Des tensions avaient déjà eu lieu la nuit précédente. Un homme avait été mortellement touché par le tir d'un policier qui tentait de l'interpeller samedi lors d'un contrôle.
Des violences urbaines ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi à Sevran (Seine-Saint-Denis) et un bus a été brûlé à Aulnay-sous-Bois. Ce nouvel épisode de tensions survient après la mort samedi d'un homme au volant d'une camionnette volée, tué par le tir d'un policier. "Huit véhicules dont un poids-lourd" ont été délibérément incendiés et le feu s'est propagé à quatre autres véhicules, dans le quartier des Beaudottes à Sevran, a détaillé une source policière. Cinq interpellations ont eu lieu, a-t-elle précisé.
Des barricades enflammées ont été montées à Rougemont, autre quartier de cette ville populaire au nord de Paris, a ajouté la source. Peu avant minuit dans la ville limitrophe d'Aulnay-sous-Bois, le conducteur d'un bus de transport public a dû s'arrêter devant une barricade dressée au milieu de la route et a demandé aux passagers de descendre, a indiqué une autre source policière. Une "trentaine d'individus cagoulés et armés de barres de fer" lui ont alors intimé l'ordre de descendre du bus, qu'ils ont volé puis incendié dans la cité des 3 000, a-t-elle poursuivi.
"On a un incendie de bus. On a plusieurs fonctionnaires de police qui ont été victimes de jets de cocktails molotov et de mortiers", affirme Walid Hrar, membre du syndicat Alliance police 93. Une brigade d’intervention spécialisée a été appelée en renfort hier soir : la CRS 8. "C’est une compagnie républicaine de sécurité qui intervient de manière assez rapide, et qui est là pour porter assistance aux effectifs locaux", indique Walid Hrar.
La nuit précédente avait également été marquée par une dizaine d'interpellations pour incendie et jets de projectiles sur les forces de l'ordre déployées en renfort pour sécuriser les lieux. Face à cette situation, une réunion devait se tenir lundi entre les maires de Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, ainsi que la préfecture de Seine-Saint-Denis.
IGPN saisie
Les échauffourées ont démarré après la mort samedi d'un homme de 33 ans, quelques heures après avoir été touché par le tir d'un policier lors d'une intervention entre les villes voisines d'Aulnay-sous-Bois et Sevran. Vers 12h30, un équipage de la brigade anticriminalité d'Aulnay-sous-Bois a repéré une fourgonnette signalée volée et a tenté de procéder au contrôle du chauffeur, arrêté à un feu rouge sur une avenue de cette ville.
"Un policier s'est porté à la hauteur de la vitre du conducteur et, dans des circonstances qui restent à déterminer précisément, a fait usage de son arme – un seul coup de feu – au moment où la camionnette redémarrait brusquement", selon Eric Mathais, le procureur de la République de Bobigny, dans un communiqué publié dimanche. L'automobiliste a fini sa course "plusieurs centaines de mètres plus loin" en percutant des voitures en stationnement, dans une allée des Beaudottes à Sevran, d'après le parquet.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de l'enquête. Le policier, "en état de choc, a dû être hospitalisé et les médecins n'ont pas encore autorisé son audition", selon Eric Mathais.