cette ligne directe pour les Jeux Olympiques 2024."

Sans dérogation, "ils sont obligés d'arrêter les travaux dans toutes les zones où il y a des espèces protégées", a estimé Me Corinne Lepage à l'AFP. Elle juge ainsi le projet "en grande difficulté" malgré la possibilité pour ses partisans de faire appel de la décision.  

"Train pour riches"

Cette dernière représentait la commune de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) qui demandait l'arrêt total des travaux. Elle dénonce "un train pour riches [le prix annoncé du billet est de 24 euros, ndlr] qui viendra, entre autres, pénaliser les 1 million d’usagers quotidien du RER B".

Un argument retenu par le tribunal qui a "considéré que les études jointes au dossier ne permettaient pas de tenir pour suffisamment probables plusieurs des avantages attendus du CDG Express, à savoir l’amélioration du confort des voyageurs du quotidien du RER B, la diminution sensible du trafic routier, le renforcement de l’attractivité de la capitale et de sa région ainsi que la création d’une liaison fiable et ponctuelle entre le centre de Paris et l’aéroport".

La filiale gestionnaire d'infrastructure chargée du CDG Express a indiqué à l'AFP que "les chantiers non concernés par cette dérogation se poursuivent", précisant travailler à "identifier les adaptations nécessaires pour les autres chantiers".
 

"Les riverains ont les nuisances mais n'en bénéficient pas"

"Je ne comprends pas un tel acharnement du gouvernement", indique Didier Le Reste, président de l'association Non au CDG Express et ancien conseiller (PCF) de Paris et secrétaire général de la CGT cheminots.

Selon lui, "aujourd'hui, ce n'est que de l'argent public qui est mobilisé pour un projet estimé à 2,5 milliards d'euros, déjà en hausse par rapport au premier chiffrage".

Une somme, pense-t-il, qui devrait être allouée à l'amélioration des transports quotidiens : "Ce train est un élément nouveau de perturbation dans un environnement qui est déjà fragile, or, on n'en a pas besoin aujourd'hui. Il doit transporter entre 17 000 et 20 000 personnes par jour, alors que le RER B, c'est 983 000 passagers par jour en moyenne !"

Il dénonce aussi les nuisances pour les riverains aux abords des chantiers. Une association de défense a d'ailleurs vu le jour. Elle organise des blocages sur différents points de chantiers.

La mise en service de la ligne, si elle devait avoir lieu, avait déjà été reportée à fin 2025. Avec cette décision, elle pourrait être de nouveau repoussée.
 
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