Fin de la trêve hivernale : "Ce que je souhaite, c’est zéro expulsion"

Dans un communiqué publié mardi, le maire de Stains dénonce la fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions locatives au 1er juin. La ville renouvelle cette année son arrêté "anti-mise à la rue".

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"Ce n’est pas que je ne voulais pas payer mais j’étais dans une grande difficulté financière, mon mari avait perdu son emploi". Madame Fofana se souvient de la situation dans laquelle sa famille se trouvait en juillet 2018. Locataire dans un logement social, elle vivait avec son conjoint et ses trois enfants depuis quelques années à Stains lorsque les retards de loyers se sont accumulés et qu'ils se sont retrouvés dans l’impossibilité d'en payer la totalité.

Aujourd’hui grâce notamment aux services de la mairie, sa situation financière s’est éclaircie. Son mari a retrouvé du travail et les dettes ont été échelonnées puis apurées. Trois ans après madame Fofana se souvient de cette période avec anxiété. "C’était très dur, j’étais très inquiète, surtout pour mes enfants. Si vous voulez leur donner une bonne éducation, il faut qu’ils puissent aller à l’école normalement".

La ville de Stains prend un arrêté "anti-mise à la rue"

Pour lutter contre les expulsions, Azzédine Taïbi, maire PCF de la ville de Stains, une commune de Seine-Saint-Denis, renouvelle cette année son arrêté "anti-mise à la rue". "On ne s'oppose pas à une décision de justice mais on interpelle l'Etat sur le fond". Pour la rédaction de ces arrêtés, "nous nous sommes appuyés sur les textes des droits de l’Homme et sur la question du droit du logement". "L’État et son représentant, le préfet, sont dans l’obligation de trouver une solution de relogement. C’est un droit fondamental. On ne peut pas laisser les gens sans logement".

Prolongée jusqu'au 20 juillet l'an dernier, la trêve hivernale des expulsions locatives a pris fin cette année le 1er juin - au lieu du 1er avril - mais ce délai n'est pas suffisant pour l'élu de Seine-Saint-Denis. "Alors que la crise sanitaire n'a fait qu'exacerber les inégalités territoriales, sociales et économiques, et que la Seine-Saint-Denis et ses habitants subissent de plein fouet la crise du logement, le gouvernement nie la situation dramatique dans laquelle se trouvent des milliers de locataires sous le coup d'une expulsion imminente", explique Azzédine Taïbi.

Avec l'annonce de la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives, l'inquiétude grandit chez certains locataires démunis face aux démarches à accomplir, explique le maire. "Pendant la crise sanitaire, les familles des quartiers populaires ont été fortement impactés, je ne peux pas tolérer que des enfants et leurs parents se retrouvent à la rue, la loi est injuste". Mettre fin à la trêve hivernale en cette période de pandémie est une décision irresponsable et inhumaine du gouvernement, estime-t-il.

Système de veille et de prévention

"A Stains, on a mis un dispositif de veille en place. On fait un travail de fond pour identifier les familles qui sont en difficulté, celles qui risquent d’être endettées ou qui ont déjà un petit endettement. Dans ce dispositif de veille, on organise aussi des commissions de suivi, on accompagne les familles pour négocier avec les bailleurs. La commission permet d'établir un échelonnement de la dette et que les APL ne soient pas coupées, sinon c’est la double peine".

"Aucune famille ne doit se retrouver sans solution de relogement. C'est une question de dignité"

Azzedine Taïbi

"A Stains, il y a, à peu près 300 à 400 dossiers avec risque d’expulsion et 80 % des dossiers concernent des familles monoparentales", poursuit le maire. "Même s'il est moins élevé depuis qu’on a enclenché le système de prévention, ce chiffre est important en raison de la crise sanitaire que subit le pays actuellement. La majorité des dossiers concernent des locataires de logements sociaux mais on accompagne aussi les petits propriétaires qui font face à des impayés de la part de leurs locataires", explique-t-il.

Cet arrêté "anti-mise à la rue", déjà pris dans les années précédentes, a permis d'éviter "depuis le mandat précédent, plus de 600 expulsions" dans la ville de Stains, assure le maire.

"Aujourd’hui la situation est très préoccupante. D’après les chiffres de la fondation Abbé Pierre 30.000 personnes en France pourraient être touchées par les expulsions. Ce n’est pas possible d’accepter cette situation. Aucune famille ne doit se retrouver sans solution de relogement. C'est une question de dignité", conclut-il.

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