En sous-effectif, les infirmières de l’équipe de réanimation néonatale du Centre Hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) sont en grève depuis près de deux semaines pour dénoncer leur surcharge de travail.
"C’est un cri d’alarme, et c’est notre dernier espoir." Clara*, une infirmière du service de réanimation néonatale de l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, est en grève depuis le jeudi 29 décembre 2022. "L’équipe paramédicale est 100% gréviste. Les médecins se sont désolidarisés, on aurait aimé leur soutien", explique-t-elle.
"Nous sommes 39 infirmières au total, alors que l’effectif devrait être de 56. Les huit auxiliaires de puériculture sont également en grève. On aime beaucoup trop notre travail, on apporte les soins aux bébés prématurés et aux bébés dits proches du terme de la grossesse quand il y a un problème au moment de la naissance, une détresse respiratoire par exemple. On les accueille jusqu’à 28 jours", raconte Clara.
"Mais nous sommes en sous-effectif, avec une surcharge de travail permanente, poursuit-elle. On a trop de bébés à notre charge, avec en plus nos fonctions annexes qui n’ont pas changé. On n’a pas le temps de tout faire en même temps. On a l’impression de travailler à la chaîne, d’un bébé à l’autre. Il faut tout faire dans l’urgence. Les imprévus, les naissances inopinées, c’est notre travail… Mais là, c’est bâclé."
"On a peur de commettre des erreurs"
"Ce sont des enfants déjà fragiles, il faut leur apporter des soins de qualité. On a peur de commettre des erreurs. Ce n’est plus possible de continuer à travailler sous tension. Les collègues pleurent chaque jour, chaque nuit. Et nos conditions de travail empiètent également sur nos vies personnelles. Le risque, c’est qu’un jour il n’y ait plus d’infirmières dans ce service", alerte Clara.
Les personnels en grève demandent ainsi "un respect strict et réel du ratio" entre patients d’un côté, et infirmières et auxiliaires de puériculture de l’autre. "On demande l’embauche de nouvelles infirmières et d’auxiliaires de puériculture, une réorganisation du service, ainsi qu'une reconnaissance de notre travail avec une revalorisation de nos salaires et une majoration des heures supplémentaires", explique Clara.
"On fait énormément d’heures supplémentaires pour pallier le manque d’effectif depuis deux ans, indique l’infirmière. En 2020, il manquait déjà 13 personnes. En 2021, c'était l'hécatombe. Et en 2022, c’était encore pire."
"On continue de travailler à 100% sinon ça pénaliserait les enfants"
En raison du service minimum à l’hôpital, les grévistes continuent à travailler dans les mêmes conditions malgré le mouvement. "On est à bout. La fatigue, le stress… Rien n’a changé. On continue de travailler à 100% sinon ça pénaliserait les enfants. C’est très difficile de se faire entendre", souligne Clara.
Une première grève avait déjà eu lieu en novembre 2021. "Malheureusement, on n’a pas eu gain de cause. Des infirmières sont arrivées mais elles ne sont pas toutes restées. Et pour les auxiliaires de puériculture, il n’y a pas eu d’ouverture de poste de façon pérenne", déplore l’infirmière.
Clara indique toutefois qu’un dialogue est en cours avec la direction : "Il y a eu une première rencontre suite à notre préavis de grève. La direction n’a pas accepté nos revendications et a fait d’autres propositions, qui ne nous satisfont pas pour l’instant. Une nouvelle réunion est prévue la semaine prochaine, avec les médecins et les cadres de service."
Contacté, le Centre Hospitalier de Saint-Denis n’a pas répondu à ce stade.
*Le prénom a été modifié.